L’iode est un composant mineur de notre atmosphère mais il est l’agent le plus efficace pour détruire en partie l’ozone présent dans les basses couches de l’atmosphère. Par là même, il compense partiellement la pollution à l’ozone causée par les émissions croissantes d’oxydes d’azote et d’hydrocarbures par les moteurs. L’élimination de l’iode de l’atmosphère par dépôt sur la biosphère continentale représente par ailleurs l’unique voie d’apport en iode pour les sols et la végétation d’une région donnée.

Évolution des teneurs en iode et en nitrate dans les couches de glace estivales déposées au Mt Blanc entre 1890 et 2000.
L’étude réalisée sur la glace du Mt Blanc et couvrant les années 1890-2000 a permis de mieux de comprendre le cycle de l’iode dans l’atmosphère et quantifier son évolution.
Les chercheurs ont ainsi pu montrer que la teneur en iode de la glace déposée au Mt Blanc depuis 1890 augmente fortement après 1950, en particulier en été avec une augmentation d’un facteur 3 entre 1950 et 2000. Ces résultats ont été confrontés aux simulations numériques. Il en est ressorti que l’augmentation des dépôts d’iode est confirmée et attribuée à l’ozone, l’augmentation réelle étant encore un peu plus marquée que celle prévue par les simulations. Ceci pourrait être en partie due à une sous-estimation des augmentations d’ozone simulées par la plupart des modèles atmosphérique actuels.
Cette augmentation de l’iode dans les Alpes est plutôt une bonne nouvelle pour les pays limitrophes des Alpes pour lesquels dans son dernier rapport le WHO (organisation mondiale de la santé) concluait que le déficit en iode demeurait encore un problème de santé publique dans 11 pays européens dont la France, l’Italie et l’Espagne. Rappelons ici que la forme la plus sévère du déficit en iode concerne les vallées alpines (retards mentaux irréversibles traduits dans le langage populaire par l’expression « crétins des Alpes ») du fait de sols proches des zones englacées datant des grandes glaciations. Le déficit en iode concerne aussi d’autres pays du bassin Méditerranéen comme la Turquie.

Simulations des émissions actuelles d’iode par l’océan mondial (gauche) et leurs changements entre la période présente (PD) et préindustrielle (PI) (droite). Noter à proximité des Alpes, la Méditerranée où l’augmentation des émissions d’iode est supposée être particulièrement importante.
Source: CNRS-INSU