3ème siècle avant Jesus-Christ
Archimède et son théorème fondamental de la statique des fluides. Son théorème est tellement simple de formulation qu'il est inclus dans le premier cours de Physique, enseigné en classe de seconde, avec les unités de mesures.
Le théorème s'intitule ainsi: "Tout corps immergé dans un fluide subit une force verticale ascendante et de norme égale au poids du volume de fluide déplacé". On nomme cette force "portance hydro ou aérostatique".
La formule s'écrit:
F = ρ.g.V avec:
F : valeur de la portance (dirigée vers le haut) [N].
Point d'application : centre de gravité G de l'air déplacé
ρ : masse volumique de l'air déplacé par le ballon [kg/m3]
V : volume d'air déplacé par le ballon (en vert) [m3]
g : accélération due à la gravité (dirigée vers le bas) [m/s2]
17ème siècle
Pascal
Première réflexion correcte sur la pression, unité de mesure de celle-ci.
Barométrie (Florin Périer)
Même remarque générale que ci-dessus.
1673
C. Huygens propose un moteur à poudre. On commence à avoir l'intuition que les moteurs "à feu" permettent d'embarquer une source d'énergie remarquable par sa densité (J/kg), paramètre essentiel pour des véhicules autonomes.
1783-1785
Années charnières pour le vol humain. Presque simultanément, les deux techniques principales (air chaud et gaz) sont expérimentées, ainsi que l'essentiel des points de détail.
Montgolfier
Premier ballon à air chaud.
Charles
Premier ballon à gaz (hydrogène). Invention des éléments suivants : soupape, nacelle, lest, enduit d'imperméabilisation, usage du baromètre pour la mesure de l'altitude.
Note : l'usage mixte du gaz hydrogène (!) et de l’air chaud a sans doute été la cause du premier accident d'aéronef.
Meusnier
Il pose deux problèmes fondamentaux des ballons:
19ème siècle
À partir des bases posées précédemment, il y a foisonnement des idées concernant les structures, les motorisations, dans le domaine théorique comme dans le domaine pratique. Les premières et les records s'accumulent.
1824, Carnot
"Réflexions sur la puissance motrice du feu et sur les machines propres à la développer". Base théorique incontournable des moteurs thermiques.
1852, Giffard
Premier vol propulsé (27 km), dirigeable à hydrogène de 2500 m3, moteur à vapeur de 3 CV, vitesse de croisière 9 km/h.
1860, Lenoir
En 1860 apparaît le moteur Lenoir, moteur à combustion interne (hélas sans compression préalable, qui aurait permis un meilleur rendement).
1863, Jules Verne
En 1863 paraît « 5 semaines en ballon » et plus tard, « Robur le conquérant » de Jules Verne. Cet auteur a parfaitement compris l'intérêt dominant des ballons (pour ne pas dire l'unique intérêt), i.e. son aspect fantasmatique. Jules Verne fait partie intégrante de l'histoire moderne des sciences et des techniques, ballons inclus.
1870, Gambetta
En 1870, l'épisode des Prussiens à Paris et la fuite de Gambetta en ballon ont rajouté une couche d'exploit lié aux ballons.
1883, Tissandier
En 1883, Tissandier fait voler un dirigeable à moteur électrique.
1884, Renard & Krebs
En 1884, Renard & Krebs réalisent le premier vol en circuit fermé avec le dirigeable "la France" à moteur électrique. Il a fallu un siècle pour pouvoir remonter le vent. On devine que l'énormité de la traînée des ballons doit y être pour quelque chose !
Théorie sur les moteurs
En 1860 et 1880, Beau de Rochas (F) et Otto (T) établissent les bonnes bases des moteurs à combustion interne avec compression préalable. Ci-dessous, copie du mémoire de Beau de Rochas.
En 1897, Rudolf Diesel (F/T) rédige son ouvrage : "Théorie et projet d'un moteur thermique rationnel". Ce titre est révélateur d'une méthode de travail rare (même de nos jours), l'étude d'un objet avant sa réalisation.
1900 : premier vol du premier Zeppelin
Premier vol d'un dirigeable rigide : Zeppelin LZ1. Avec l'apparition des dirigeables rigides zeppelins, plusieurs problèmes sont correctement posés puis résolus :
- la tenue mécanique de l'enveloppe, dissociée de la tenue du gaz (voir plus haut);
- l'adaptation d'une propulsion convenable pour des engins aériens : on ne bricole plus avec ce qu'on a sur l'étagère, mais on conçoit des propulseurs pour la mission.
On rappelle que Zeppelin avait pour prénom Ferdinand et non Led, de même que le prénom d'Einstein était Albert et non Frank.
Ludwig Dürr : l'ingénieur - Karl Maybach : le motoriste
1900-1914 : Bouillonnement des idées
De nombreux expérimentateurs cassent du bois... Heureusement, la photographie existait aussi !
Le "Santos Dumont n°2" et le "Roma"
Le LZ5 contre un pommier, en 1909
Note : le pommier en question est le plus rentable de l'Histoire, il a donné lieu à la fabrication de souvenirs en quantité dépassant largement le volume de bois initial. Un vrai miracle. De plus, l'aéronef a décollé après une réparation en apparence sommaire.
1901 Santos Dumont
Le 19 octobre 1901, un léger vent d’ouest (10 noeuds) souffle sur Paris. A 14h30, Alberto Santos-Dumont à bord de son dirigeable N°6 ordonne le "Lâchez tout ". Le dirigeable s'élève en direction de la Tour Eiffel, neuf minutes après son départ il passe et contourne la Tour, mais le moteur a des ratés et ralentit, Alberto sans harnais de sécurité quitte sa nacelle, progresse sur la quille et atteint le moteur. Le moteur redémarre, plus une minute à perdre, cap sur Saint-Cloud, 29 minutes et 30 secondes plus tard il passe la ligne d'arrivée, 1 minute plus tard il se pose et remporte la coupe Deutsch de la Meurthe.
Santos Dumont fut prolifique et ne se laissa pas décourager par ses échecs.
1914-1918 : évolution darwinienne des zeppelins
Evolution des zeppelins au cours de la première guerre mondiale
Pendant la première guerre mondiale, l'amélioration des zeppelins porte simultanément sur la motorisation, l'aérodynamique et la masse. Le meilleur dirigeable ayant existé, en terme d'opérabilité, est le LZ114 (rebaptisé "Dixmude"), dont on remarque l'exceptionnelle capacité d'emport, de plafond, de vitesse.
Le poste d'observateur en nacelle était très apprécié des équipages
car c'était le seul enfroit où l'on pouvait fumer une cigarette
L.-72 ; LZ114 "DIXMUDE"
- Dimensions : longueur, 226,50 m ; largeur, 24 m ; hauteur, 28 m.
- Propulsion : 6 moteurs Maybach de 260 ch chacun.
- Ballonnets : 16, formant un volume total de 68 500 m3 d'hydrogène.
- Enveloppe : en toile de coton vernie, tendue sur une carcasse en poutrelles de duralumin.
- Nacelles : a l'avant, nacelle de pilotage avec un moteur accouplé à une hélice à sa partie arrière. Le long de la carène sont disposés dans des nacelles latérales deux moteurs à bâbord et deux à tribord. A l'arrière et dans l'axe, une nacelle portant le sixième moteur.
- Communications : radiotélégraphie de portée de 500 milles.
- Navigation : sextant gyroscopique Fleuriais ; navigraphe Le Prieur ; compas liquide.
- Equipage : état-major, 5 ; arrimeurs, 10 ; mécaniciens et radios, 24 ; soit 39 au total.
- Passagers : 6 places disponibles.
- Performances : masse à vide de 30 t ; masse maximale de 80 t ; masse normale de 56 t permettant d'emporter 10 t d'eau et 16 t d'essence ; rayon d'action avec 24 t d'essence et les 6 moteurs à 1 000 tr/min de 10 000 km à 77 km/h ; autonomie de 144 h à vitesse de croisière sur 4 moteurs et 36 t d'essence ; altitude maximale de 6 000 m ; taux de montée moyen de 7 m/s.
- Mise en oeuvre au sol : 250 hommes (moins dans des circonstances météo favorables).
- Ravitaillement : en 48 h au hangar.
En vol, les occupants se trouvent dans les nacelles ou dans les postes de repos aménagés à l'intérieur du ballon de part et d'autre de la coursive centrale, elle-même reposant sur la quille axiale qui court de l'avant à l'arrière. L'accès aux nacelles se fait par une échelle, en plein air, ce qui n'est pas sans danger.
Importance de la motorisation (parenthèse)
Bien qu'un ballon n'ait pas besoin d'une puissance minimale pour le vol (elle est nulle), plusieurs éléments militent pour l'amélioration des moteurs :
- un moteur léger et consommant peu, c'est autant de charge marchande en plus ;
- un dirigeable à but fixé doit pouvoir remonter le vent. Il faut donc diminuer les traînées pour une puissance donnée, donc limiter la masse du groupe motopropulseur et de son carburant ; ou inversement, il faut pouvoir augmenter la puissance pour augmenter la vitesse, sans augmenter la masse qui se retrouverait hélas immédiatement en volume de ballon, donc en surface mouillée, donc en traînée ;
Une particularité des ballons est la faible vitesse de croisière obtenue, au regard de la puissance installée (toujours liée à l'énormité des surfaces mouillées). L'obtention d'un rendement de propulsion acceptable est donc difficile à obtenir :
ηp : rendement maximum théorique de propulsion
Ve : vitesse d’éjection des gaz derrière l’hélice [m/s]
V : vitesse du véhicule [m/s]
Noter l'exceptionnel diamètre de l'hélice (de l'ordre de 6 m), par comparaison avec la taille du personnage qui est certainement debout de part et d'autre de l'arbre moteur (LZ 6).
Exercice : Evaluer le régime de rotation de cette hélice en supputant la vitesse d’obturation que l’on suppose être de l’ordre du trentième de seconde (1/30eme)...
Le LZ 127 "Graf": même remarque que précédemment sur le diamètre de l’hélice. Noter également l’écope d’admission d’air du moteur sur la partie supérieure de la nacelle bien dégagée de la couche limite de cette nacelle et qui profite de la pression dynamique.
Noter à quel point les nacelles motrices sont éloignées du ballon afin de ne pas travailler dans l’épaisse couche limite de celui-ci et donc de profiter de la plus grande pression dynamique possible. Cet éloignement permet aussi de bien séparer une source de feu de la paroi du ballon et de l’hydrogène.
On aperçoit aussi un mécano sur l’échelle permettant d‘accéder en vol à la nacelle motrice. Pas de rambardes = sélection naturelle des bons mécanos acrobates !
Age d'or (1918-1940) et période moderne
Comparaison de quelques véhicules pour un trajet donné (l'Atlantique nord, par exemple) :
- Un Boeing 747 est capable de transporter 600 passagers bien tassés à 1000 km/h en dépensant 90 t de pétrole.
- Le LZ 129 était capable de transporter une cinquantaine de passagers dans le luxe (et 70 hommes d'équipage dans un luxe moindre) à une vitesse pouvant atteindre 100 km/h en dépensant 70 t de pétrole. Sa productivité spécifique n'était donc que d'un pour cent de celle du Boeing 747.
On comprend pourquoi ces ballons ont disparu et que les oiseaux sont tous de type "aérodyne" !