La rumeur est un phénomène de transmission large, par tout moyen de communication formel ou informel, d'une histoire à prétention de vérité et de révélation. Le terme recouvre donc des réalités très diverses :
Les rumeurs peuvent faire partie de techniques d'influence dans le cadre de stratégies de diversion.
Le concept a pour origine les recherches de psychologie judiciaire entreprises à partir de 1902 par l'Allemand Louis William Stern, qui, le premier, a exposé le " protocole expérimental " de la rumeur. Celui-ci est devenu depuis lors l'un des exemples les plus classiques de la psychologie sociale (et des colonies de vacances, grâce à son côté ludique) : il s'agit de créer une " chaîne de sujets ", qui se passent une histoire de bouche à oreille, sans droit à la répétition ou à l'explication ; à la fin, on compare l'histoire racontée par le premier sujet et celle racontée par le dernier ; naturellement, l'histoire est au mieux tronquée, au pire déformée.
Stern ne poursuivra pas ses recherches plus avant, mais il verra passer dans son laboratoire un jeune étudiant américain, Gordon Allport, qui reprendra les recherches à partir de 1945 et en fera un immense succès de librairie. Le concept parviendra enfin en France à la fin des années 1950, par le truchement d'un cours en Sorbonne donné par Guy Durandin.
Cette rumeur est ainsi qualifiée en raison de l'ouvrage publié en 1969 par cinq sociologues dirigés par Edgar Morin. Elle laissait entendre que les cabines d'essayage de plusieurs magasins de vêtements féminins de cette ville étaient en fait des pièges pour les clientes, qui y auraient été enlevées pour être livrées à un réseau de prostitution — Cf. l'article Traite des Blanches.
Cette rumeur est un cas d'école, par sa durée, son extension, ses dégâts, et par sa fin : si aucun démenti, même officiel — signalant, par exemple, qu'aucune disparition suspecte n'a été répertoriée dans les environs par les services de police —, n'a jamais réussi à y mettre fin, elle cessa d'intéresser les médias lorsque qu'elle prit la forme d'un canular — les clientes disparues étaient prises en charge par un sous-marin remontant la Loire... Depuis lors, elle continue néanmoins à se raconter sous diverses formes.
La présence d'araignées dans des yuccas est évoquée pour la première fois en Scandinavie et en Grande-Bretagne au début des années 1970. En France, l'histoire fait surface dans un journal lyonnais en 1986. Chaque fois, le récit est presque identique : l'arrosage du yucca provoque un bruissement des feuilles sans cesse plus fort, jusqu'au moment où des araignées émergent de la plante, les pompiers sont alors appelés pour détruire ces animaux.
Cette rumeur est bien sûr infondée : les araignées ne pondent pas dans les arbres ou la végétation ; de toute façon, les araignées qui sortent de ces œufs sont tellement petites qu'elles n'attireraient en rien l'attention de quiconque. Au plus fort de la rumeur, en 1986, l'importation des yuccas a baissé de près de deux tiers (Reumaux, 1996).
La presse nationale avait fini par s'intéresser à cette rumeur et à s'en faire l'écho, non pour la colporter, mais, au contraire, pour la démystifier et l'analyser. Un sociologue avait très justement noté le caractère récurrent de certaines rumeurs stéréotypées, réapparaissant toutes les trois ou quatre décennies, sous une nouvelle forme : ainsi la rumeur de la " mygale dans le yucca " n'était qu'un nouvel avatar d'une ancienne rumeur selon laquelle on avait trouvé un serpent dissimulé dans un régime de bananes. On notera la similitude : vieille peur irrationnelle des végétaux exotiques importés.
Au milieu des années 1970 a circulé sous forme de photocopies une liste soi-disant publiée par l'hôpital de Villejuif et signalant comme cancérigènes un certain nombre d'additifs alimentaires, dont l'inoffensif E330 ( acide citrique ) et même l'E300 ( la vitamine C, qui est au contraire considérée comme ayant des effets anticancérigènes en raison de son pouvoir antioxydant ). Bien que l'hôpital de Villejuif ( l'Institut Gustave-Roussy, de son vrai nom ) ait démenti à plusieurs reprises être à l'origine de ce document, cette légende urbaine se remet parfois à circuler épisodiquement, y compris de nos jours par propagation électronique.
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