Canne (marche) - Définition

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Introduction

La canne est le nom générique d'un accessoire allongé en forme de bâton, touchant le sol et tenu à la main, principalement destiné à aider la marche, bien qu'il puisse remplir d'autres fonctions (mode, outil, arme, sport, etc.). La canne tire son appellation du végétal du même nom « canne » (nom vernaculaire du roseau), par analogie de nature et de forme avec le matériau employé initialement pour sa fabrication. L'apparition de cette signification de canne comme « bâton de promenade » date du XIIe siècle (Larousse). À partir de là, la canne connaît d'innombrables déclinaisons de forme, d'usage, voire de dénomination.

L'histoire de la canne

La canne féminine au XVIIIe siècle.

La nuit des temps

Si les premières cannes furent d'abord vraisemblablement de vulgaires bâtons ramassés et utilisés comme tels de façon multi-utilitaire, puis progressivement ouvragés et façonnés, il est difficile de dater l’apparition de la canne qui, en outre, n'adoptera cette appellation générique commune que très tardivement. Toutefois, on reconnaît volontiers à l’Égyptien Toutânkhamon la qualité de premier collectionneur de cannes (on en a retrouvé plus d'une centaine de tous types dans son tombeau), mais la canne est également évoquée dans l'Antiquité grecque (par exemple Œdipe face au Sphinx) et dans la Bible (notamment l'épopée de Moïse ou l'histoire de Jacob), également présente chez les Assyriens et à Rome où tous les nobles ont une canne. Même le légionnaire romain joint à son uniforme une canne-bâton (canne centurion). À l'exception de ce dernier exemple, la canne fait alors souvent office de signe distinctif, hiérarchique ou nobiliaire même s'il est probable que la canne poursuit une destinée plus rustique et plus utilitaire dans les couches plus rurales de la société.

La période moderne

Plus près de nous, au Moyen Âge, la canne se fait plus discrète au profit de l'épée chez les féodaux. On note cependant les spécificités des cannes de pèlerinage appelées bourdon. Ce sont des cannes hautes, gainées ou cloutées, parfois sculptées, avec une poignée disposant d'une butée inférieure (pour bloquer la main ou lier une gourde). La Renaissance remet timidement la canne en vogue. François Ier possède une canne, la régente Catherine de Médicis aussi. Elle reste donc l'apanage des monarques et de la noblesse, comme plus tard pour Louis XIII, puis Louis XIV, ainsi que pour leurs courtisans qui en firent l'une des règles de l'étiquette et même pour leurs comédiens qui l'utilisent comme symbole de grandeur dans leurs pièces. Le XVIIIe siècle connut cependant la canne de femme, un haut bâton enrubanné (ou à dentelles) et c'est aussi de cette époque que date l'usage codifié de la canne comme instrument de défense, ce qui deviendra un art martial bien français. On se souvient également de la très riche canne de Richelieu, témoignant de son rang et de son aisance.

La Révolution marque une étape et une parenthèse extravagante. La canne se démocratise et l'épée autonome décline : la canne-poudrier de la garçonne, et surtout, les énormes cannes torsadées (cannes-gourdins) des jacobins (appelées arbre de liberté ou pouvoir exécutif), avec des variantes comme les grosses cannes ficelées d'une corde à boyau et fourrées d'une épée des Incroyables, alors que de leur côté, les muscadins qui se moquaient des jacobins, exhibaient pourtant eux aussi une grotesque canne-gourdin.

La période contemporaine

Après cette joyeuse période d'excentricité collective, c'est principalement la Belle Époque qui fera de cette orthèse un accessoire viril et élégant de la mode masculine bourgeoise (et non plus seulement aristocratique), complément indissociable du frac noir et de la redingote. On parle alors d'âge d'or de la canne et, selon Pierre Faveton (bibliographie infra), « Il est alors aussi incongru à un homme de sortir sans sa canne qu'à une femme de se promener sans chapeau ». Beaucoup de grands bijoutiers-joaillers se sont investis dès le XIXe siècle dans la fabrication de luxueux pommeaux de cannes, comme Fabergé, Cartier, Tiffany, etc. Les cannes de cette époque sont d'ailleurs, aujourd'hui, les fleurons de belles collections.

Depuis, après un dernier engouement lors de la période Art déco, la canne revient sporadiquement dans la lumière, bien que, de nos jours, ce soit souvent par dérision ou par excentricité individuelle (exemples récents célèbres : le peintre Dali, le faux comte de Saint-Germain, certains artistes du mouvement gothique, etc.), à l'exception des utilisations très spécialisées (médicales ou sportives).

Charlot et sa canne de bambou.

La symbolique de la canne a ainsi singulièrement évolué

Au plus loin que l'on remonte dans le temps, la canne fut jadis associée aux images du patriarche (Moïse), du pouvoir (crosse de l'évêque ou du monarque), du berger, du pèlerin (Compostelle), puis à celle du maître à danser (canne-pochette). Aujourd'hui, bien qu'elle connaisse une réelle désaffection depuis le début du XXe siècle, autre qu'utilitaire, elle s'identifie encore à l'image de la vieillesse, à celle du magicien et, de plus en plus, à celle du randonneur, retrouvant ainsi son utilité première pour la promenade.

Mais qui peut oublier la célèbre silhouette de Charlot et sa canne de bambou flexible ou les cannes virevoltantes des Dupont et Dupond de Hergé ?

Cependant, l'histoire démontre que de tout temps, la canne a eu ses trois fonctions principales qui emportent toutes les autres : l'appui, la parade et la défense.

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