Mayotte - Définition

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Religion

De tradition sunnite, introduite par des populations arabo-persanes, tolérante et profondément imprégnée à la culture swahilie des Comores, religion structurant une société teintée de croyances africaines et malgaches, l'islam est pratiqué par 95 % de la population mahoraise. Dès l'âge de 6 ans, les enfants fréquentent en parallèle l'école coranique et l'école primaire de la République.

Incidence juridique : statut personnel

Les Mahorais peuvent choisir entre :

  • le statut de droit commun, identique à la métropole (notaires, administrations, tribunaux…),
  • un statut personnel dérogatoire au Code civil et à la laïcité, réservé aux musulmans originaires de Mayotte (ou éventuellement d'autres îles des Comores ou du nord-ouest de Madagascar). Ils peuvent renoncer à ce statut et choisir le statut de droit commun.

En ce qui concerne le statut personnel, la justice est rendue par des juges musulmans, les cadis. C'est le seul territoire d'outre-mer ayant des juridictions spécifiquement compétentes en matière de statut personnel. La loi d'orientation pour l'Outre-mer no 2003-660 du 21 juillet 2003 a aboli la polygamie pour les nouvelles générations en déclarant : « Nul ne peut contracter un nouveau mariage avant la dissolution du ou des précédents. Le présent article n'est applicable qu’aux personnes accédant à l'âge requis pour se marier au 1er janvier 2003 ». Traditionnellement, la maison appartient à la femme à Mayotte et la répudiation ou le divorce représente donc essentiellement la perte d'un compagnon plutôt que la perte d'un statut social ou économique (les foundis et les aînés veillait à la bonne tenue de la situation économique de la femme même après le départ du mari). le droit des successions (discriminations selon la religion des héritiers), le droit foncier. Toutefois, la polygamie et la répudiation unilatérale ont été abolies pour les personnes qui accèdent à l'âge du mariage à partir de 2005. Un décret du 1er juin 1939, interdit la lapidation des femmes.

Mosquées

Construites autrefois dans la tradition arabo-shirazienne, les mosquées étaient de petite taille avant de subir l'évolution architecturale commune aux rivages africains. La plus ancienne connue en pierre est la mosquée de Chingoni ou Tsingoni. Mais la tradition mahoraise rapporte l'arrivée des premiers musulmans prêchant la parole de paix et de soumission à l'île de Petite Terre ou Dzaoudzi. La Ziyara de Pôlé est considérée dans cette tradition orale comme le lieu saint fondateur, à l'origine de la diffusion de l'Islam sur l'ensemble de l'île. La légitimité du pouvoir sacré des premiers sultans shiraziens émanait de ce lieu saint.

Culture mahoraise

Plusieurs cultures se côtoient à Mayotte, mais la culture mahoraise qui concernait il y a quarante ans 60 % de la population s'est imposée progressivement sous une forme syncrétique à l'ensemble de la population locale. Il reste toutefois dans le sud de l'île des isolats d'une seconde culture malgache, toutefois fortement marquée par la culture mahoraise au point de n'être difficilement discernable qu'au regard avisé. Enfin la culture française comme d'une manière générale, la civilisation occidentale moderne imprègne de plus en plus la culture locale.

Langues

Le français est la langue officielle. Mais il n'est pas la koinè des personnes âgées originaires du monde traditionnel de l'île. Celles-ci, ainsi qu'une minorité de plus jeunes, peuvent néanmoins maîtriser plusieurs langues africaines comme le shimaore, le Kiantalaotsi ou bien encore tenter de préserver un dialecte malgache, le shibushi, autrefois parler vernaculaire dans le sud de Grande Terre. La première, le shimaore, varie sensiblement d'un village à l'autre, même si les variantes dialectales sont proches.

La langue mahoraise a largement été modifiée au cours du temps, notamment du fait des anciens exilés, des nouveaux migrants et des métropolitains. On estime que l'illettrisme en français concernait en 2000 environ 35 % des hommes et 40 % des femmes. Toutefois cet illettrisme français est aussi causé par une piètre familiarité avec l'alphabet latin. L'illettrisme en arabe est moindre car la langue et l' alphabet arabes sont enseignés avec assiduité dans les écoles coraniques ou médersas.

Cultures traditionnelles

La société mahoraise traditionnelle est matriarcale. La femme a un rôle déterminant, des tâches économiques de base à la politique en passant par la vie associative. Une femme à toute âge ne peut que s'épanouir ou aller vers le succès de ses diverses entreprises alors que l'homme a atteint sa plénitude à son mariage. À cette occasion autrefois fort coûteuse pour la gent masculine, la femme reçoit cadeaux et bijoux, autrefois en or, qu'elle portait ensuite pour afficher son statut social. L'autorité de la mère, possédant biens et maisons, forte d'avoir élevé ses enfants et assemblé sa parentèle ou sa descendance, pouvait chasser ou sauver son conjoint lorsque les critères sociaux, communément constatés par la communauté villageoise, avaient confirmé la déchéance maritale. D'une manière générale, c'est l'autorité de l'épouse active qui protège sur ce plan mari et foyer. Il va de soi que l'importance de la soeur d'un mari jouait un rôle crucial en cas de dispute familiale, au cas où celle-ci avait un rang au moins similaire à sa belle-soeur.

Le deba est une rencontre sous forme de chant et de danse religieux. Les femmes vêtues de chatoyants lambas au motifs similaires, et assemblées d'après des critères d'appartenance à une même petite communauté forment un choeur lancinant, laissant aux hommes l'apport musical rythmé. Ainsi s'organise une forme de rivalité chorégraphique entre villages.

Soins et habits féminins traditionnels

« Femmes malgaches, élégantes de Mayotte » (phot. Léon Humblot, fin du XIXe siècle)

Il est commun d'observer des masques de beauté (m'sindzano), principalement à base de bois de santal râpé mélangé à de l'eau, sur les visages féminins. Les cheveux, après un lavage avec une décoction de kapokier, étaient parfumés et tressés de façon savante. La chevelure était agrémentée avec des fleurs choisies pour les fêtes.

Le vêtement traditionnel féminin s'appelle le lambawani. Il se compose de deux parties : le saluva qui est un paréo, c'est-à-dire une jupe et le kishali, pièce de tissu qui se porte en châle, sur les épaules ou parfois replié sur la tête. Il servait autrefois de signes de reconnaissance communautaire.

Traditions masculines et jeux virils d'autrefois

Une banga à Mtsamoudou

Les jeunes hommes après l'adolescence quittent la case familiale ou maternelle et construisent des bangas, petites maisons dont le toit était autrefois en bois, en bambou ou en raphia et qui leur permettent de s'initier à la vie adulte en y invitant les filles auxquelles ils peuvent se fiancer.

Un homme marié trouve à ne pas perdre son prestige en initiant ses neveux. Ainsi le meilleur pédagogue des techniques traditionnelles conservait un statut particulier au sein de sa famille et de sa communauté.

Le moringue ou mouringué, analogue à la capoeira brésilienne, était pratiqué, jusqu'à la fin des années 1980, entre villages rivaux. Il a, actuellement, presque disparu. On peut encore avoir l'occasion d'assister au moringue mahorais durant le mois de ramadan : au coucher du soleil, après avoir bien mangé, les gens se regroupent sur la place publique, tapent sur les tam-tam et pratiquent le moringue.
La seule différence avec la capoeira est que cette dernière se rapproche d'arts martiaux alors que le moringue n'a strictement aucun enseignement ni règle réellement définie. Des règles, il y en a, comme obligation de combattre à mains nues, et auparavant chacun des deux protagonistes pose son pied sur celui de l'autre et vice versa, empêchant ainsi la fuite. La rancune reste interdite une fois le combat fini et en dehors de celui-ci. S'il doit y avoir vengeance, celle-ci se fera à un prochain mouringué, ou lors du même moringué. Mais le « moringue » est considéré, par les Mahorais comme un jeu, il est et reste aussi un moyen de règlement d'éventuels différends. C'est aussi un moment de convivialité. Les lutteurs deviennent très souvent amis après la lutte. Auparavant, le moringué se faisait entre villages voisins, et peu importe la distance, on se déplaçait à pied. Des mouringués se font aussi tout autour de l'île et des invitations orales convient tout le monde à rejoindre le lieu dit. Un lutteur peut défier jusqu'à quatre adversaires ou plus en même temps, le nombre de combats n'est pas limité. Il peut être culturel ou sauvage et barbare, selon le fait qu'il soit organisé en ville ou en brousse, constat d'un reporter local.

Spectacles, musique et carnaval modernes

De nombreux écrivains locaux racontent l'île à travers leurs ouvrages. Des spectacles divers illuminent les veillées des week-ends, du théâtre à la tradition locale en passant par la musique. Mayotte connait différentes sortes de musique dont le « m'godro », musique locale s'inspirant du salégy ou saleg, une musique malgache.

Un carnaval scolaire se perpétue vers les mois de juin-juillet. Au cours de l'année scolaire, les élèves organisent et préparent cet événement. Aidés des enseignants, ils illustrent le thème de l'année et le parfont. Celui-ci a souvent pour but d'informer et de sensibiliser la population et les jeunes, le sujet change chaque année. Dans les années 1990 se sont succédé des idées telles que les pirates, la tortue, et d'autres thématiques axées sur l'environnement et la vie de tous les jours.

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