Synagogue No?yk - Définition

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Introduction

La synagogue Rivka et Zalman Nożyk

La synagogue Nożyk (en polonais: Synagoga Nożyków) de Varsovie, située 6 rue Twarda, est la seule synagogue actuellement en activité qui ait survécu à la Seconde Guerre mondiale.

En 2009, principale synagogue de Varsovie, elle abrite les bureaux du grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich. Les offices ont lieu tous les jours.

Les jours de fêtes où n'est pas récitée la prière Yizkor pour les défunts, retentit le El Male Rahamim ("Dieu empli de miséricorde") à la mémoire des époux Zalman et Rivka Nożyk, selon le vœux même des fondateurs.

Historique

Avant la Seconde Guerre mondiale

L'idée de construire une nouvelle synagogue orthodoxe prend forme en 1892. Le 11 avril 1893, le seul notaire juif de Varsovie, Simon Landau, rédige un acte notarié par lequel Zalman Nożyk, fils de Menashé, achète pour 157 000 roubles à Jan Teodora Engelbert Zembrzuski, une parcelle vide, située 6 rue Twarda. Au printemps 1898, la construction de la synagogue débute officiellement, supervisée par un Comité de construction spécialement créé.

Les plans ont certainement été conçus par Leonard Marconi, membre d'une célèbre famille d'architectes de Varsovie, mais on en n'est pas certain. Les noms de Julius Prechner et de Leo Bachman sont aussi cités.

La synagogue en 1909

Le coût total de la construction, estimée à 250 000 roubles, est entièrement pris en charge par les conjoints Nożyk. Le 28 février 1902, le Comité de construction avertit la communauté de la fin des travaux de construction et invite les personnes à venir choisir leurs places.

Le 12 mai 1902, le jour de la fête de Lag Ba'omer, à 19h00, se déroule l'ouverture officielle de la synagogue. Les prières sont accompagnées de chants liturgiques interprétés par le chœur dirigé par le chantre Lewinsohn. Le discours solennel de dédicace de la synagogue est prononcé par deux rabbins. Puis est entonné l'hymne national. Les rouleaux de Torah sont alors conduits cérémonieusement jusqu'à l'Arche sainte où ils sont déposés par Zalman Nożyk lui-même.

Les comptes rendus publiés dans la presse juive sont très élogieux:

«  Cette synagogue répond à tous les égards aux exigences modernes. D'apparence impressionnante, aussi bien de l'extérieur que de l'intérieur, tout en restant dans les limites du bon goût, elle offre de vastes espaces avec une bonne ventilation et une bonne acoustique. Tout prouve qu'elle a été construite habilement, aussi bien comme temple dédié à la gloire de Dieu que pour assurer tout le confort à ceux qui vont y passer de longues heures.  »

Quelques semaines après la cérémonie, les membres du Comité de la synagogue sont nommés, parmi lesquels se trouvent les époux Nożyk, ainsi que d'autres bienfaiteurs, Izaak Ettinger, David Mojżesz Szereszewski, Arie Leib Davidson, Jecheskiel Krawcow, Josef Jecheskiel Zuckerwaar et B. Rikwert.

La synagogue est fréquentée principalement par les Juifs riches qui ont pu s'acheter des places permanentes. Le prix varie de 16 à 80 roubles pour les hommes et de 8 à 30 roubles pour les femmes, en fonction de la distance de leur siège au mur est où se trouve l'Arche sainte. Le Comité de la synagogue prévoit aussi des places réservées pour les pauvres, mais seulement pour les prières du matin quand un double service est possible.

En 1914, après la mort de Rivka, la synagogue ainsi que d'autres biens immobiliers lui appartenant, sont légués gracieusement à la communauté juive orthodoxe de Varsovie. La seule condition imposée est que la synagogue soit maintenue en l'état et garde pour nom le nom de ses bienfaiteurs, et que la prière El Male Rahamim soit récitée lors de chaque fête à la mémoire des fondateurs.

En 1923, la synagogue est rénovée et un chœur semi-circulaire est ajouté sur le mur est au-dessus de l'Arche sainte, selon les plans de Maurice Grodzieński. Suite à cette construction, les deux fenêtres avec des vitaux originaux aux motifs géométriques de tresses, situées initialement au premier étage sur le mur arrière, se retrouvent aveugles sur la partie du mur restant de part et d'autre de l'Arche sainte.

Dans l'entre-deux-guerres, la synagogue est célèbre pour son chœur d'hommes dirigé par Abraham CWI Dawidowicz. En plus des cérémonies religieuses, des concerts sont donnés à l'occasion des vacances et des manifestations importantes.

La Seconde Guerre mondiale

En 1939, la synagogue Nożyk fait partie des cinq plus grandes synagogues de Varsovie. Elle est dévastée par les nazis en 1940, et sert d'écurie pour les chevaux et pour le stockage de produits alimentaires. Lorsque les allemands créent le ghetto de Varsovie, la synagogue se trouve dans la partie dénommée petit ghetto.

Le 20 mai 1941, les autorités allemandes autorisent l'ouverture de trois synagogues, dont la synagogue Nożyk. La cérémonie d'ouverture a lieu le jour de Roch Hachana. Le chantre David Ajzensztadt célèbre l'office, tandis que le professeur Meïr Balaban, le nouveau rabbin de la synagogue, fait un discours bref et concis sur le "Mois de l'enfant". En juillet 1942, la synagogue est fermée, après la liquidation du petit ghetto. Elle se trouve alors dans la partie aryenne de la ville.

Pendant l'Insurrection de Varsovie, en août et septembre 1944, la synagogue est sévèrement endommagée lors des batailles de rue et les bombardements, mais l'édifice qui a été solidement construit, ne s'effondre pas.

L'après-guerre

Après la guerre, la synagogue est provisoirement et partiellement rénovée en utilisant des fonds qui étaient auparavant destinés au sauvetage des Juifs. En juillet 1945, la synagogue est de nouveau dédiée et en août 1946 a lieu la visite du grand rabbin de la Palestine mandataire, Isaac Herzog.

Bien que la synagogue soit utilisée par la communauté juive, la municipalité de Varsovie s'en déclare juridiquement propriétaire et en exige un loyer très élevé. La communauté juive décide alors de porter l'affaire en justice afin d'en réclamer la restitution. Le jugement rendu est favorable à la communauté juive, mais le procureur général de l'état fait appel de ce jugement, sur la base que la communauté juive de 1948 n'a rien à voir avec l'ancienne communauté juive d'avant guerre. Après un second procès, la synagogue redevient propriété de la communauté.

Porte latérale donnant accès à la galerie des femmes

La communauté décide alors de procéder à de nouvelles réparations et en 1951 organise une réouverture officielle de la synagogue. En 1968, la synagogue est fermée, et les prières ont lieu dans une salle située dans un bâtiment adjacent. Après la dissolution de la Communauté juive de Varsovie, la propriété de la synagogue est transférée à l'Association des Juifs de Varsovie.

Le 1er décembre 1973, la synagogue fait l'objet d'une inscription au registre national des monuments historiques.

Au cours de la période 1977-1983, de gros travaux sont exécutés afin de redonner à la synagogue l'apparence qu'elle avait au début du XXe siècle et pour construire du côté est, une annexe où sont actuellement regroupés les bureaux de la Communauté juive de Varsovie et de l'Union des communautés juives de Pologne, ainsi qu'un restaurant cacher. Lors de ces travaux, de nombreux éléments originaux vont disparaître à l'intérieur de la synagogue, dont les étoiles sur le plafond de l'abside derrière la bimah. Les travaux sont supervisés par deux architectes du Bureau de conservation des monuments historiques, Hanna Szczepanowska et Ewa Dziedzic.

Le 18 avril 1983, a lieu dans la synagogue entièrement rénovée une cérémonie commémorative pour le 40e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie. À cette cérémonie assistent le grand rabbin de Tel Aviv, Itzhak Frenkel, des représentants du gouvernement de la République populaire de Pologne et de la municipalité de Varsovie, l'archevêque de Varsovie, Mgr Kazimierz Majdański, ainsi que des représentants des autres religions.

En 1985, le jeune Mateusz Kos célèbre sa Bar Mitzvah, première cérémonie de ce genre en Pologne, depuis de nombreuses années. Le jeune Kos poursuivra des études religieuses et sera ordonné rabbin en 2006.

A partir de 1988, et pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la communauté juive de Varsovie peut dire ses prières dans la synagogue avec un rabbin. Le grand rabbin de Pologne, Menachem Pinchas Joskowicz peut y célébrer les offices, et à partir de 1990, Michael Schudrich, rabbin de Varsovie.

En 1989, la synagogue reçoit de donateurs américains un nouveau rouleau de Torah qui répond entièrement aux besoins de la communauté juive de Varsovie. Auparavant aucune copie n'existait à Varsovie.

Le 19 avril 1983, à l'occasion du 40e anniversaire du soulèvement du ghetto de Varsovie, et pour la première fois dans l'histoire des relations judéo-chrétiennes polonaises, Mgr Henryk Muszynsk, archevêque de Varsovie et Michael Schudrich, rabbin de Varsovie vont prier ensemble dans la synagogue.

Tentative de destruction de la synagogue

Au début des années 1990, de nombreux actes antisémites sont commis en Pologne. Le plus important se produit dans la nuit du 25 au 26 février 1997, quand il est mis feu à la synagogue. Grâce à la rapidité d'action de certains passants et à l'intervention efficace des pompiers, seul le vestibule de la synagogue est détruit.

Malgré la présence à proximité d'un officier de police, les incendiaires, un homme avec une pèlerine jaune et une femme, peuvent s'enfuir sans être poursuivis. Aussitôt une enquête est ouverte, supervisée directement par le ministre des affaires internes de l'époque, Leszek Miller. Une douzaine de membres de la Ligue Républicaine sont arrêtés, mais doivent être relâchés faute de preuves.

En 1999, la ville de Varsovie décide de prendre en charge financièrement la totalité de la restauration de la partie détruite.

Depuis l'an 2000

En 2001, la municipalité de Varsovie-Centre vote une subvention de 500 000 Złotys pour le drainage des fondations de la synagogue et la protection contre l'humidité.

Le 12 octobre 2001, des objets de culte dérobés pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis dans différentes synagogues de Varsovie, et placés en 1943 au Musée National par les forces d'occupation, sont restitués à la communauté juive. Le directeur du cabinet du premier ministre, Maciej Musiał, participe à cette cérémonie. La plupart de ces objets, dont certains de très grande valeur aussi bien pécuniaire que sentimentale pour la communauté, sont exposés dans une vitrine dans le vestibule de la synagogue. Parmi les objets les plus remarquables:

Judaica
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  • Paro'het (rideau fermant l'Arche sainte) en velours, brodé de fils de soie et de fils d'argent, recouvert de paillettes et de perles de verre, tissé en Pologne vers 1908.
  • Parure de Torah en velours, entrelacée de fils de soie et de tresses d'or, avec paillettes et perles de verre, brodé en Pologne en 1903 et conservé dans l'Arche sainte.
  • Parure de Torah en velours de soie brodée, tissée en Pologne en 1922.
  • Rimonime en argent gravé et estampé, fabriqué à Wrocław en 1864.
  • Plastron de Torah en argent réalisé dans les années 1821-1841 par l'orfèvre Johann Auguste Gebhardt de Berlin, et conservé dans l'Arche sainte.
  • Bougeoir de chabbat en bronze avec les inscriptions: "Pour l'allumage des bougies" et "Saint chabbat", fabriqué en Pologne au XVIIIe siècle.
  • Petite tourelle à épices en argent, gravée et estampée avec filigrane, fabriquée à Gdańsk au XIXe siècle.
  • Hanoukkia (chandelier de Hanoucca) en albâtre, fabriquée en Pologne en 1938.
  • Megillah sur parchemin avec son étui en bois, ramené probablement d'Allemagne au XIXe siècle.

De septembre à novembre 2002, de gros travaux de restauration sont entrepris pour effacer les dernières traces de l'incendie criminel de 1997. Lors de cette restauration, du crépi et des stucs sont rajoutés, des fenêtres et des éléments mécaniques remplacés et les escaliers sont rénovés. La façade de la synagogue est peinte en couleur jaune et coquille d'œuf au lieu de l'ancien gris sable et une couche de revêtement antigraffiti est déposée sur toute la façade jusqu'à la hauteur du premier étage. La rénovation est réalisée sous la supervision des conservateurs Grazyna Babut-Prykiel et Peter Gregory Mądracha et financée par la Fondation Ronald Lauder.

Au-dessus de la porte du vestibule, est réinstallé un vitrail portant la phrase "Je suis qui Je suis", conçu et réalisé par l'artiste de Varsovie Tomasz Łączyński du studio d'art Sztuka-Szkło. Le 6 novembre, lors d'une cérémonie officielle, une plaque commémorative est dévoilée dans le vestibule de la synagogue en l'honneur du généreux donateur qui finança les réparations. Cette cérémonie se déroula en présence de Ronald Lauder venu spécialement des États-Unis.

Le 3 janvier 2003, des inconnus tentent de saccager la synagogue et enfoncent des clous dans la porte principale.

Le 17 juin 2005 a lieu une cérémonie pour la réception de quatre rouleaux de Torah, don de Harley et Mary Lippman en l'honneur de la Bat Mitsva de leur fille Juliette. Ces rouleaux, produits en 1886, appartenaient auparavant à une famille juive polonaise. Portés sous un baldaquin alternativement par plusieurs hommes, les rouleaux sont promenés du Ogród Saski (Jardin saxon) à la rue Królewską (rue Royale) et à la rue Grzybowską. Des officiers israéliens assistent à cette cérémonie.

D'août à fin décembre 2008, de nouveaux travaux sont effectués sur la synagogue qui est repeinte en couleur jaune-pêche. Des éléments décoratifs de la façade menaçant de tomber, dont certains de style mauresque ou byzantin, sont remplacés et un système moderne pour effrayer les pigeons est installé. Les fondations sont protégés par des arceaux métalliques et une moulure de pierres blanches. À l'intérieur de la synagogue, la nef principale, est repeinte, les escaliers regarnis et le sol est rénové avec des pavés de grès.Le coût total de la réparation s'élève à 1 215 000 zlotys dont 750 000 pris en charge par le service de conservation des monuments historiques et le reste par la communauté juive de Varsovie. Les travaux de rénovation ont été conçus et contrôlés par les architectes Joanna Kwiećińska, Małgorzata Pastewka et Sławomir Stankiewicz.

Le 6 mai 2005, pour commémorer la mémoire de Jacek Eisner, un des combattants et rares survivants du ghetto de Varsovie, décédé en 2003, un nouveau Sefer Torah est offert à la synagogue, par sa femme Sarah et ses enfants Shirley, Arnold et Philip..

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