Tortue imbriquée - Définition

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Introduction

Tortue imbriquée
Eretmochelys imbricata bissa
Classification
Règne Animalia
Sous-règne Eumetazoa
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Reptilia
Ordre Testudines
Famille Cheloniidae
Genre
Eretmochelys
Linnaeus,1766
Nom binominal
Eretmochelys imbricata
Linnaeus, 1766
Synonymes
  • Chelone imbricata
  • Chelonia imbricata
  • Caretta imbricata
  • Chelonia pseudo-midas
  • Chelonia pseudo-caretta
  • Caretta bissa
  • Eretmochelys imbricata
  • Eretmochelys squamata
  • Caretta squamosa
  • Herpysmostes imbricata
  • Onychochelys kraussi
Sous-espèces de rang inférieur
  • E. i. imbricata
  • E. i. bissa
Répartition géographique
Lieux pontes tortue ecaille.png
Statut de conservation IUCN :

CR 1996 :
En danger critique d'extinction
A1bd
Schéma montrant le risque d'extinction sur le classement de l'IUCN.

La tortue imbriquée ou tortue à écaille (Eretmochelys imbricata) est l’une des sept espèces actuelles de tortues marines et la seule du genre Eretmochelys. Elle se distingue par plusieurs caractères anatomiques et écologiques uniques ; il s’agit notamment du seul reptile spongivore connu.

Elle est aussi appelée caret ou carette localement, notamment aux Antilles, à Mayotte ou à La Réunion, ces noms prêtant toutefois à confusion avec la tortue caouanne (Caretta caretta).

Elle vit à proximité des côtes dans l’ensemble des mers tropicales. Réputée et longtemps recherchée pour la qualité supérieure de son écaille, elle est pour cette raison l’une des espèces de tortues de mer les plus menacées d’extinction.

Description

Apparence

Le dos de la carapace comporte cinq plaques centrales (C1 à C5) dites vertébrales
et quatre paires de plaques latérales (L1 à L4 et L1' à L4') appelées costales.
Sur la tête, la présence de quatre écailles préfrontales fait ressortir une ligne blanche entre les deux yeux.

L’aspect de cette espèce est assez semblable à celui des autres tortues marines. Sa carapace osseuse, sans carène continue et très colorée est plutôt aplatie. Ses pattes sont transformées en rames. Elle est cependant facilement distinguable par ses écailles épaisses recouvrant la dossière, posées comme les tuiles d’un toit, par son bec long, étroit et crochu et par les deux griffes disposées à quelques centimètres l’une de l’autre sur l’extérieur à mi-nageoires. La dossière de la carapace est formée de cinq plaques vertébrales et de quatre paires de costales. En outre, 11 paires d’écailles dites marginales et une paire d’écailles post-centrales sont présentes sur le bord de la carapace.

La dossière de la carapace est d’une teinte brun orangé. Cette coloration est une combinaison irrégulière de stries claires et foncées avec des taches jaunes ou rouges. Le plastron est jaune, les écailles post-anales sont de même couleur avec des taches noires. Les nageoires sont brunes sur le dessus et jaunes dessous. Enfin, sa petite tête est brune avec quatre écailles préfrontales. Ses mâchoires sont jaunes, l’inférieure ayant une forme de V.

Les juvéniles sont noirs, excepté sur le bord de carapace, qui est jaune. Celle-ci est en forme de cœur à la naissance, puis devient ovale en grandissant. De plus, la dentelure formée par les écailles marginales s’estompe avec l’âge.

Les mâles se distinguent par une pigmentation plus claire et, comme pour les autres espèces de tortues, un plastron concave, de plus longues griffes et une queue plus épaisse.

Caractéristiques

La tortue imbriquée mesure entre 60 et 100 centimètres et pèse entre 43 et 75 kilogrammes, le plus gros spécimen trouvé faisant 127 kilogrammes. Les œufs mesurent entre 30 et 45 millimètres et pèsent entre 20 et 31,6 grammes.

La tortue imbriquée est une grande nageuse. Des scientifiques ont relevé des pointes à 24 kilomètres/heure sur cinq kilomètres. Aux Caraïbes, des plongées ont été enregistrées à plus de 70 mètres pour des durées de 4 866 s, soit plus de 81 minutes.

La maturité sexuelle est atteinte chez cette tortue après dix ans, voire probablement vers vingt ans et peut se reproduire au moins pendant dix ans. Elle est donc qualifiée d’espèce à maturité tardive. Son espérance de vie n’est pas connue.

Comportement et alimentation

Tortue imbriquée en plongée.

Les conditions d’observation étant difficiles, l’alimentation des tortues en zone pélagique n’est pas très bien connue ; on pense qu’elles doivent se nourrir essentiellement de méduses. En zone benthique, et plus particulièrement dans les récifs coralliens, elles consomment surtout des éponges. Dans les Caraïbes, ces dernières constituent d’ailleurs 70 à 95 % de leur régime alimentaire et, comme beaucoup de spongivores, elles ne consomment que des espèces précises de la classe des Demospongiae, et plus spécifiquement celles appartenant aux ordres Astrophorida, Spirophorida et Hadromerida.

Certaines éponges consommées sont d’ailleurs connues pour être très toxiques pour d’autres organismes. C’est le cas notamment de Aaptos aaptos, Chondrilla nucula, Tethya actinia, Spheciospongia vesparium et Suberites domuncula. Les tortues imbriquées semblent particulièrement apprécier les éponges les plus siliceuses comme celles des genres Ancorina, Geodia (dont Geodia gibberosa), Ecionemia et Placospongia. Ce type d’alimentation est très rare, y compris chez les poissons. Cette alimentation très particulière rend la viande et plus particulièrement la peau de tortue très toxique dans les régions concernées, surtout dans l’océan Indien.

Ces tortues s’alimentent également d’invertébrés tels que les Ctenophora et les cnidaires, dont les méduses et les hydrozoaires comme la physalie, mais aussi d’algues brunes, de mollusques, d’anémones de mer et de crustacés.

Physiologie

Détail d’un œil de la tortue imbriquée.

Les poumons de l’animal sont adaptés pour permettre des échanges gazeux rapides et son sang lui permet d’oxygéner efficacement les tissus, même en plongée profonde sous de fortes pressions. Ces tortues peuvent dormir sous l’eau pendant plusieurs heures mais leur durée de plongée maximale est beaucoup plus courte lorsqu’elles doivent se nourrir ou fuir un prédateur.

Elles ferment les yeux lorsqu’elles mangent des cnidaires car ces derniers ne sont pas protégés contre les nématocystes, contrairement au reste de leur corps.

Reproduction

Juvénile de tortue imbriquée.

Les tortues imbriquées femelles ne se reproduisent que tous les deux ou trois ans mais cet écart peut varier entre neuf mois et 10 ans. La reproduction peut même se dérouler plusieurs fois une même année, à quinze jours d’intervalle, le plus souvent sur la même plage. C’est une espèce de tortue marine très féconde. La période de reproduction durant six mois, la femelle retourne sur son site de nidification en moyenne de 2,6 à 4,5 fois par saison selon les sources. Les individus d’un couple sont très fidèles. De plus, fait particulier, la femelle stocke des réserves de spermatozoïdes. Elle peut ainsi se reproduire pendant plusieurs années sans avoir de contact avec un mâle.

On a pu déterminer que pour chaque site, les tortues disposaient d’une certaine homogénéité génétique, ce qui tend à prouver que les femelles viennent pondre à l’endroit où elles sont nées. Chacune débarque sur la plage et creuse un nid profond d’au moins 10 centimètres et de 90 centimètres au plus. Elle y dépose en moyenne une centaine d’œufs (de 70 à un maximum enregistré de 250), d’un poids de 25 grammes et de la taille d’une balle de ping-pong. Elle retourne immédiatement à la mer après avoir recouvert le nid de sable. Le nombre d’œufs et la viabilité de ceux-ci dépendent fortement du lieu de ponte. Le processus dure environ 1 à 3 heures. La période d’incubation est de 47 à 75 jours, selon la saison et l’emplacement.

Dans l’océan Atlantique, la période de reproduction a lieu habituellement d’avril à novembre et dans l’océan Indien de septembre à février, durant la période chaude. Peu d’autres données fiables sont disponibles.

La tortue imbriquée s’hybride facilement avec d’autres tortues marines, telle que les caouannes. Certains hybrides trouvés au Brésil ou en Floride sont viables et fertiles car ils existent depuis au moins deux générations. Un hybride de tortue verte a aussi été découvert au Surinam.

La détermination du sexe chez les tortues imbriquées est très hasardeuse. Les caractères sexuels ne sont pas toujours extérieurement visibles. Les caractères sexuels secondaires (comme pour les autres tortues: la largeur de la queue, les griffes ou la forme du plastron) ne sont pas toujours déterminants. Seule l’analyse sanguine est une méthode fiable. La tortue est ovipare, et comme pour les autres tortues, la température d’incubation détermine le sexe des embryons dans les œufs. Le sexe ratio serait compris entre trois et quatre femelles pour un mâle.

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