Valérian et Laureline - Définition

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Influence

Il est difficile pour Jean-Claude Mézières de parler de l'influence qu'il a pu avoir sur son art ou le cinéma, lui qui est parmi les dessinateurs de bandes dessinées régulièrement pillés.

Influence sur le cinéma

Stan Barets raconte qu'en 1977, lors du Festival international de la science-fiction à Metz, où était projeté pour la première fois en France La Guerre des étoiles, Mézières déclara à la fin de la projection : « On dirait une adaptation de Valérian au cinéma. »

Cela faisait déjà dix ans que la série paraissait dans Pilote et le Faucon Millenium de Han Solo a le même aspect global que le vaisseau XB 982 de Valérian et Laureline. Au fil des épisodes, les ressemblances se font de plus en plus précises : dans Star Wars: épisode V - L'Empire contre-attaque en 1980, Han Solo est prisonnier d'un bloc de carbonite qui retenait déjà Valérian en 1971, dans L'Empire des mille planètes. En 1983, dans Le Retour du Jedi, la princesse Leia Organa est habillée par Jabba le Hutt d'une tenue de harem semblable à celle qu'avait revêtue Laureline pour Alzafar, le gros poussah d'empereur du Pays sans étoile, publié en 1972. Dans La Menace fantôme de 1999, le ferrailleur Watto pourrait bien venir, tant l'apparence est similaire, de la même planète que les Shingouz apparus en 1975 dans L'Ambassadeur des Ombres. Les Connaisseurs de l'Empire des mille planètes de 1971 cachent sous leur casque la même figure décharnée que Valérian découvre à la fin de l'histoire comme Luke Skywalker va découvrir celle de Dark Vador à la fin de La Guerre des étoiles, en 1983, avec Le Retour du Jedi. Cependant il est aussi admis que Vador soit inspiré du docteur Fatalis qui avait déjà cette caractéristique. Il serait facile aussi de relever des ressemblances entre la faune galactique de La Guerre des étoiles et les inventions graphiques du bestiaire de Mézières. Un ami américain du dessinateur lui a rapporté que Doug Chiang, le chef-décorateur de George Lucas sur La Menace fantôme, possédait en bonne place dans les rayons de sa bibliothèque les albums de Valérian.

« Les designs de planètes, de créatures ou d'objets de Mézières participeront tellement à l'établissement des codes du genre que Will Eisner (auteur et théoricien de la bande dessinée) dira [que Mézières et Christin] sont l'une des plus grandes influences qu'ait subie le cinéma américain en matière de science-fiction. » En 1983 paraît dans Pilote un article sur le Retour du Jedi et les emprunts du cinéma à la bande dessinée, illustré par Mézières qui fait se rencontrer, dans un bar de l'espace, Valérian et Laureline et Luke Skywalker accompagné de la princesse Leia. À cette dernière qui déclare : « Comme c'est amusant de nous rencontrer ici ! », Laureline répond, non sans sous-entendus : « Oh, nous sommes des habitués de cette boîte depuis longtemps ! »

De même, la planche 4 de l'Ambassadeur des Ombres représentant Point central a souvent été source d'inspiration, comme le making-off d'Independence Day en fait état. Ou encore la similitude frappante entre la tanière de Thulsa Doom, dans le film de 1981 Conan le Barbare, et les cuisines du Maître des oiseaux dans l'album de 1973. Le film Dark City d'Alex Proyas, en 1998, met en scène un inspecteur de police, Franck Bumstead, qui pour échapper à une bagarre tombe dans l'espace, découvrant une ville, Shell City, flottant dans le vide. C'est la même aventure que vit Valérian en 1976/1977 dans Sur les terres truquées : rattrapé par ses poursuivants, il tombe de la jetée d'un port non pas dans l'eau mais dans l'espace.

Le cinéaste danois Søren Kragh-Jacobsen (lui-même amateur de Valérian et Linda, le nom de Laureline en danois) fait une citation de la série et de Linda/Laureline dans Mifunes sidste sang (La dernière chanson de Mifune). Dans ce film de 1999, sorti en France sous le titre de Mifune, un personnage, Rud, est lecteur assidu des albums de Valérian qu'il cache sous son lit. Il croit reconnaître dans un autre personnage, Liva Psilander, Linda, son héroïne préférée.

Le cas du Cinquième Élément

Le travail de Jean-Claude Mézières sur le film Le Cinquième Élément représente un magistral clin d’œil à Valérian et Laureline. La bande dessinée va influer de façon significative sur le film de Luc Besson.

C’est à Noël 1991 que le réalisateur demande à Jean Giraud/Moebius et à Jean-Claude Mézières de travailler avec son chef décorateur Dan Weil aux décors du film qu’il a en projet : Zaltman Bléros. Pendant toute l’année 92, Mézières met de côté l’histoire sur laquelle il avait commencé à travailler, Les Cercles du pouvoir, pour se consacrer au projet. Il introduit dans les croquis de décors qu'il réalise des éléments qu'il emprunte à son travail interrompu. Pour une scène qui doit se passer à la bibliothèque publique, les personnages se déplacent en métro aérien et Mézières agrémente la scène de ses taxis volants et des « limouzingues » des Cercles du pouvoir.

Mais le projet est arrêté début 1993. Mézières reprend donc le dessin des Cercles du pouvoir et lors de la sortie de l'album en 1994, il en dédicace un exemplaire à Besson, ainsi qu'un dessin de ses taxis. Après le succès de Léon, celui-ci reprend son projet et réalise ce qui s'appelle désormais Le Cinquième Élément en utilisant dans une large mesure les dessins de Mézières pour ses décors. Mais surtout il modifie son scénario en s'inspirant fortement de l'album : le héros n'est plus Zaltman Bléros mais Korben Dallas, qui n'est plus travailleur dans une usine d'assemblage de fusées mais chauffeur de taxi, rappelant S'Traks, l'un des personnages des Cercles du pouvoir, plus pourri que tous les taxis du Bronx. Surtout, les taxis volants et les « limouzingues » tiennent maintenant un rôle central dans le film.

Dans la bande dessinée, les influences sont souvent réciproques. Mézières et Giraud ont travaillé ensemble sur le Cinquième Élément et il est intéressant, à ce sujet, de rapprocher une aventure dessinée en 1976 par Giraud/Moebius sur un scénario de Dan O'Bannon, The Long Tomorrow, avec sa ville organisée en niveaux et parcourue par des voitures volantes, de l'atmosphère des Cercles du pouvoir, du Cinquième Élément, ou encore du Blade Runner de Ridley Scott.

Lors de ses visites aux studios de Pinewood en 1996, Jean-Claude Mézières déclare que c'est une « émotion rare pour un artiste graphique, que de voir son travail à la fois scrupuleusement respecté et magnifié par la magie toujours intacte du cinéma à grand spectacle. »

Influence sur la bande dessinée

Pour ce qui est de la bande dessinée, il est difficile de ne pas remarquer les similitudes entre les personnages de Valérian et Laureline et ceux de Bruno Castorp et Mireia dans la série Gigantik, de Victor Mora (scénario) et Josep-Maria Cardona, ou encore l'allure de loser commune à Valérian et à Cosmik Roger, de Mo/CDM et Julien/CDM. Dans l'histoire de Goldorak intitulée Le Vaisseau errant, dessinée par Jorgue Domenech et publiée dans Téléjunior, ledit vaisseau errant est la copie presque conforme de l'astronef de Valérian et Laureline. Mézières reconnaît lui-même qu'une bonne culture graphique fait que des souvenirs s'imposent quelquefois malgré soi sous le crayon, la plume ou le pinceau.

Pastiches et parodies

Ne sont mentionnés que les pastiches et parodies qui traitent de la série Valérian et Laureline.

  • 1973, « Une aventure spatio-temporelle que Linus et Mézi ne vous ont pas racontée mais que nous osons vous présenter en exclusivité schtroumpfienne » de Numa Sadoul dans Schtroumpf, les cahiers de la bande dessinée n°7, éditions Glénat
  • 1980, « Vénérian », 2 planches dans Pastiches t.1 de Roger Brunel, éditions Glénat
  • 1983, « Je ris de me voir si belle », 1 planche de Jean-Claude Mézières dans (À suivre) Spécial Hergé, hors série, éditions Casterman
  • 1984, « Laurélian et Valerine », 1 planche dans Parodies de Al Voss, éditions Humanoïdes Associés
  • 1987, « Laureline Strip BD », 1 illustration de Jean-Claude Mézières dans Playboy
  • 1989, « Rahan pique la copine de Valérian », 2 planches dans Pastiches t.5 de Roger Brunel, éditions Glénat
  • 1993, « Yoko Tsuno rencontre Laureline », 4 planches dans Pastiches t.6 de Roger Brunel, éditions Glénat
  • 2003, « L'Homme aux 1000 histoires », 1/2 planche dans Pilote spécial été 2003, scénario de Pierre Christin, dessin de Philippe Aymond
  • 2007, « L'emploi du saut spatio-temporel », 2 planches par Christin et Mézières dans Rubrique abracadabra, éditions Dargaud

Influence sociale

Il est un autre genre d'influence qui ravit beaucoup plus les auteurs quand ils rencontrent, lors de séances de dédicace, la deuxième génération de « Laureline », c'est la récupération, d'abord par des amoureux de la série puis par tout un chacun, des prénoms des héros. Si celui de Valérian, courant en langue slave avec Waleran, ne peut leur être attribué, en revanche celui de Laureline est de leur création : ils en cherchaient un qui fût doux et fît médiéval. Les statistiques du Répertoire national d'identification des personnes physiques de l'INSEE mettent en évidence le succès de ces prénoms, avec des maxima dans les années 1990/2000.

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