En "forçant" les cellules souches à se reproduire, Éric Deneault a peut-être trouvé la clé d'un mystère limitant les succès de la greffe de moelle osseuse.
"Nous savons que les cellules souches provenant du sang de cordons ombilicaux peuvent permettre aux personnes atteintes de leucémie de survivre. Mais encore trop souvent, le nombre de cellules souches qu'on peut greffer est trop faible, conduisant à un échec de l'intervention. Notre découverte permet de croire qu'on peut multiplier le nombre de cellules souches en manipulant leurs gènes", explique le chercheur qui mène actuellement un postdoctorat à l'Hôpital pour enfants malades de Toronto.
Rappelons que les cellules souches sont ces premières formes de vie qui apparaissent peu après la fusion des gamètes. Elles ont le potentiel de se spécialiser dans n'importe quelle partie de l'organisme, devenant un os, une cellule sanguine ou de la peau. Elles sont de plus en plus utilisées en oncologie afin de reprogrammer en quelque sorte les cellules cancéreuses pour qu'elles deviennent des cellules saines.
En publiant les résultats de ses travaux dans la revue Cell en 2009, le jeune homme a attiré l'attention sur 24 gènes (sur quelque 700 au départ) qui semblaient jouer un rôle dans la réplication cellulaire. "La culture in vitro de cellules souches s'avère très difficile, indique-t-il en entrevue téléphonique. Le fait de mieux comprendre la façon dont elles se reproduisent nous permet d'obtenir davantage de succès en matière de traitement du cancer."
Il semblerait que l'existence d'un type de cellules accompagnant les cellules souches, appelées "nourricières", vient orienter le développement cellulaire de ces minuscules unités polyvalentes. L'expérimentation a permis de cibler neuf gènes qui "remanient littéralement le destin des cellules nourricières et les transforment en système de soutien à l'autorenouvèlement des cellules souches". Cinq autres gènes seraient actifs dans la métamorphose des cellules souches en cellules osseuses. Le doctorant a également mis au jour des différences dans l'activité cellulaire de la souris et de l'être humain.
Pour Guy Sauvageau, le directeur de thèse d'Éric Deneault, le travail de l'étudiant est de "qualité exceptionnelle", comme il l'écrit dans la lettre de recommandation qu'il a adressée au doyen de la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université de Montréal pour la sélection des meilleures thèses. Dès son arrivée au laboratoire de l'Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC), en 2005, l'étudiant a "maitrisé les notions et techniques de base nécessaires à son projet de recherche et a accompli plus au cours des 18 premiers mois dans le laboratoire que la plupart des étudiants dans leur formation doctorale entière".