L'état de conscience minimale n'exclut pas le rêve

Publié par Isabelle,
Source: Université de LiègeAutres langues:
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Les patients en état de conscience minimale rêvent
Illustration: Université de Liège
Un patient en état de conscience minimale reste capable de rêver pendant son sommeil. La question du sommeil chez des patients présentant de graves altérations de la conscience a rarement été étudiée. Des patients "végétatifs" (maintenant aussi appelés en état d'éveil non-répondant) ou des patients en état de conscience minimale ont-ils un sommeil normal ? Jusqu'à présent la distinction entre ces deux populations de patients n'était pas prise en compte par les études électrophysiologiques. Or si l'état végétatif n'ouvre aucune porte consciente sur le monde extérieur, l'état de conscience minimale, lui, suppose une conscience résiduelle de l'environnement, certes fluctuante mais réelle.

C'est cette différence qui a conduit un groupe de chercheurs du Coma Science Group (Université et CHU de Liège) et des universités du Wisconsin et de Milan, à comparer le sommeil de ces deux types de patients cérébrolésés. Les résultats de leur étude sont publiés cette semaine dans la revue Brain. Ils démontrent une nouvelle fois la nécessité d'une prise en charge médicale adaptée et spécifique pour chacun de ces états.

Les travaux des chercheurs ont porté sur un échantillon de 11 sujets (6 en état de conscience minimale et 5 en état végétatif) et ont fait appel à l'électroencéphalographie (EEG) à haut densité (256 électrodes). Le but poursuivi était de déterminer la structure du sommeil chez ces deux types de patients. "Nous avons pris comme marqueur de l'éveil le fait que le sujet ait les yeux ouverts et du tonus musculaire, et comme marqueur du sommeil, le fait qu'il ait les yeux fermés et une musculature relâchée", indique le Dr Steven Laureys, responsable du Coma Science Group.

L'EEG à haute densité a révélé que l'activité électrique du cerveau différait très peu entre le sommeil et l'éveil chez les patients en état végétatif. En revanche, le sommeil des patients en état de conscience minimale présentait des caractéristiques très proches du sommeil normal chez le sujet sain. Il est apparu que ces patients produisaient du sommeil lent et du sommeil paradoxal, lequel est le support de l'activité onirique.

"Tout indique donc qu'ils ont accès au rêve, souligne Steven Laureys. Par conséquent, on peut légitimement supposer qu'ils disposent encore d'une forme de conscience de soi en plus d'une certaine conscience du monde extérieur."

L'étude publiée dans Brain met en lumière une relation entre l'électrophysiologie du sommeil et le degré de conscience chez les patients sévèrement cérébrolésés. Aussi, une fois validée, la méthode utilisée pourrait-elle constituer un outil complémentaire pour évaluer, en routine clinique, le maintien éventuel d'une conscience résiduelle chez ces patients.

Publication:

"Electrophysiological correlates of behavioural changes in vigilance in vegetative state and minimally conscious state", Brain (2011) 134 (8): 2222-2232. doi: 10.1093/brain/awr152

Auteurs: Eric Landsness1,2*, Marie-Aurélie Bruno1*, Quentin Noirhomme1, Brady Riedner2, Olivia Gosseries1, Caroline Schnakers1, Marcello Massimini3, Steven Laureys1, Giulio Tononi2, Mélanie Boly1

1 Coma Science Group, Cyclotron Research Centre and Neurology Department, University of Liege and CHU Liège, Belgium
2 Department of Psychiatry, University of Wisconsin - Madison, USA
3 Department of Clinical Sciences, “Luigi Sacco”, University of Milan, Milan, Italy
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