La souris d'ordinateur, fidèle compagne de nos bureaux depuis soixante ans, pourrait bientôt connaître une transformation radicale pour mieux s'adapter à notre anatomie.
Les chercheurs ont constaté que les modèles actuels, bien qu'ergonomiques, imposent des contraintes mécaniques importantes. Le mouvement répétitif de soulèvement pour repositionner l'appareil sollicite excessivement le poignet et l'avant-bras. Cette observation a conduit à repenser fondamentalement la conception des souris, en s'inspirant des outils manuels souples et des progrès récents en impression 3D.
Deux prototypes de souris conçus pour réduire les blessures du poignet: l'un avec un corps flexible en mesh, l'autre avec une structure en A verticale. Crédit: Jose Berengueres et Tony Yu, CC BY-NC-ND 4.0, Université Nazarbayev
Le premier prototype, baptisé Fleximouse, possède une enveloppe déformable en mesh qui répond à la pression des doigts. Plutôt que de glisser la souris sur une surface, l'utilisateur déplace le curseur en modulant son emprise manuelle. Cette approche élimine la nécessité de repositionnements fréquents, réduisant considérablement les microtraumatismes répétés au niveau articulaire.
Le second modèle adopte une architecture en A avec charnière, développée en partenariat avec la Melbourne School of Design. Cette configuration verticale maintient les os de l'avant-bras - radius et cubitus - dans un alignement naturel, évitant leur croisement constant caractéristique des positions manuelles plates. Sa construction simplifiée avec moins de pièces mobiles promet également une meilleure durabilité.
Les tests menés auprès de 28 étudiants, dont des joueurs assidus et onze personnes souffrant de douleurs chroniques, ont révélé des perceptions contrastées. Si la Fleximouse a été jugée ludique et efficace pour limiter les mouvements du poignet, certains ont regretté l'absence de molette de défilement.
Les traumatismes répétés liés à l'utilisation de la souris
Les microtraumatismes répétés (MTR) résultent de sollicitations mécaniques modestes mais extrêmement fréquentes sur les mêmes structures anatomiques. Au niveau du poignet, ces sollicitations affectent particulièrement les tendons fléchisseurs et le nerf médian qui traverse le canal carpien.
La position maintenue en pronation - paume vers le bas - combinée aux mouvements latéraux constants provoque une compression des tissus mous. Cette compression peut entraîner des inflammations tendineuses et, à terme, des syndromes canalaires nécessitant une intervention chirurgicale.
Les études épidémiologiques montrent que les utilisateurs intensifs effectuent jusqu'à 500 repositionnements horaires de leur souris. Chaque mouvement engage non seulement le poignet mais aussi l'articulation du coude et l'épaule, créant une chaîne de contraintes biomécaniques ascendantes.
La prévention passe par l'alternance des postures et l'adaptation ergonomique du matériel. Les nouvelles conceptions visent à réduire l'amplitude des mouvements tout en favorisant des positions anatomiquement neutres pour les articulations.