🦴 Ces pattes de trilobites révèlent un dynamisme inattendu

Publié par Adrien,
Source: BMC Biology
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Il y a plus de 500 millions d'années, d'étranges créatures aux corps segmentés parcouraient les fonds marins. Parmi elles, les trilobites, des arthropodes anciens dont la carapace dure est bien connue des paléontologues, mais dont les membres mous restaient largement mystérieux. Grâce aux conditions exceptionnelles de préservation du schiste de Burgess en Colombie-Britannique, une équipe de chercheurs a pu percer le secret de leur locomotion en étudiant Olenoides serratus, une espèce abondante et remarquablement conservée.

Les arthropodes, comme les insectes ou les crustacés modernes, possèdent des pattes articulées composées de plusieurs segments qui leur permettent de se déplacer, de creuser ou de saisir de la nourriture. Ces mouvements dépendent de l'amplitude de flexion et d'extension de chaque articulation. Pour comprendre comment fonctionnaient les membres des trilobites, les scientifiques ont analysé 156 pattes provenant de 28 spécimens fossiles, en utilisant des techniques de modélisation 3D avancées pour reconstituer leurs mouvements précis.


Un spécimen complet avec antennes et membres (USNM PAL 65510) et les membres de GSC 34695a montrant divers degrés de flexion et d'extension.
Crédit: Sarah R. Losso

Contrairement aux limules, souvent comparées aux trilobites bien qu'elles appartiennent à une branche différente des arthropodes, Olenoides serratus présentait une conception de membre plus simple mais très fonctionnelle. Ses pattes avaient une amplitude d'extension réduite, principalement dans la partie éloignée du corps, ce qui lui permettait de marcher, de creuser dans les sédiments, d'amener de la nourriture vers sa bouche et même de soulever son corps au-dessus du fond marin pour se déplacer dans des eaux turbulentes.

Les chercheurs ont également découvert que les mâles possédaient des appendices spécialisés pour l'accouplement, et que chaque patte était équipée d'une branchie pour la respiration. Cette révélation ajoute une dimension comportementale à notre compréhension de ces animaux, montrant qu'ils menaient une vie active. La rareté de tels détails dans les fossiles s'explique par la difficulté de conservation des tissus mous, qui nécessitent des conditions très spécifiques comme celles du schiste de Burgess, où des glissements sous-marins rapides ont préservé ces structures délicates.


Modèle montrant différentes combinaisons de flexion et d'extension permettant à l'animal de se tenir debout, de creuser ou d'apporter de la nourriture.
Crédit: Walker C. Weyland

Cette étude, publiée dans BMC Biology, ouvre une fenêtre unique sur la vie dynamique des océans primitifs, révélant comment les trilobites ont non seulement survécu, mais prospéré grâce à leurs membres sophistiqués. Elle souligne l'importance des analogies avec les animaux modernes, tout en mettant en lumière les différences évolutives qui ont façonné le succès de ces anciens habitants des mers.

La fossilisation exceptionnelle du schiste de Burgess


Le schiste de Burgess est un site fossilifère situé dans les montagnes Rocheuses canadiennes, célèbre pour sa préservation remarquable des tissus mous d'organismes vieux d'environ 508 millions d'années. Contrairement à la plupart des fossiles, qui ne conservent que les parties dures comme les os ou les coquilles, ce site a permis de préserver des détails fins tels que les membres, les intestins et même les yeux de diverses créatures marines.

Cette conservation exceptionnelle est due à des conditions géologiques uniques: des avalanches sous-marines de boue fine ont rapidement enseveli les organismes, les privant d'oxygène et limitant la décomposition. Ce processus, appelé conservation par obrution, a piégé les spécimens dans un état quasi intact, offrant aux scientifiques un aperçu sans précédent de la vie durant la période cambrienne.

Le schiste de Burgess a été découvert en 1909 par le paléontologue Charles Walcott et a depuis révélé plus de 65 000 spécimens appartenant à plus de 170 espèces. Parmi elles, de nombreux arthropodes primitifs, dont les trilobites, qui dominent les assemblages fossiles et fournissent des informations sur l'évolution précoce des animaux.

Aujourd'hui, le site est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et continue d'être étudié pour comprendre comment ces environnements anciens ont influencé la biodiversité. Les recherches récentes, comme celle sur Olenoides serratus, s'appuient sur ces fossiles pour reconstituer non seulement l'anatomie, mais aussi le comportement et l'écologie de ces organismes disparus.

L'évolution des membres chez les arthropodes


Les arthropodes forment le plus grand groupe d'animaux sur Terre, incluant les insectes, les arachnides, les crustacés et les trilobites éteints. Leur succès évolutif est largement dû à leurs membres articulés, qui leur confèrent une grande adaptabilité pour se déplacer, se nourrir et interagir avec leur environnement.

Ces membres sont composés de segments rigides reliés par des articulations flexibles, permettant une gamme de mouvements tels que la flexion (mouvement vers le bas) et l'extension (mouvement vers le haut). La morphologie de chaque segment, ainsi que l'amplitude des mouvements, déterminent la fonction spécifique de la patte, par exemple pour la marche, la nage ou la prédation.

Chez les trilobites comme Olenoides serratus, les membres étaient probablement utilisés pour une variété de tâches, y compris la locomotion sur le fond marin, le creusement dans les sédiments pour se cacher ou chercher de la nourriture, et la manipulation d'objets. La présence de branchies sur chaque patte indique également une adaptation à la respiration aquatique, essentielle pour la vie dans les océans anciens.

L'étude des membres fossiles aide à retracer l'histoire évolutive des arthropodes, montrant comment des designs simples ont pu évoluer vers des structures plus spécialisées chez les groupes modernes. Cela illustre l'importance de la plasticité morphologique dans la radiation adaptative qui a caractérisé l'explosion cambrienne, une période clé de diversification de la vie sur Terre.
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