Problèmes éthiques de certaines recherches en thérapie génique

Publié par Michel,
Source: Communiqué de presse de l'Université McGill
Illustration: Université McGillAutres langues:
Restez toujours informé: suivez-nous sur Google Actualités (icone ☆)

Les études cliniques précoces dans les pays à faible et moyen revenu doivent répondre aux besoins locaux, soutiennent des éthiciens de l'Université McGill de Montréal et de la Carnegie Mellon University.

Dans le cadre d'essais cliniques précoces portant sur des thérapies géniques, on recrute des patients dans les pays en développement, ce qui a pour conséquence de donner à des populations défavorisées sur le plan des services médicaux accès à des interventions prometteuses, mais dont les effets sur l'humain demeurent en grande partie inconnus. Selon l'article rédigé par des bioéthiciens de la Carnegie Mellon University et de l'Université McGill et publié cette semaine dans The Lancet, cette pratique pourrait être contraire aux règles d'éthique internationales en matière de justice.

"De nombreuses raisons peuvent expliquer que des chercheurs recrutent des sujets d'étude dans des pays en développement, affirme Alex John London, auteur principal de Justice in Translation: From Bench to Bedside in the Developing World, et directeur du Center for the Advancement of Applied Ethics and Political Philosophy de la Carnegie Mellon University. Cependant, une telle pratique soulève de graves questions éthiques lorsque la recherche profite de la pauvreté des gens dans les pays en développement pour faire avancer des études qui ne répondent à aucun des urgents besoins sanitaires de ces collectivités."

M. London et son coauteur, M. Jonathan Kimmelman, professeur adjoint de l'Unité d'éthique biomédicale de l'Université McGill, pressent les commanditaires de recherches dans les pays à revenu faible et moyen (PRFM) de s'assurer que ces études répondent aux besoins sanitaires les plus urgents de ces populations. Les auteurs soulignent également que toute intervention découlant de ces recherches devrait être abordable et facile à mettre en œuvre dans les systèmes de santé de ces pays.

D'autres auteurs ont déjà exploré les enjeux éthiques liés aux études cliniques de stade plus avancé au cours desquelles l'innocuité et l'efficacité des interventions ont déjà été établies en grande partie, mais MM. London et Kimmelman sont les premiers à se pencher sur les enjeux plus compliqués qui caractérisent les études cliniques précoces, dont le risque est plus élevé.

"Notre réflexion porte sur des agents complexes, comme la thérapie génique, qui sont mis à l'essai pour la première fois chez l'humain", indique M. Kimmelman.

Diverses raisons peuvent pousser les chercheurs à se tourner vers les pays en développement pour le recrutement de sujets d'études cliniques. Dans certains cas, les patients sont recrutés dans les PRFM parce que certaines maladies, comme la malaria, y sont plus courantes. Dans d'autres cas, les maladies sont tellement rares qu'il faut recruter des patients à l'échelle mondiale. Enfin, il semble que dans certaines études cliniques, on ait recruté des patients qui n'avaient pas accès à des traitements déjà couramment offerts dans les pays développés. Ces patients constituent un bassin de sujets "naïfs" auxquels n'auraient pas accès les chercheurs autrement. Les patients naïfs présentent un grand attrait, puisqu'ils permettent aux chercheurs d'observer les résultats d'une intervention sur un canevas vierge en quelque sorte.

Faisant écho aux exigences clairement exprimées dans divers documents internationaux sur l'éthique, notamment par l'Organisation mondiale de la santé, MM. London et Kimmelman pressent les commanditaires de recherches dans les PRFM de s'assurer que leurs travaux répondent aux besoins sanitaires les plus urgents de ces pays. Le fait de s'assurer que ces études respectent cette exigence constitue un pas important vers la libération du vaste potentiel de la recherche innovatrice, comme la thérapie génique, pour des populations souvent aux prises avec des besoins sanitaires colossaux.

"Notre objectif n'est pas de restreindre la recherche dans les PRFM, précise M. London, qui est également professeur agrégé de philosophie à la Carnegie Mellon University. Nous voulons que les commanditaires d'études tiennent vraiment compte du lien qui existe entre un projet de recherche et les besoins des collectivités d'où proviennent les participants à l'étude."

Page générée en 0.279 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise