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La recherche scientifique désigne en premier lieu l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances scientifiques. Par extension métonymique, la recherche scientifique désigne également le cadre social, économique, institutionnel et juridique de ces actions.
Vie scientifique | ||
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Chercheur | Laboratoire | |
Recherche | Financement | |
Congrès | Publication | |
Valorisation | Médiation | |
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S'il existe depuis la haute antiquité des formes de réflexion spéculatives sur le monde, ainsi que quelques tentatives de son exploration raisonnée, ces démarches scientifiques ou protoscientifiques relèvent jusqu'au XVIe siècle d'initiatives isolées, sont le plus souvent le fait d'individus savants et passionnés. La recherche scientifique n'existe pas encore en tant qu'encadrement institutionnel des pratiques scientifiques.
On peut cependant relever l'existence de quelques embryons d'une telle organisation, avec les lycées antiques, les écoles philosophiques, les universités médiévales, les monastères, ou le système du mécénat.
C’est au XVIe siècle, en particulier avec Francis Bacon (1561-1626), qu’est précisée l’idée que la science peut et doit organiser en vue d'une maîtrise de la nature et du développement des nations. En affirmant ainsi l’intérêt économique et politique du progrès scientifique, et la nécessité pour les gouvernants de ne pas mésestimer la valeur de leurs savants, Bacon pose les bases d'une recherche scientifique institutionnalisée, encadrée par une politique scientifique participant à l’organisation des travaux des savants pour mieux servir le progrès économique et militaire de la nation. Dans son utopie de la Nouvelle Atlantide, Bacon imagine en particulier une " Maison de Salomon ", institution préfigurant nos modernes établissements scientifiques, où sont rassemblés tous les moyens d'une exploration scientifique du monde[1]. Cette Maison de Salomon inspirera la création de la Royal Society, en 1660[2].
Mais si Bacon peut symboliser un moment important de l'institutionnalisation de la recherche, il n'en est pas pour autant l'unique fondateur. Ses textes traduisent une idée qui se cristallise à son époque, et qui commence à se manifester au travers de l'Europe.
C'est au cours du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle que se développent les Académies, qui sont la première véritable manifestation de l'institutionnalisation de la recherche, jusque là organisée au gré des mécènes.
Il faut cependant attendre le XIXe siècle pour que la recherche se professionnalise réellement, avec l'apparition des premiers chercheurs.
La Seconde Guerre mondiale a été le déclencheur de la conception de nombre des systèmes d'intégration de la recherche dans la stratégie de développement économique et de défense des États modernes. Vannevar Bush, aux États-Unis, est considéré comme un pionnier de cette organisation, qui a fait pression sur le monde politique pour la création de différentes instances, dont la National Science Foundation.
La recherche scientifique recouvre des réalités très hétérogènes.
Le manuel de Frascati, pour satisfaire des besoins statistiques, définit plusieurs types de recherche :
Il faut également bien sûr prendre soin de distinguer les différents secteurs disciplinaires : la recherche en philosophie est évidemment très différente de celle en biologie moléculaire ou en archéologie.
On peut également distinguer, à la suite des travaux de Terry Shinn, différents régimes de recherche : régime utilitaire, académique et technico-instrumental.
Selon les différentes formes de recherche rencontrées, différentes sortes de normes et de règles encadrent les pratiques scientifiques.
Ces normes et ces règles ne sont pas toujours d'ordre juridique. La sociologie des sciences rapporte ainsi l'existence de normes propres au champ scientifique.
Les différentes formes de recherche se distinguent également par les différentes normes "techniques" qui y guident l'activité intellectuelle. C'est l'objet des épistémologies régionales d'analyser et comprendre ces impératifs épistémiques locaux. De même, la "méthode scientifique" n'est pas là même selon les différents régimes de recherche.
Les différentes formes de recherche se distinguent par le système normatif qui les encadre, mais aussi de manière plus concrète par les lieux, les métiers, les modes de financement et d'évaluation, etc...
Ce sont ces différents point qui sont développés ci-dessous.
La recherche scientifique est généralement inscrite dans des lieux particuliers, qui offrent aux chercheurs les moyens d'exercer leur activité. Ces lieux peuvent être des laboratoires, mais ce n'est pas systématiquement le cas.
Les laboratoires, qui peuvent aussi bien être publics que privés, sont les lieux privilégiés où se déroule l'activité de recherche. Y sont rassemblés des chercheurs, des techniciens et des administratifs qui, dans l'idéal, collaborent autour d'un ou de plusieurs projets ou sujets de recherche. Ces chercheurs y partagent les ressources et les moyens rassemblés dans le laboratoire.
Il existe des laboratoires tant pour les sciences exactes que pour les sciences humaines et sociales.
La taille et la structure des laboratoires peuvent considérablement varier. Certains peuvent rassembler une poignée d'individus autour d'un instrument, le tout rassemblé dans quelques pièces d'une université. D'autres peuvent associer des milliers de collaborateurs, physiquement éparpillés sur toute la planète en différents lieux (qui eux-mêmes peuvent constituer un "laboratoire", ou des "antennes" du laboratoire principal).
Pour de nombreuses disciplines, en particulier celles des sciences humaines et sociales, l'activité de recherche peut se dérouler hors des murs du laboratoire. C'est évident pour le philosophe, mais ce peut être également le cas du mathématicien, du sociologue, de l'historien.
Outre ces situations particulières où l'activité de recherche peut accompagner le chercheur où qu'ils soient, certaines disciplines se distinguent par leurs propres lieux de recherche : les centres d'archives pour l'historien, le chantier de fouille pour l'archéologue, le "terrain" pour le sociologue ou l'anthropologue, l'observatoire pour l'astronome, ...
La recherche vise évidemment à produire des connaissances scientifiques. Mais ces connaissances peuvent prendre des formes diverses : il peut s'agir de publications, de rapports, de brevets, de communications orales, etc... Enfin, ces connaissances peuvent être incorporées dans de nouvelles machines, de nouveaux instruments ou dispositifs. Ce sont tous ces produits qui, en étant diffusé au sein de la communauté scientifiques, permettent au chercheur d'être reconnu par ses pairs, et de recevoir en retour les moyens nécessaire à la poursuite de son travail.
Les chercheurs scientifiques publient leurs travaux dans diverses catégories de publications:
Le terme de " publication scientifique " ne recouvre normalement que les trois premiers cas, c’est-à-dire des publications techniques évaluées par un comité scientifique, dirigées vers un public de spécialistes uniquement (chercheurs du domaine et de domaines proches, et plus rarement ingénieurs confrontés à un problème d'ordre fondamental). Les scientifiques peuvent en revanche être sollicités par des médias visant le grand public à des fins de vulgarisation scientifique, par exemple dans des magazines de vulgarisation scientifique (Pour la Science, Science et Vie, etc.), mais aussi dans le cadre d'émissions audiovisuelles.
Les brevets ont commencé à se multiplier dans le monde de la recherche au cours des années 1980. Naturellement, ils restent un produit plus caractéristique de la recherche privée que de la recherche publique. Le monde académique développe cependant cette forme de publication de ses travaux.
La recherche technico-instrumentale est un type de recherche particulier[3]
La recherche scientifique regroupe différents corps de métier : chercheurs bien sûr, mais également ingénieurs, techniciens, administratifs...
Un chercheur n'a pas nécessairement de statut qui reconnaisse la spécificité de son métier. Est chercheur celui dont la fonction professionnelle consiste à contribuer de manière originale à la production de connaissances scientifiques. Il peut ne pas avoir le titre de chercheur, mais être considéré comme tel par la communauté scientifique[4]. Il peut aussi bien être membre bénévole d'une association ou d'une ONG, ingénieur dans une entreprise de haute technologie que membre d'un laboratoire de recherche. Une part essentielle de la recherche scientifique moderne, et pratiquement la totalité de la recherche fondamentale, est cependant faite soit au sein de laboratoires de recherche, soit en collaboration étroite avec ceux-ci.
La recherche n'est pas nécessairement la seule activité du chercheur. D'autres missions peuvent lui être confiée. Des missions d'expertise dans le cadre d'une entreprise. Des missions d'enseignement dans le cadre d'une université. Le couplage enseignement recherche est de loin le plus courant, les universités occupant généralement une place centrale dans les systèmes nationaux de recherche[5].
La frontière est floue entre chercheurs, ingénieurs et techniciens. Certains parmi les seconds ont une véritable activité de recherche, publient des articles et développent des travaux originaux, tandis que d'autres parmi les premiers font plutôt du développement.
Cependant, cette distinction peut renvoyer, en France en particulier, à une différence statutaire.
La plus grande partie de la recherche est aujourd'hui financée sur fonds privés. l'État joue cependant un rôle toujours important et central dans le financement de la recherche, que cela soit en France ou dans les autres pays développés.
Ces financements peuvent être attribué directement à des chercheurs, mais également à des équipes de recherche, des laboratoires, des institutions, des groupements d'institutions, des collectivités territoriales, etc...
Ces financements sont évidemment le salaire des personnels, lorsqu'il sont en CDI ou ont le statut de fonctionnaire.
Ces financements récurrents sont également les dotations des laboratoires.
Pour parvenir à des objectifs de politique scientifique, les organismes de financement de la recherche peuvent aussi lancer des appels d'offre sur des thèmes prédéfinis. Les groupes de chercheurs intéressés par la proposition vont ensuite candidater pour que le projet leur soit attribué. Dans ce type de procédure, l'autonomie de la science peut cependant être mise à mal par la formulation de projets où la réponse souhaitée par le financeur apparaît implicitement.
Alternativement, l'initiative peut venir d'une organisation extérieure à la recherche : par exemple une entreprise rencontrant un problème spécifique, mais aussi une association ou tout acteur de la société civile. Ceux-ci peuvent susciter des appels d'offres financés, ou tenter de contacter les chercheurs et de les intéresser au problème de façon à ce qu'ils relaient l'initiative.
Les formes d'évaluation de la recherche diffèrent très sensiblement selon les secteurs. Elles peuvent porter sur plusieurs niveaux : les chercheurs eux-mêmes, leurs laboratoires et les institutions accueillant ces laboratoires. De surcroît, les systèmes nationaux de recherche sont eux-mêmes évalués et comparés entre eux (benchmarking), en sorte d'améliorer et d'adapter les politiques de recherche.
Les chercheurs sont doublement évalués :
Naturellement, ces deux formes d'évaluation sont liées, la première reposant en grande partie sur la seconde, qui est la pierre angulaire du fonctionnement de la science.
Dans les sociétés modernes, où l'effort de recherche est financé par l'État ou des entreprises privées, un fort besoin d'évaluer l'efficacité des efforts de recherche est apparu. Dans le cas de la recherche fondamentale cependant, il est difficile, à court terme au moins, de déterminer la portée des résultats obtenus. L'évaluation se base donc sur des indicateurs concernant la communication de résultats par les chercheurs, la continuité des recherches basées sur ces résultats, la reconnaissance des avancées réalisées par le reste de la communauté scientifique, et, dans les cas où cela est pertinent, la valorisation commerciale ou sociale des résultats.
Cette évaluation peut être effectuée sur une base individuelle ou collective. Selon les critères employés et les choix qui découlent de l'évaluation, des effets pervers peuvent apparaître, les chercheurs infléchissants leurs choix pour améliorer leur évaluation plutôt que la qualité scientifique réelle de leur production.
L'évaluation se fait en amont et en aval.
Dans le contexte académique, l'initiative d'un projet peut-être le fait d'un chercheur, ou d'un groupe de chercheurs, ayant une expérience suffisante pour discerner une direction intéressante de recherche, basée sur les travaux précédents de la communauté scientifique. Une fois la problématique posée, les chercheurs peuvent définir une démarche qui soit susceptible de lui apporter des éléments de réponse, ce qui définit un projet.
Les besoins en moyens humains et matériels peuvent alors être évalués. Parfois, ceux-ci peuvent être déjà entièrement couverts par des moyens à la disposition des chercheurs, si ces derniers disposent d'un statut leur assurant une période d'emploi et une autonomie de décision suffisante. La plupart du temps cependant, il est nécessaire ou souhaitable de disposer de moyens supplémentaires, par exemple pour des frais de déplacement (réunions entre chercheurs travaillant dans des lieux différents, congrès), d'embauche de personnel contractuel (chercheur post-doctoral) ou de moyens expérimentaux, d'enquête, etc. Une demande de financement doit donc être déposée auprès d'un organisme de financement de la recherche. Le succès de cette demande dépendra des choix de politique scientifique de l'organisme.
Plusieurs niveau d'organisation de la recherche peuvent être distingué : le niveau des institutions, des nations et des entités supranationales, mais aussi celle des entités infranationales (commune, région, département, plus généralement organisation locales).
Les laboratoires de recherche sont généralement regroupés au sein d'institutions plus larges : entreprises, hopitaux, universités, centre de recherche, association. C'est d'abord au niveau des ces institutions qu'est organisé la recherche scientifique. Ce sont ces institutions qui peuvent définir les dispositifs d'évaluation, organiser la répartition des moyens, structurer les équipes, etc...
Cependant, ces institutions n'ont pas toujours l'autonomie nécessaire pour définir l'organisation de leur recherche. Cela peut dépendre de leur propre situation (une entreprise rachetée par un grand groupe peut perdre cette autonomie), ou du cadre national. Ainsi, en France, c'est au niveau national que sont définis les grandes lignes de l'organisation de la recherche publique, y compris au niveau institutionnel.
En majeure partie, la recherche scientifique est menée dans des universités ou d'autres établissements d'enseignement supérieur, dans des organismes de recherche privés ou publics (EPST et EPIC en France), et dans les divisions de recherche des entreprises.
Les régions jouent un rôle de plus en plus important dans l'organisation de la recherche, avec le développement de structure rassemblant divers acteurs institutionnels (université, entreprise, organismes, ...). Ces structures peuvent être des parcs scientifiques, des technopôles, ou plus récemment des pôles de compétitivité. Les différentes subdivision administratives du territoire national (régions, länders, état, etc.) sont souvent fortement impliquées dans ces structures, qui intéressent directement le tissu économique local.
Mais indépendamment même de ces strates administratives, la recherche peut spontanément s'organiser au niveau local, pour donner parfois des résultats particulièrement impressionnant. C'est par exemple le cas de la célèbre Silicon Valley, qui a vu se former une division du travail particulièrement efficace entre un tissu serré de petites entreprises de haute technologie, quelques très grandes entreprises et des centre de recherche (en particulier l'université de Stanford).
Au niveau national, les États définissent des politiques de recherche qui déterminent non seulement le financement public de la recherche, mais aussi une grande partie du contexte institutionnel et juridique de la recherche. Se posent en particulier des questions sur le pilotage de la recherche et sur les grandes orientations stratégiques.
Enfin, la recherche peut s'organiser au niveau international. Il s'agit en particulier de la recherche communautaire, qui est aujourd'hui la forme la plus intégrée de différents systèmes nationaux de recherche.
Mais d'autres formes de collaborations internationales en matière de recherche se développent également, généralement sur des questions précises ou sur des projets particuliers. C'est par exemple le cas de nombreux programmes d'exploration spatiales, dont les coûts imposent d'organiser les phases de recherche au niveau international.
Les retombées issues des progrès scientifiques sont de plusieurs ordres, bénéficiant à différents acteurs :
Ces retombées rendent la recherche scientifique désirable, dans la mesure ou elle n'enfreint pas les principes d'éthique et de précaution. Le jeu des intérêts des bénéficiaires potentiels conduit donc les décideurs politiques et économiques à organiser et à financer la recherche. Cependant, ces décideurs ne peuvent maîtriser le processus qui mène à la découverte scientifique, celle-ci n'étant pas toujours concevable au moment où les recherches sont entreprises : le pilotage de la recherche n'est donc possible que de façon limitée.
Le rôle d'expertise dévolu aux chercheurs suppose aussi que ceux-ci sont indépendants d'intérêts commerciaux et de dogmatismes, qui pourraient biaiser leur réponse. L'organisation et le financement de la recherche doivent donc permettre l'autonomie de la science.
Afin de tenter de concilier ces différentes contraintes sur le fonctionnement de la recherche scientifique, un système complexe s'est peu à peu mis en place depuis 1945, avec un équilibre sans cesse modifié entre pilotage extérieur et autonomie des chercheurs, entre évaluation administrative et par les pairs, et où interviennent des capitaux publics et privés, le tout dans un cadre fixé par la législation.
Enfin, une nouvelle approche dans l'intégration de la recherche dans la société civile émerge actuellement, où des associations peuvent faire des appels d'offre de recherche qui sont ensuite subventionnés.
Les sociétés modernes sont confrontées à l'introduction de technologies toujours plus avancées, dont la réglementation nécessite une évaluation des risques et des bénéfices. Ainsi, l'énergie nucléaire a l'avantage d'être de production peu coûteuse et peu polluante, mais le devenir des déchets produits est problématique. Afin de prendre une décision, il est nécessaire d'avoir une expertise des différentes options pour la gestion de ces déchets, qui évalue, en se basant sur les connaissances disponibles, les probabilités des risques associés. Une décision politique, basée sur une appréciation de l'acceptabilité de ces risques, peut ensuite être prise.
Pour cela, il est crucial que les chercheurs ne soient pas influencés dans leur travail par des intérêts politiques ou commerciaux (voir ci-dessus), ou par une pression médiatique.
Une autre cause de biais parfois dénoncée est l'intérêt personnel du chercheur, qui peut souhaiter qu'un équipement comme Iter soit bâti parce que sa recherche en bénéficiera, et ainsi tendre à accepter plus facilement les risques associés. Plus généralement, les chercheurs sont susceptibles de survaloriser le progrès scientifique pour lui-même. Cependant, l'appréciation elle-même des risques n'est pas du ressort de l'expert, et il appartient donc au politique et non au chercheur de décider de leur acceptabilité.
Les scientifiques de différent domaines (médecine, sciences forensiques…) peuvent également être experts pour une décision de justice, là encore, leur indépendance est nécessaire, et leur rapport ne doit pas être confondu avec la décision de justice elle-même.
Un scientifique peut être amené, dans le cadre de ses activités professionnelles, à trancher des questions ayant un contenu moral ou éthique. Cela peut concerner :
En 1955, le manifeste Russell-Einstein donna naissance au mouvement Pugwash, dont les conférences ont voulu être la conscience morale des scientifiques.
Les activités biomédicales sont particulièrement concernées par les problèmes éthiques ; citons ainsi, notamment, la controverse autour des techniques de clonage et de leur hypothétique application à la personne humaine. En 1994, l'unité de bioéthique de l'UNESCO recensait plus de deux cents comités d'éthique nationaux.
Aujourd'hui les grands thèmes de réflexion éthique sont:
La bioéthique est un débat actuel et regroupe les oppositions existantes par exemple sur la possibilité d'utiliser des embryons pour des expériences scientifiques.
Il est généralement accepté que l'État doit assurer l'indépendance de la recherche publique, en garantissant que les chercheurs ne seront pas influencés dans leur travaux par des circonstances extérieures. Il est par exemple évident qu'un chercheur ne doit pas être influencé par des intérêts commerciaux. Il ne doit pas non plus être influencé par des dogmes, qu'ils soient idéologiques ou religieux. Enfin, il ne doit pas être influencé par un gouvernement.
Outre la liberté d'expression, cette autonomie nécessite la stabilité de l'emploi du chercheur et des mécanismes sains d'évaluation et de financement de la recherche.
Cependant, la société au sein de laquelle la recherche est menée est confrontée à des problèmes qu'elle souhaite voir abordés de façon prioritaire par les chercheurs — leur autonomie doit donc avoir certaines limites. Les décideurs introduisent pour cela des modes de pilotage de la recherche, permettant d'inciter les chercheurs à travailler sur ces axes. Un compromis est donc indispensable entre autonomie et pilotage de la recherche.
Ces trois catégories sont parfois mêlée de manières indistinctes. Il s'agit pourtant de phénomènes totalement différents, et qui ne relève pas toujours du pathologique.
La recherche scientifique ne consiste pas en l'application d'une méthode infaillible. Elle se nourrit des erreurs et des errements des chercheurs, dont la démarche est souvent fondamentalement incertaine. Les grandes découvertes sont rarement le fruits d'un programme préétabli, elles apparaissent souvent de manière inattendue. Cette particularité de la recherche scientifique porte un nom : c'est la sérendipité.
L'histoire montre que les plus grands savants ne sont pas à l'abri d'erreurs. Galilée a par exemple soutenu une théorie sur les marées en contradiction avec des observations connues de lui, qu'il attribuait à des causes secondaires indéterminées (lire en anglais). Il ne faut cependant pas adopter une lecture contemporaine de ces erreurs, et il importe de bien garder à l'esprit que ces erreurs, dans le contexte scientifique d'une époque particulière, n'avaient souvent rien d'évident.
Enfin, il faut garder à l'esprit le caractère collectif de la recherche scientifique. Si l'erreur peut être un problème pour le chercheur comme individu, elle est essentielle à la marche en avant du processus collectif de production des connaissances scientifiques.
La fraude est très différente de l'erreur. Mais là encore, il faut se garder d'une vision unilatérale et anachronique de la fraude. Les normes encadrant l'administration de la preuve ne sont pas aujourd'hui ce qu'elles étaient hier. On pouvait tolérer hier de retoucher quelques données, ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Des analyses statistiques ont montré que Mendel, le père de la génétique moderne, a probablement arrangé des résultats, sans doute en omettant des données jugées trop éloignées du résultat attendu, et également en se focalisant sur un cas particulier bien choisi (lire en anglais).
La fraude scientifique peut prendre de multiples formes :
D’autres comportements, sans prendre le caractère d’une fraude, s’en rapprochent : ainsi, la présentation d’un résultat scientifique pour ce qu’il n’est pas, la présentation du même résultat dans plusieurs publications, etc.
Son but est le plus souvent de permettre la construction d’une notoriété scientifique, mais d’autres raisons peuvent apparaître (justification de financements, etc.).
La principale cause de la fraude scientifique est le fait que la carrière des chercheurs dépend de leurs résultats : recrutements, promotions, etc., se font le plus souvent au vu de la production scientifique, c’est-à-dire essentiellement des publications scientifiques. Il peut donc être tentant d’augmenter artificiellement ce nombre. Les équipes et laboratoires sont en concurrence, et chacun essaye d'apparaître comme le meilleur.
Les publications scientifiques sont évaluées par d’autres scientifiques, lesquels ne peuvent le plus souvent pas reproduire les expériences des candidats à la publication. L'évaluateur peut ainsi se trouver dans la position inconfortable de
Il est rare qu’une fraude soit détectée au moment de l’évaluation. Par ailleurs, dans la plupart des cas, les erreurs dans les publications scientifiques sont commises de bonne foi, parfois par manque de rigueur (voir ci-dessus), parfois simplement parce que la vérité est hors de la portée de l'étude.
La justice intervient rarement dans des affaires de fraude scientifique ; cela arrive cependant parfois, notamment dans des affaires médiatisées où l’un des participants accuse l’autre de diffamation. Cependant, les organismes de recherche ou les universités peuvent être pourvues d’instances disciplinaires pouvant sanctionner professionnellement un manquement grave à la probité scientifique. Ces dernières années, un certain nombre de fraudes ont défrayé la chronique.
Quelques exemples de fraudes célèbres :
Mais l'accusation de fraude scientifique pose problème. La Société Géologique de France a d'ailleurs réhabilité en 1991 un scientifique condamné pour fraude en 1919: Jacques Deprat. C'est le seul cas connu de réhabilitation, à titre posthume.
Elle est un élément très important de la dynamique de la science.