Air irrespirable à New York: l'impressionnante fumée vue de l'espace

Au début du mois de juin, d'énormes quantités de fumée provenant des gigantesques feux de forêts au Québec ont traversé la frontière américaine, détériorant l'air respiré par les habitants du nord-est des États-Unis.


Habituellement, le vent souffle vers l'est, en direction de l'océan. Mais cette fois-ci, un anticyclone persistant centré près de l'Île-du-Prince-Édouard a poussé la fumée vers le sud, aux États-Unis. La fumée, visible dans l'image du satellite GOES-16, opéré par la NOAA et avec le soutien de la NASA, a envahi New York et la Pennsylvanie le matin du 7 juin 2023.

En raison de la proximité du Québec avec le nord-est des États-Unis, une grande proportion de fumée a atteint le niveau du sol. Le 7 juin, les capteurs de qualité de l'air ont enregistré à Syracuse, à New York, des niveaux de particules fines (PM2.5) supérieurs à 400 microgrammes par mètre cube d'air.

Selon Ryan Stauffer, un scientifique de l'atmosphère basé au Centre spatial Goddard de la NASA, "la pollution par la fumée de surface de New York est la plus importante depuis au moins juillet 2002". Cet événement pourrait même surpasser l'importante pollution par la fumée observée en 2002.


Les satellites de la NASA ont collecté des données pendant l'événement. Les satellites Terra, Aqua et Aura observent la manière dont les particules de fumée affectent la quantité de lumière absorbée et réfléchie par l'atmosphère. Pendant ce temps, des données de MPLNET et AERONET de la NASA indiquent qu'une grande quantité de fumée est présente près de la surface.

Cette fumée dense, rare dans l'est des États-Unis, affecte la couleur du Soleil. "Sous de fortes conditions de fumée, nous voyons des levers et des couchers de soleil rougeâtres car les particules dispersent et absorbent plus facilement les longueurs d'onde courtes de la lumière du Soleil", explique Stauffer. Dans des cas extrêmes, le soleil peut même être complètement obscurci.

La photographie ci-dessus a été prise par Colin Seftor, un scientifique basé au Centre spatial Goddard de la NASA. Les données de MPLNET montrent une colonne de fumée multicouche, épaisse de la surface jusqu'à environ 3 kilomètres d'altitude, puis une couche plus mince à environ 6 kilomètres et une couche encore plus fine à environ 12 kilomètres.

Un danger significatif pour la santé

Respirer un air contenant des particules fines (PM2.5) à de fortes concentrations présente des risques significatifs pour la santé humaine. Ces particules, dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres, sont suffisamment petites pour être inhalées profondément dans les poumons et peuvent atteindre la circulation sanguine. Elles proviennent principalement de la combustion de combustibles fossiles, des incendies de forêt et de divers processus industriels.


Une exposition prolongée à de tels niveaux de PM2.5 peut provoquer ou aggraver des problèmes de santé tels que l'asthme, la bronchite, et d'autres maladies respiratoires. Elle peut également accroître le risque de maladies cardiovasculaires, comme les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.

Une telle exposition est également associée à un risque accru de cancer, en particulier le cancer du poumon. Ces particules microscopiques, une fois inhalées, peuvent pénétrer profondément dans les poumons. Elle peuvent ainsi provoquer des inflammations et des dommages qui, avec le temps, peuvent conduire à des mutations cellulaires et au développement de tumeurs malignes.

Une exposition prolongée à des niveaux élevés de PM2.5 peut ainsi entraîner une diminution de l'espérance de vie.