Une découverte paléontologique sur l'île écossaise de Skye révèle les restes fossilisés d'un reptile du Jurassique au physique étonnant, mêlant caractéristiques de lézard et de serpent. Cette trouvaille exceptionnelle éclaire d'un jour nouveau l'évolution des reptiles durant cette période géologique lointaine.
L'animal, baptisé Breugnathair elgolensis – ce qui signifie "faux serpent d'Elgol" en référence à son anatomie déroutante et au village écossais où il fut découvert – mesurait environ 40 centimètres de long.
Il figurait parmi les plus grands lézards de son écosystème il y a 167 millions d'années. Ses dents crochues, semblables à celles des pythons actuels, et sa mâchoire allongée lui permettaient vraisemblablement de chasser de petites proies comme des mammifères primitifs ou même de jeunes dinosaures. Son corps court et pourvu de membres bien développés rappelle cependant davantage celui d'un lézard, créant une morphologie hybride unique.
Les chercheurs ont classé cette espèce au sein des Parviraptoridae, un sous-groupe des Squamates – le vaste groupe qui rassemble lézards et serpents – précédemment connu uniquement par des fragments fossiles. L'étude approfondie du spécimen, impliquant des techniques comme la tomographie computérisée (une imagerie médicale en trois dimensions) et des radiographies, a confirmé que les caractéristiques géckoïdes (ressemblant à celles des geckos) et serpentiformes coexistaient bien chez un même individu. Cette découverte met fin aux débats sur l'attribution de ces traits à des animaux distincts.
Les gisements fossilifères du Jurassique sur l'île de Skye sont d'une importance mondiale pour comprendre l'émergence des groupes de vertébrés modernes. Susan Evans, professeure de morphologie vertébrée et paléontologie à l'University College London, souligne que les lézards commençaient justement leur diversification à cette époque. La mosaïque de caractères primitifs et spécialisés observée chez Breugnathair elgolensis illustre la complexité et l'imprévisibilité des trajectoires évolutives au sein des Squamates.
Les paléontologues s'interrogent encore sur la place exacte de cette espèce dans l'arbre évolutif: s'agit-il d'un ancêtre direct des serpents, ou d'une lignée souche ayant contribué à l'émergence de tous les lézards et serpents ? Roger Benson, conservateur au American Museum of Natural History, exprime l'enthousiasme de l'équipe à l'idée de percer ce mystère, tout en reconnaissant que le fossile, bien que précieux, ne fournit pas toutes les réponses. Les recherches se poursuivent pour déterminer si les serpents ont évolué à partir de formes similaires ou ont développé indépendamment des adaptations buccales comparables.