🐧 Le mystère du manchot géant qui peuplait la Nouvelle-Zélande il y a 3 millions d'années

Publié par Adrien,
Source: Journal of Paleontology
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Il y a trois millions d'années, une espèce aujourd'hui disparue de grands manchots peuplait les côtes de la Nouvelle-Zélande, un parent éloigné des manchots empereurs et royaux que nous connaissons aujourd'hui. Cette découverte étonnante nous révèle un chapitre méconnu de l'histoire évolutive de ces oiseaux marins emblématiques.

La clé de cette révélation réside dans un crâne fossilisé exceptionnellement bien conservé, découvert sur la côte de Taranaki. Cette pièce anatomique, décrite dans une étude publiée dans Journal of Paleontology, présente des dimensions impressionnantes: 31% plus longue que celle d'un manchot empereur moderne. L'animal devait arborer un bec particulièrement robuste et allongé, évoquant davantage les traits du manchot royal actuel, mais avec une taille bien supérieure.


Comparaison du crâne fossile du grand manchot disparu (en haut) avec ceux d'un manchot royal (au milieu) et d'un manchot empereur (en bas), montrant les différences morphologiques significatives
Crédit: CC BY-NC-ND

Cette époque correspondait à une période de réchauffement climatique global où les températures dépassaient de 3°C les niveaux pré-industriels. La Nouvelle-Zélande abritait alors un écosystème marin surprenant, où cohabitaient des espèces tropicales comme les poissons-coffres et les phoques moines avec ces grands manchots adaptés à des eaux plus froides. Ces derniers évoluaient dans des eaux atteignant 20°C, une température bien plus élevée que celle supportée par leurs descendants actuels.

Le mystère de leur extinction s'épaissit lorsqu'on considère que le refroidissement climatique survenu il y a 2,58 millions d'années n'a pas affecté les autres espèces de manchots locales. Les chercheurs explorent l'hypothèse de prédateurs aériens géants comme l'aigle de Haast et le busard de Forbes, qui auraient pu cibler les colonies exposées de ces grands manchots. Contrairement aux espèces plus petites qui nichaient discrètement dans des terriers, ces géants formaient probablement des colonies visibles le long des côtes.

Cette découverte remet en question notre compréhension des limites écologiques des manchots et ouvre de nouvelles perspectives sur leur capacité d'adaptation. Alors que le climat actuel se réchauffe, l'étude de ces écosystèmes passés nous aide à anticiper les transformations futures des habitats marins et la redistribution géographique des espèces.


Les manchots modernes prospèrent dans les climats froids, ce qui interroge sur les causes de la disparition de leur ancêtre néo-zélandais
Crédit: Richard McManus via Getty Images


Les périodes de réchauffement climatique dans l'histoire de la Terre


Notre planète a connu plusieurs épisodes de réchauffement climatique bien avant l'ère industrielle. Le Miocène et le Pliocène, il y a 23 à 2,6 millions d'années, ont été marqués par des températures globales significativement plus élevées qu'aujourd'hui. Ces conditions ont permis l'expansion d'écosystèmes tropicaux vers des latitudes plus élevées.

Ces périodes chaudes étaient principalement dues à des concentrations plus élevées de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, combinées à des configurations continentales différentes et à des courants océaniques modifiés. Les calottes polaires étaient réduites et le niveau des mers pouvait être plusieurs mètres plus haut qu'actuellement.

La compréhension de ces climats passés nous vient de l'étude des carottes de glace, des sédiments marins et des fossiles. Ces archives naturelles révèlent comment les écosystèmes se sont réorganisés face à ces changements, offrant des indices précieux pour anticiper les transformations futures.

Les espèces montraient alors une grande plasticité écologique, occupant des niches inhabituelles par rapport à leur distribution actuelle. Cette flexibilité pourrait être déterminante pour la survie des espèces face au réchauffement climatique contemporain.

L'évolution et l'adaptation des manchots


Les manchots ont une histoire évolutive remarquable qui remonte à plus de 60 millions d'années. Leurs ancêtres étaient des oiseaux volants qui se sont progressivement adaptés à la vie marine, développant des ailes transformées en nageoires efficaces et un plumage imperméable.

Au cours de leur évolution, les manchots ont connu une diversification importante, avec des espèces atteignant des tailles impressionnantes. Le plus grand manchot fossile connu, découvert en Antarctique, mesurait près de 2 mètres de haut, bien plus que les plus grandes espèces actuelles.

Leur adaptation au froid est le résultat de millions d'années d'évolution en milieu polaire et subpolaire. Leur plumage dense, leur couche de graisse isolante et leur système circulatoire spécialisé leur permettent de résister à des températures extrêmes.

Cette découverte néo-zélandaise révèle que certains manchots géants étaient capables de s'adapter à des climats plus tempérés, élargissant notre compréhension de leur plasticité écologique et de leur capacité à coloniser divers environnements marins.
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