Situation hydrogéologique au 1er août 2022

Publié par Redbran le 13/08/2022 à 13:00
Source: BRGM
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En juillet, la vidange se poursuit et l'ensemble des nappes observe des niveaux en baisse. Ce constat n'est pas étonnant, compte tenu de l'absence de précipitations. L'intensité de la vidange est cependant ralentie sur de nombreuses nappes, conséquences probables des pluies de fin juin et de la diminution des prélèvements.


L'état des nappes se maintient et reste globalement proche de celui de juin. Les nappes inertielles et les nappes les moins sollicitées résistent le mieux à la sécheresse. La situation demeure cependant préoccupante pour un grand nombre de nappes qui affichent des niveaux bas à très bas. La situation est particulièrement inquiétante, avec des niveaux localement très bas notamment au centre-ouest (Poitou, Brenne, Maine, Touraine) et au sud-est (Le sud-est est la direction à mi-chemin entre les points cardinaux sud et est. Le sud-est est...) (Bas-Dauphiné, Provence et Côte d'Azur).

En août, les tendances des nappes devraient rester orientées vers la baisse. Les pluies ne devraient pas réussir à s'infiltrer en profondeur. En effet, les sols extrêmement secs favorisent le ruissellement. Les pluies efficaces, réussissant à s'infiltrer, devraient permettre d'humidifier les sols et bénéficier à la végétation, et ne pourront probablement pas atteindre les nappes.

Concernant les nappes inertielles, la situation ne devrait que peu se modifier durant les prochaines semaines, sauf sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements. Concernant les nappes réactives, les tendances et l'évolution des situations dépendront essentiellement des sollicitations en eau souterraine. La diminution des prélèvements (arrêtés de restrictions de l'usage de l'eau) devrait permettre de ralentir la décharge et d'éviter ainsi des dégradations rapides de l'état des nappes.

La situation devra être surveillée sur l'ensemble du territoire (La notion de territoire a pris une importance croissante en géographie et notamment en...) et plus particulièrement sur toutes les nappes réactives, sur les nappes inertielles affichant des niveaux bas et sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements (eau potable compris).

Tendances d'évolution

L'ensemble des nappes du territoire a bénéficié d'une recharge hivernale 2021-2022 nettement inférieure à la normale. Cette période de recharge s'est terminée entre janvier et mars, soit avec deux à trois mois d'avance, du fait de l'absence de précipitations notables. Les nappes ont alors débuté leur vidange et les niveaux sont généralement restés orientés à la baisse durant tout le printemps (Le printemps (du latin primus, premier, et tempus, temps, cette saison marquant autrefois le...) et le début de l'été.

En juillet, la vidange se poursuit et l'ensemble des nappes affiche des niveaux en baisse. Ce constat n'est pas surprenant en quasi-absence de précipitations durant le mois. De plus, les eaux infiltrées dans les sols suite aux pluies de juin ont surtout servi à humidifier les sols, au profit notamment de la végétation. Elles n'ont que très rarement réussi à s'infiltrer en profondeur et à atteindre les nappes.

Des pics de crue s'observent cependant fin juin à début juillet sur la nappe très réactive des calcaires jurassiques du Berry, sur une zone s'étendant au sud-est de Bourges. Bien que ces hausses restent momentanées, elles permettent de stabiliser le niveau des piézomètres de ce secteur. L'intensité de la vidange s'est également ralentie sur de nombreuses nappes du territoire. Ce constat peut s'expliquer par un petit épisode de recharge suite aux pluies efficaces de fin juin ainsi que par une diminution importante de la demande en eau.

Situation par rapport aux moyennes des mois de juillet

En juillet 2022, les niveaux sont peu satisfaisants et se situent autour de la moyenne (La moyenne est une mesure statistique caractérisant les éléments d'un ensemble de...) mensuelle à très bas. Cette situation peu favorable s'explique d'une part par une recharge très déficitaire et courte durant l'automne (L'automne est l'une des quatre saisons des zones tempérées. Elle se place entre l'été et...) et l'hiver 2021-2022 et d'autre part par un printemps et un début d'été particulièrement secs.

Durant le printemps, les déficits pluviométriques, conjugués localement à des fortes sollicitations en eaux souterraines, se sont traduits par une dégradation souvent rapide de l'état des nappes. Courant juillet, malgré la quasi-absence de précipitations, la décharge semble être généralement moins intense par rapport aux mois de juillet des années antérieures. L'état de la plupart des nappes parait ainsi se dégrader moins rapidement qu'habituellement et la situation reste globalement proche de celle de juin. Ce constat peut s'expliquer par le fait que les précipitations estivales, inexistantes cette année en juillet, contribuent rarement à recharger les nappes. L'anticipation (Au sens général du terme, une anticipation correspond à une phase où sont...) de la sécheresse avec la prise précoce d'arrêtés de restrictions d'usage de l'eau, a également permis de diminuer les volumes prélevés et ainsi réduire la pression (La pression est une notion physique fondamentale. On peut la voir comme une force rapportée...) sur les eaux souterraines.

L'inertie des nappes du nord de la France et du couloir Rhône-Saône implique une forte résistance aux sécheresses estivales. La détérioration de l'état des nappes a été graduelle en mars-avril, s'est accentuée courant juin mais ralentit en juillet. La situation de juillet est ainsi quasiment identique à celle de juin. Les niveaux sont bas à autour de la moyenne au droit des nappes du Bassin parisien (Le Bassin parisien est, au sens restreint, un bassin versant de la Seine qui entoure Paris. Au sens...). La situation est toutefois souvent hétérogène localement, notamment sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements. Les niveaux sont plus préoccupants, de modérément bas à bas sur les nappes du couloir Rhône-Saône.

Concernant les nappes réactives, les niveaux sont satisfaisants au sud-ouest car proches des normales. Ils sont préoccupants sur le reste du territoire, de modérément bas à très en-dessous des normales mensuelles.

Plusieurs nappes présentent des situations favorables, avec des niveaux autour des normales par rapport aux mois de juillet des années antérieures:

Les nappes des formations tertiaires de la Brie au Tardenois, inertielles et résistantes à la sécheresse, enregistrent des niveaux proches des normales ;

- Les nappes des calcaires jurassiques du Berry s'est améliorée, grâce à un épisode de recharge fin juin et début juillet au sud-est de Bourges. Les niveaux sont hétérogènes mais globalement comparables aux normales ;

- Les nappes alluviales de la Garonne amont et aval, de la Dordogne et de leurs principaux affluents ont profité de plusieurs épisodes de recharge durant le printemps et conservent des niveaux proches des normales mensuelles ;

- Les nappes alluviales de l'Adour et du Gave de Pau se sont améliorées en juillet, signe d'une décharge inférieure à la normale, et deviennent proches de la moyenne mensuelle.

- De nombreuses nappes montrent des situations moins favorables avec des niveaux bas, voire localement très bas, par rapport à tous les mois de juillet:

Au nord-est, la situation se dégrade et les niveaux sont bas sur les nappes de la craie champenoise, des calcaires jurassiques de Lorraine et des alluvions de la plaine d'Alsace ;

- Au centre-ouest, les niveaux de la nappe des sables du Maine, de la nappe de la craie de Touraine et des nappes des calcaires jurassiques du Poitou et de la Brenne sont bas voire localement très bas, conséquences des déficits pluviométriques durant l'hiver et le printemps ;

- Au sud-ouest, la décharge de la nappe du plio-quaternaire Aquitain reste rapide et la situation se dégrade pour atteindre des niveaux bas ;

- Au centre-est, les niveaux des nappes inertielles des cailloutis plio-quaternaires de Bourgogne-Franche-Comté, des alluvions et des corridors fluvio-glaciaires du Rhône moyen et de la molasse miocène du Bas-Dauphiné sont bas à très bas, héritage de plusieurs recharges successives déficitaires et d'une dégradation progressive depuis le début de l'année ;

- Au sud-est, les niveaux des nappes des alluvions et des formations complexes de Provence et de la Côte d'Azur sont toujours préoccupants, de bas à très bas, du fait de faibles recharges en 2020-2021 puis en 2021-2022 et d'un étiage estival 2021 assez sévère. Seuls les secteurs soumis à irrigation gravitaire excédentaire sont épargnés (moyenne et basse Durance) ;

- Les nappes alluviales côtières de Corse enregistrent des niveaux bas.

Prévisions

Les prévisions saisonnières de Météo-France (Météo-France est l'organisme français de météorologie, un...) annoncent des conditions plus chaudes pour le prochain trimestre. Un scénario plus sec que la normale est privilégié sur le quart nord-est du territoire et aucun scénario ne se dégage ailleurs. Des épisodes de pluviométrie importante pourraient cependant survenir ponctuellement.

Les prochains épisodes pluviométriques devraient dans un premier temps permettre d'humidifier les sols et bénéficier à la végétation. De plus, les sols actuellement extrêmement secs favorisent le ruissellement. Les pluies efficaces ne devraient donc pas réussir à s'infiltrer en profondeur jusqu'aux nappes avant l'arrivée d'épisodes pluviométriques conséquents. La vidange devrait par conséquent se poursuivre en août sur l'ensemble des nappes du territoire.

Concernant les nappes inertielles, les niveaux ne devraient probablement pas remonter avant octobre-novembre et aucune amélioration n'est attendue avant l'automne. La situation devrait se maintenir ou se dégrader plus ou moins lentement selon les volumes prélevés en eaux souterraines. La situation pourrait devenir préoccupante sur les nappes inertielles du couloir Rhône-Saône et sur les nappes du sud et de l'est du Bassin parisien.

Concernant les nappes réactives, les tendances et l'évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales et des demandes en eau. En cas de pluies insuffisantes, les niveaux devraient rester en baisse et la situation devrait continuer à se dégrader. La plupart des nappes réactives atteindront alors certainement des seuils bas à très bas d'ici septembre-octobre. Seul le sud-ouest de la France sera probablement épargné, les niveaux étant toujours satisfaisants en juillet. Il faudra des épisodes pluviométriques conséquents pour provoquer des épisodes de recharges. En août, ces recharges ponctuelles permettront de soutenir les niveaux voire très ponctuellement d'observer une hausse des niveaux. La situation pourrait alors s'améliorer localement, sans toutefois remonter au-dessus des normales sur les nappes affichant des niveaux actuels bas et très bas.

A court terme, en absence de pluies efficaces suffisantes, l'unique solution pour préserver l'état des nappes et maintenir la continuité entre eaux souterraines et eaux superficielles est de limiter les prélèvements en eau. Les arrêtés de restrictions d'usage de l'eau permettent d'alléger la pression exercée sur la ressource en eau. Le ralentissement (Le signal de ralentissement (de type SNCF) annonce une aiguille (ou plusieurs) en position déviée...) de la décharge permet d'éviter des dégradations rapides de l'état des nappes et repousse l'arrivée d'un étiage sévère dans l'attente de pluies efficaces. La situation devra être surveillée sur l'ensemble des nappes du territoire et plus particulièrement sur toutes les nappes réactives, sur les nappes inertielles affichant des niveaux bas et sur les secteurs sollicités par des prélèvements (eau potable compris).
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