🧬 La vie complexe est apparue près d'un milliard d'années plus tôt qu'estimé

Publié par Adrien,
Source: Nature
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La chronologie de l'évolution terrestre recèle des surprises. Alors que les scientifiques pensaient que la vie élaborée nécessitait de l'oxygène, une découverte récente montre qu'elle a commencé à se former dans des océans privés de cet élément, près d'un milliard d'années plus tôt qu'estimé.

Les premiers organismes sur Terre étaient des procaryotes, des cellules simples sans noyau. Pendant des milliards d'années, ils ont dominé la planète. Ce n'est que bien plus tard que les eucaryotes, avec leurs structures internes élaborées, sont apparus. Ce groupe inclut les algues, les champignons, les plantes et les animaux.


Pour retracer cette histoire, une équipe internationale a utilisé une version améliorée de l'horloge moléculaire (voir l'explication en fin d'article). Cette technique permet d'estimer le moment où des espèces ont partagé un ancêtre commun. En analysant plus de cent familles de gènes et en les comparant à des données fossiles, les chercheurs ont reconstruit un arbre du vie plus précis. L'étude, menée par des scientifiques de l'Université de Bristol, combine paléontologie, phylogénétique et biologie moléculaire pour offrir une vision détaillée.

Les résultats sont étonnants. La transition vers des cellules plus élaborées aurait commencé il y a environ 2,9 milliards d'années. Des structures comme le noyau se sont formées bien avant l'apparition des mitochondries. Ces conclusions ont conduit à un nouveau modèle baptisé 'CALM', pour Complex Archaeon, Late Mitochondrion (soit Archée Élaborée, Mitochondrie Tardive). Les chercheurs expliquent que ce scénario remplace des hypothèses antérieures sur l'eucaryogenèse.

Un aspect important de cette étude est le décalage temporel entre l'évolution des eucaryotes et la montée de l'oxygène atmosphérique (plus de détails en fin d'article). Les mitochondries, souvent associées à la respiration oxygénée, sont apparues plus tardivement, coïncidant avec la première augmentation significative d'oxygène. Ainsi, l'ancêtre archéen des eucaryotes a développé des traits élaborés dans un environnement anaérobie. Cela indique que l'oxygène n'était pas un prérequis pour les premières étapes de cette évolution.

Cette recherche, publiée dans Nature, bouscule plusieurs idées établies. Elle démontre que la vie a pu évoluer vers des formes avancées sans dépendre immédiatement de l'oxygène. Les implications sont vastes, ouvrant de nouvelles perspectives sur les conditions propices à l'émergence de la complexité biologique.


L'analyse de plus de cent familles de gènes a aidé à reconstituer la voie de développement de la vie élaborée, en mettant en lumière les différences entre procaryotes et eucaryotes.
Crédit: Dr. Christopher Kay


L'horloge moléculaire


L'horloge moléculaire est une technique utilisée en biologie évolutive pour estimer le temps écoulé depuis que deux espèces ont divergé d'un ancêtre commun. Elle se base sur l'idée que les mutations génétiques s'accumulent à un rythme relativement constant au fil du temps. En comparant les séquences d'ADN ou de protéines entre différentes espèces, les scientifiques peuvent calculer des dates approximatives pour des événements évolutifs.

Cette méthode nécessite des données de calibration, souvent tirées de fossiles connus. Par exemple, si un fossile d'un organisme est daté d'un certain âge, cela permet d'ajuster le taux de mutation. L'étude récente a élargi cette approche en intégrant des centaines d'espèces et en se concentrant sur des familles de gènes spécifiques, améliorant ainsi la précision des estimations.

L'horloge moléculaire est particulièrement utile pour étudier des périodes où les fossiles sont rares, comme l'évolution précoce de la vie. Elle aide à combler les lacunes dans le registre fossile et à reconstruire des arbres phylogénétiques plus complets. Cependant, elle présente des limites, car le taux de mutation peut changer selon les lignées ou les conditions environnementales.

Les avancées récentes, comme l'utilisation de modèles statistiques élaborés, ont rendu cette technique plus fiable. Elle continue de jouer un rôle essentiel dans notre compréhension de l'histoire de la vie sur Terre, permettant des découvertes qui redéfinissent les chronologies établies.

Le rôle de l'oxygène dans l'évolution


Traditionnellement, l'oxygène atmosphérique était considéré comme un élément important pour l'émergence de la vie élaborée. On pensait que des niveaux élevés d'oxygène, atteints il y a environ 2,4 milliards d'années lors de la Grande Oxydation, étaient nécessaires au développement des eucaryotes, en particulier pour alimenter les mitochondries via la respiration cellulaire.

Cependant, la nouvelle étude révèle que les caractéristiques eucaryotes sont apparues bien avant cette période, dans des environnements dépourvus d'oxygène. Cela indique que l'oxygène n'était pas un moteur initial de l'évolution vers des cellules plus élaborées. Les archées ancestrales ont pu évoluer vers des formes plus avancées en utilisant d'autres sources d'énergie, comme les composés chimiques disponibles dans les océans primitifs.

Cette perspective modifie notre vision des conditions propices à la vie. Elle montre que la complexité biologique peut émerger sous des régimes métaboliques divers, sans dépendre exclusivement de l'oxygène. Cela a des implications pour la recherche sur les origines de la vie sur Terre et potentiellement sur d'autres planètes, où des environnements anaérobies pourraient aussi favoriser l'évolution.
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