Comme chaque début d'année, le monde de la photographie est en ébullition. La raison de tous ces émois ? Le salon PMA (Photo Marketing Association) qui se déroule à Las Vegas. C'est l'un des grands rendez-vous au cours duquel les constructeurs de matériels photographiques présentent leurs nouveautés. C'est aussi un bon indicateur des tendances et des évolutions technologiques.
La dynamique de l'image, nouveau cheval de bataille
La photo numérique a été l'occasion de plusieurs courses technologiques entre constructeurs. La toute première fut "la course aux mégapixels" qui a consisté durant les premières années de la photo numérique à présenter l'appareil qui produirait les plus hautes résolutions d'images. Elle a été ensuite suivie par la course au plus gros zoom sur les appareils de type bridge caméra (dont le viseur présente une image électronique) puis de la course à la sensibilité. Cette dernière consiste à présenter l'appareil capable de la meilleure amplification de l'image, utile en cas de faible lumière.
Cependant, cette année, la concurrence semble se porter aussi sur une autre caractéristique photographique: la dynamique. De quoi s'agit-il ? La dynamique correspond à la capacité d'un capteur électronique ou d'un film photographique à capturer les nuances des couleurs à la fois dans les zones les plus sombres et les plus éclairées de l'image. L'exemple concret le plus évident sont les photos faites en contre-jour: l'intérieur d'une pièce relativement sombre avec une fenêtre s'ouvrant sur un extérieur très éclairé. Un appareil photo doté d'une bonne dynamique doit pouvoir prendre une image représentant les éléments présents à la fois à l'intérieur et à l'extérieur. La plupart des appareils numériques existants ne permettent généralement un bon rendu que sur une plage restreinte de luminosité, forçant le photographe à "sacrifier" une partie de la scène.
Les reflex numériques ont en général une meilleure dynamique que les compacts numériques
Comment se comportent les appareils actuels ?
Si les appareils photo numériques ont rattrapé les technologies argentiques sur plusieurs points comme le coût, la résolution, et même sur la sensibilité (ISO/ASA) dans le cas des reflex numériques, il n'en est pas de même pour la dynamique des images. La première méthode utilisée par les constructeurs pour gagner de la qualité sur ce terrain est de proposer des capteurs de meilleure fabrication ou dotées d'un ratio surface/nombre de photosites avantageux (un photosite représente normalement un pixel sur le capteur). C'est ainsi que les appareils reflex sont naturellement dotés d'une meilleure dynamique que les compacts.
D'autres technologies plus avancées
La société Fujifilm utilise une solution radicale sur son reflex, le S5 pro. Elle a repris la technique du capteur super CCD qui utilise des photosites octogonaux disposés en nid d'abeilles et a ajouté des petits photosites entre les photosites existants. Plus petits, ces photosites sont moins rapidement saturés en haute lumière et restituent donc une information pertinente lorsque les plus gros sont submergés. Ainsi, en cumulant l'information des petits et des gros photosites, l'image finale profite du cumul de l'information recueillie pour un rendu plus dynamique. Cependant cette technique a un inconvénient majeur: le coût. Le capteur devient en effet deux fois plus fourni en photosites ce qui est nettement plus complexe à produire.
D'autres constructeurs comme Canon ont amélioré leur capteur en leur faisant transmettre les informations en 14 bits au lieu de 12. Ainsi doté, chaque élément d'information est potentiellement 4 fois plus précis qu'auparavant, mais cela dépend aussi de la qualité des photosites eux-mêmes. Moins coûteuse, cette technique produit pour le moment des résultats en nette amélioration tout en restant moins spectaculaire que la technique Fujifilm. De tels capteurs équipent notamment les Canon 40D et le Canon 450D.
Fujifilm annonce des appareils mieux dotés pour la PMA 2008
Le F100 Fd et le S100 Fs, les deux nouveauté Fujifilm à dynamique d'image étendue
Pour le moment, nous nous sommes contentés de regarder ce qui se fait au niveau des appareils reflex. Qu'en est il au niveau des compacts et des bridges ? Ces appareils utilisent habituellement des capteurs de taille plus petite, ce qui rend la tâche encore plus dure. Cependant, Fujifilm annonce avoir réussi à produire de bons résultats avec ses deux derniers produits haut de gamme: le F100Fd (369 €) et le S100Fs (749 €). Le premier est un compact doté d'un capteur super CCD de 1/1.6'', le second et un bridge camera dont la forme est proche de celle d'un reflex mais équipé d'un capteur de 2/3'' de diagonale seulement.
Selon Fujifilm, les capteurs utilisés ne reprennent pas la technologie SR utilisée sur le S5 pro. Il semblerait que la petite taille et la résolution élevée (12 Mégapixels) rendent l'opération trop délicate. Cependant, l'entreprise annonce que cette augmentation de la dynamique des photos est en grande partie le fruit de l'interaction entre les capteurs et le microprocesseur des appareils. Pour le S100Fs, la firme annonce même un rendu conforme à celui des meilleures pellicules argentiques produites par la marque. La presse spécialisée n'a pas encore eu la possibilité de tester l'appareil en question, mais si les images produites sont conformes aux annonces faites, ce serait une première à ce niveau de prix.