Les mères déprimées sont moins sensibles aux besoins de leurs enfants et le développement du cerveau s'en trouve altéré. (Photo: iStockphoto)
Le cerveau des enfants est sensible à la qualité des soins qui leur sont prodigués. C'est ce que révèle une étude menée par la Dre Sonia Lupien et ses collègues de l'Université de Montréal parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. Les scientifiques ont étudié le cerveau d'enfants de 10 ans dont la mère a présenté des symptômes de dépression au cours de sa vie et ont découvert que la taille des amygdales de ces enfants, la région du cerveau liée aux réactions émotionnelles, était plus grande.
Des résultats similaires ont été observés dans le cerveau d'enfants qui ont vécu dans un orphelinat avant d'être adoptés. L'attention personnalisée portée aux besoins des enfants pourrait être un facteur clé. "D'autres études ont démontré que les mères qui se sentent déprimées sont moins sensibles aux besoins de leur enfant et sont plus retirées et désengagées", ont mentionné les Drs Sophie Parent et Jean Séguin, de l'UdeM, qui ont suivi les enfants pendant toutes ces années.
Des scientifiques ont établi que les amygdales sont responsables de la réaction émotionnelle à l'information et aux évènements et qu'elles influent sur le comportement que nous adoptons face aux risques potentiels. Le besoin de bien reconnaitre les sources de sécurité et de danger relativement à de nouvelles expériences pourrait être plus grand chez les jeunes enfants, qui savent peu de choses du monde qui les entoure. De fait, des études réalisées sur d'autres mammifères, comme les primates, montrent que c'est immédiatement après la naissance que les amygdales se développent le plus rapidement. "Nos travaux indiquent que le volume des amygdales des enfants qui grandissent avec une mère déprimée est plus important."
"La taille plus grande des amygdales pourrait servir de mesure de protection et accroitre la probabilité de survie", mentionne la Dre Lupien. Il est possible que les amygdales jouent un rôle protecteur grâce à un mécanisme qui produit des hormones de stress connues sous le nom de "glucocorticoïdes". Les chercheurs ont noté que le niveau de glucocorticoïdes chez les enfants de mères déprimées qui ont participé à cette étude augmentait notablement lorsqu'ils étaient confrontés à des situations inhabituelles, signe d'une réactivité accrue au stress chez ces enfants.