Des chercheurs français ont découvert de nouveaux mécanismes de résistance aux thérapies ciblées utilisées depuis moins de trois ans dans le traitement du mélanome. Cette découverte permet non seulement de mieux comprendre pourquoi ces traitements deviennent inefficaces mais aussi d'ouvrir de nouvelles pistes de prise en charge de ces tumeurs agressives. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature et bénéficient d'une publication en ligne avancée.
Les cellules cancéreuses apparaissent suite à des mutations
Le traitement du mélanome métastatique demeure un problème majeur en oncologie. La moitié des patients souffrant de cette affection présentent une mutation d'une protéine appelée BRAF. Des médicaments ciblant cette protéine mutée, le vémurafenib (Zelboraf®) et le dabrafenib (Tafinlar), permettent de retarder significativement l'évolution de ce type de cancer de la peau. Malheureusement, au cours du temps ces anti-BRAF perdent leur efficacité.
Des chercheurs du laboratoire Biomarqueurs prédictifs et nouvelles stratégies moléculaires en thérapeutique anticancéreuse (Inserm/Gustave Roussy/Université Paris-Sud) ont montré que les mécanismes utilisés par les tumeurs pour résister à ces traitements impliquent un complexe protéique appelé eIF4F qui régule la synthèse des protéines à partir des ARN. A partir de biopsies de tumeurs prélevées sur des patients, les chercheurs ont aussi démontré que la formation de ce complexe était diminuée dans les tumeurs qui répondaient aux anti-BRAF et augmentée dans les métastases résistantes.
Ils ont également montré que des composés développés par une équipe de pharmacochimie du CNRS et de l'Université de Strasbourg qui inhibent le complexe eIF4F permettent d'améliorer l'efficacité du vémurafenib dans des modèles cellulaires et murins.
Ces résultats offrent de nouvelles perspectives pour prédire l'efficacité des traitements du mélanome utilisant les médicaments ciblant la protéine BRAF. De plus, ils pourraient déboucher à long terme sur de nouveaux traitements plus efficaces pour traiter non seulement ce type redoutable de cancer, mais aussi certains cancers de la thyroïde, du colon, du poumon et du cerveau.
Ces travaux ont été dirigés par Stéphan Vagner (Inserm U981/Gustave Roussy/Université Paris-Sud, Villejuif; Adresse actuelle: CNRS UMR3348/Institut Curie, Orsay) et Caroline Robert (Inserm U981/Gustave Roussy, service de dermatologie/Université Paris-Sud, Villejuif) en collaboration avec Laurent Désaubry (Laboratoire d'Innovation Thérapeutique, CNRS UMR 7200/Université de Strasbourg, Illkirch).