En 2008, des chercheurs ont commencé à répertorier et analyser des enregistrements de paléotempératures couvrant les deux derniers millénaires et publiés dans la littérature scientifique, dans le cadre du projet 2kNetwork sous l'égide du projet Past Global Climate Change (PAGES). S'en est suivie la publication d'une série d'articles scientifiques documentant les températures pour chaque continent et d'un article de synthèse des données de l'ensemble des continents basé sur la première version de la base de données (PAGES2k, 2013). Depuis, les données océaniques ont été ajoutées. La dernière version de la base de données est sortie le 11 juillet 2017 dans la revue Scientific Data publiée par Nature Publishing Group. Elle est cosignée par près de 100 climatologues, donc quatre chercheurs français de l'ISEM, du CEREGE, du LSCE, et de LOCEAN, et contient près de 700 enregistrements.
Figure: à gauche, carte montrant la distribution géographique des enregistrements de températures utilisés pour reconstruire le climat des deux derniers millénaires ; à droite, courbe de l'évolution au cours des deux derniers millénaires de la température de la planète (avec un pas de temps de 25 ans) déduite des archives à haute résolution temporelle (en gris), à basse résolution temporelle (en bleu foncé) et fournie par les thermomètres lors de la période instrumentale (en rouge).
La version 2.0 de la base de données de paléotempératures du groupe de travail PAGES2k, un outil essentiel de la reconstruction et de la modélisation du climat des deux derniers millénaires, est publiée en ligne cette semaine dans la revue internationale Scientific Data. C'est à ce jour la version la plus ouverte, complète et détaillée de l'ensemble des données PAGES2k. Elle constitue une ressource importante pour les chercheurs qui travaillent sur le climat et son évolution depuis le début de notre ère.
Notre connaissance des températures globales avant les mesures météorologiques en routine repose sur les données dites "proxy", issues d'archives paléoclimatiques biologiques et géologiques qui fournissent des informations indirectes sur les températures passées. L'épaisseur des anneaux de croissance d'arbres, par exemple, a tendance à être plus importante pendant les années plus chaudes, ce qui permet d'obtenir des estimations indirectes du changement de la température de l'air pendant toute la vie de l'arbre. La base de données PAGES2k comprend des proxys de paléotempératures provenant d'un certain nombre d'autres d'archives distinctes, notamment les coraux, les carottes de glace et les sédiments marins et lacustres.
Une analyse de l'ensemble de cette base de données montre une tendance au refroidissement à long terme jusqu'au 19e siècle, suivie d'une forte tendance au réchauffement qui inverse de manière remarquable l'évolution des températures de la période préindustrielle. Ce résultat est en accord avec un grand nombre d'études dans ce domaine de recherches, notamment les simulations paléoclimatiques ainsi que les résultats publiés sur la version antérieure, plus limitée, de la base de données PAGES2k.
La nouvelle version de la base contient pour la première fois des séries temporelles marines, mais aussi de nouveaux enregistrements publiés depuis 2013. Au total, la base de données regroupe 692 enregistrements provenant de 648 sites géographiques, issus de tous les continents et océans. Les données ont été sélectionnées et examinées avec rigueur par les membres du consortium dans le cadre d'un travail collectif, selon un ensemble de critères cohérents et transparents. La base de données finale, accessible à tous par internet, permet à quiconque de télécharger, d'utiliser et d'analyser ces données. Elle est fournie sous un format standardisé avec un code permettant de l'utiliser sous Matlab, R ou Python.