L'effet Terrell-Penrose, prédit en 1959, suggère que les objets se déplaçant à des vitesses proches de celle de la lumière apparaissent tournés. Cette illusion optique résulte de la combinaison de la contraction des longueurs relativiste et des temps de parcours différents de la lumière. Les chercheurs ont utilisé des impulsions laser et des caméras ultra-rapides pour reproduire cet effet.
a) Image de calibration du cuboïde au repos, avec une simulation en perspective superposée depuis la position de la caméra (lignes blanches). b) Rotation de Terrell d'une sphère contractée selon Lorentz, se déplaçant à 0.999 c. c) Rotation de Terrell d'un cube, avec simulation (contours blancs) superposée aux résultats expérimentaux pour guider l'observation et valider la théorie.
L'expérience a été menée en ajustant la synchronisation des flashes laser pour simuler une vitesse de la lumière réduite à 2 mètres par seconde. Cette astuce a permis de visualiser l'effet sans nécessiter de vitesses relativistes réelles. Les images obtenues montrent clairement une rotation apparente des objets, confirmant ainsi les prédictions théoriques.
Peter Schattschneider et son équipe ont combiné des images prises à différents moments pour créer des vidéos montrant l'effet. Un cube apparaît effectivement tordu, tandis qu'une sphère conserve sa forme mais avec un déplacement apparent de son pôle nord. Ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour l'étude des phénomènes relativistes.
Cette recherche est le fruit d'une collaboration unique entre art et science. L'artiste Enar de Dios Rodriguez a joué un rôle clé en initiant un projet explorant la photographie ultra-rapide. Cette approche interdisciplinaire a permis de rendre visible un effet jusqu'alors purement théorique.
Les implications de cette découverte vont au-delà de la simple confirmation d'une prédiction. Elle offre une nouvelle manière de visualiser et de comprendre les effets contre-intuitifs de la relativité. Cette avancée pourrait également inspirer de nouvelles méthodes d'enseignement de la physique relativiste.
L'équipe envisage maintenant d'explorer d'autres effets optiques liés à la relativité. Ces travaux pourraient à terme conduire à de nouvelles applications dans le domaine de l'imagerie ultra-rapide ou de la simulation de phénomènes cosmiques.
Qu'est-ce que la contraction des longueurs en relativité ?
La contraction des longueurs est un phénomène prédit par la théorie de la relativité restreinte d'Einstein. Elle stipule que la longueur d'un objet en mouvement diminue dans la direction de son déplacement, du point de vue d'un observateur au repos.
Cet effet devient significatif seulement à des vitesses proches de celle de la lumière. Par exemple, un vaisseau spatial voyageant à 90% de la vitesse de la lumière semblerait environ 2,3 fois plus court pour un observateur externe.
La contraction des longueurs n'est pas une illusion optique mais une conséquence réelle de la structure de l'espace-temps. Elle est liée à la dilatation du temps, un autre effet clé de la relativité restreinte.
Bien que contre-intuitive, cette prédiction a été confirmée par de nombreuses expériences, notamment avec des particules subatomiques accélérées à des vitesses relativistes.
Comment fonctionne l'imagerie ultra-rapide ?
L'imagerie ultra-rapide permet de capturer des événements se déroulant en quelques nanosecondes ou moins. Elle repose sur des caméras capables de prendre des millions d'images par seconde et des sources lumineuses ultra-brèves comme les lasers femtosecondes.
Dans cette expérience, les chercheurs ont utilisé des impulsions laser extrêmement courtes pour 'figer' le mouvement des objets. En synchronisant précisément ces flashes avec une caméra ultra-rapide, ils ont pu reconstituer l'effet Terrell-Penrose.
Cette technique s'apparente à la photographie stroboscopique, où une scène en mouvement est éclairée par des flashes très brefs. La différence réside dans la précision temporelle, qui doit être de l'ordre de la nanoseconde pour ces expériences.
Les applications de l'imagerie ultra-rapide vont de la recherche fondamentale à l'industrie, en passant par la médecine. Elle permet notamment d'étudier des phénomènes trop rapides pour l'œil humain, comme les ondes de choc ou les réactions chimiques.