Des chercheurs ont développé une technologie permettant de contrôler des essaims d'insectes équipés de capteurs électroniques. Ces cyborgs pourraient améliorer nettement l'efficacité des missions de sauvetage dans des zones sinistrées.
Cette avancée, fruit d'une collaboration internationale, repose sur un algorithme qui coordonne les mouvements d'insectes équipés de "sacs à dos" technologiques. Ces dispositifs, composés de caméras, de batteries et d'antennes, permettent de guider les insectes à distance tout en exploitant leurs capacités naturelles à naviguer dans des environnements complexes.
Une technologie inspirée par la nature
Les insectes cyborgs ne sont pas des robots traditionnels. Ils combinent des organismes vivants avec des composants électroniques miniaturisés. Cette approche biohybride offre une alternative énergétiquement efficace aux robots classiques, souvent limités par leur consommation d'énergie et leur incapacité à se faufiler dans des espaces étroits.
Les chercheurs ont choisi des cafards de Madagascar pour leurs capacités de locomotion robustes. Ces insectes, équipés de capteurs et de systèmes de communication, peuvent être dirigés vers des cibles spécifiques, comme des survivants coincés sous des décombres.
Un algorithme pour guider l'essaim
L'algorithme développé fonctionne sur le principe du "leader-follower". Un insecte leader est désigné pour guider le groupe, tandis que les autres suivent ses instructions tout en adaptant leurs mouvements aux obstacles rencontrés. Cette méthode réduit de moitié la nécessité de stimulations électriques, prolongeant ainsi l'autonomie des cyborgs.
a) Insecte cyborg: Gromphadorhina portentosa équipé d'une carte électronique avec système de contrôle et module de communication sans fil, alimenté par une batterie LiPo rechargeable. b) Illustration de la navigation d'un essaim cyborg: algorithme décentralisé guidant l'essaim à travers une zone sablonneuse avec collines et obstacles, sans information préalable. c) Vue latérale de l'essaim cyborg. d) Vue arrière de l'essaim cyborg.
En laboratoire, cette technologie a permis à un essaim de cafards de naviguer efficacement dans un environnement complexe. Les insectes ont démontré une capacité à s'entraider, libérant ceux qui étaient coincés ou renversés, une caractéristique essentielle pour les missions de sauvetage.
Des applications prometteuses
Les essaims d'insectes cyborgs pourraient être déployés dans des zones sinistrées, comme après un tremblement de terre, pour localiser rapidement des survivants. Leurs capteurs peuvent détecter des signes de vie et transmettre ces informations en temps réel aux équipes de secours.
Au-delà du sauvetage, cette technologie pourrait être utilisée pour inspecter des infrastructures endommagées ou surveiller des environnements difficiles d'accès. Les chercheurs envisagent également des applications en agriculture de précision ou en exploration spatiale.
Des défis à relever
Si les résultats en laboratoire sont encourageants, des tests en conditions réelles sont nécessaires pour valider l'efficacité de cette technologie. Les chercheurs prévoient de mener des expériences sur des terrains extérieurs, notamment dans des zones de décombres, pour évaluer la robustesse de l'algorithme.
L'équipe travaille également à rendre le système plus autonome, en intégrant des capteurs embarqués qui permettraient aux insectes cyborgs de fonctionner sans dépendre de systèmes de suivi externes.
Une collaboration internationale fructueuse
Ce projet est le fruit d'une collaboration entre des universités japonaises et singapouriennes. Les chercheurs soulignent l'importance de la rechercheinterdisciplinaire pour relever ce genre de problème complexe.
Cette innovation ouvre de nouvelles perspectives pour l'utilisation de systèmes biohybrides dans des missions critiques, où la rapidité et l'efficacité sont essentielles.