Y a-t-il une épidémie dans l'avion ?

Publié par Michel,
Source: CNRS
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L'avion n'est pas réservé aux seuls humains: les maladies aussi peuvent prendre place à bord. Il y a trois ans, une équipe internationale (1) de chercheurs avait même montré que les transports longue distance étaient un facteur primordial dans la dispersion d'une pandémie. Ce qui leur a permis de concevoir un modèle fiable de propagation d'une infection à l'échelle mondiale. Détaillé dans la revue BMC Medicine (2), cet outil a déjà donné de précieuses indications sur une éventuelle épidémie de grippe aviaire.


Les flèches montrent la propagation de l'épidémie de Sras prévue par le modèle
à partir de Hong Kong (noires) puis indirectement (grises).
Leur épaisseur correspond à la probabilité associée à chaque chemin

Il y a trois ans, les scientifiques n'en étaient pas encore là. Ils réalisaient des modèles simples de propagation de pandémie prenant en compte seulement les déplacements aériens. Surprise ! Les prévisions, comparées rétrospectivement à l'épidémie de Sras (3), s'avéraient très correctes: "Le trafic aérien à lui seul suffisait pour modéliser l'expansion d'une maladie à l'échelle mondiale. Au départ ce n'était pas du tout évident", se souvient Alain Barrat, chercheur CNRS du Laboratoire de physique théorique d'Orsay (4).

Aujourd'hui, la même équipe revient avec un modèle beaucoup plus affiné. Celui-ci prend en compte les populations de plus de 3 000 zones urbaines dans 220 pays, et plus de 99 % du trafic aérien total. Et "donne de très bonnes prédictions". Pour s'en assurer, les chercheurs ont à nouveau confronté les pronostics de leur modélisation aux chiffres du Sras. Les prévisions se font en deux temps. Premièrement, quels risques un pays a-t-il d'être infecté ? Considérant 220 États, le modèle ne se trompe que pour 15 d'entre eux, soit 7 % d'erreur. Deuxièmement, combien de sujets sont atteints dans chaque pays ? Globalement, les résultats se situent dans les bons ordres de grandeur, malgré quelques paramètres difficiles à mettre en équation: "Un tel modèle comportera toujours des limites, reconnaît Alain Barrat, car la réaction d'une population en situation de crise reste imprévisible."

Point de certitudes donc mais des probabilités, et surtout, la possibilité de tester différents scénarios de lutte contre les épidémies. En 2007 par exemple, les chercheurs, en collaboration avec un épidémiologiste de l'Inserm, ont modélisé la propagation d'une pandémie de grippe aviaire – dans l'hypothèse d'une transmission interhumaine – selon différents scénarios. Parmi les enseignements: pour contenir l'expansion de la maladie, une solution consiste à ce que les pays détenteurs d'antiviraux reversent une petite partie de leurs stocks à l'OMS qui redistribue ensuite les médicaments aux pays touchés, au fur et à mesure de la propagation. Cette stratégie diminue considérablement le nombre d'individus affectés au niveau mondial. Avis aux décideurs...

Notes:

(1) Impliquant le Laboratoire de physique théorique (CNRS / Université Paris-Sud-XI), le CEA, l'Indiana University (États-Unis) et l'ISI (Turin, Italie).
(2) BMC Medicine, 5:34, 21 novembre 2007.
(3) Apparu en Chine fin 2002, le syndrome respiratoire aigu sévère ou pneumopathie atypique serait à l'origine de 916 décès jusqu'en 2003 sur la planète.
(4) Laboratoire CNRS / Université Paris-Sud-XI.


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