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Images de "fantômes" provenant des profondeurs terrestres
Publié par Adrien, Source: Valentine Puzenat, Institut de physique du globe de Paris (IPGP) - The Conversation sous licence Creative CommonsAutres langues:
Cette tache sous-marine à l'allure fantomatique témoigne d'échanges de fluides depuis la croûte terrestre jusqu'à la surface, à travers le plancher océanique. Nous sommes ici dans la baie de Paléochori sur l'île de Milos, en Grèce, où une activité hydrothermale peu profonde produit des précipités jaunes caractéristiques du soufre et de l'arsenic, et des tapis bactériens blanchâtres qui semblent presque luminescents.
La circulation d'eau chaude dans les profondeurs de la croûte, ou "hydrothermalisme", est largement répandue sur Terre. Elle est favorisée par la proximité de sources de chaleur, comme les chambres magmatiques, et les sorties hydrothermales associées sont responsables d'environ 25 % de la perte de chaleur terrestre interne. Outre ces effets thermiques, les processus hydrothermaux ont un impact direct sur la biodiversité environnante, avec le développement d'une faune et d'une flore particulières.
Ces sorties hydrothermales sont bien décrites pour des environnements très profonds, notamment le long des dorsales océaniques.
La température du fond de l'eau et des sédiments est plus élevée dans cette zone en raison de la circulation de fluides chauds, ce qui favorise le développement de précipités minéraux (jaunes) et de tapis bactériens (blancs). Anders Schouw, Projet CarDHynAl, Fourni par l'auteur
Mais on trouve aussi des systèmes hydrothermaux proches des côtes, au large de l'île de Milos ou de Taïwan par exemple, à des profondeurs inférieures à 200 mètres. Alors que des sites peu profonds ont été identifiés dans le monde entier, ils sont moins étudiés et leurs géométries, leur évolution temporelle et les flux d'énergies associés sont mal connus.
Nous étudions ces systèmes afin de comprendre les échanges entre la terre solide et les océans et le développement d'écosystèmes dans des milieux extrêmes.
L'île de Milos et la baie de Paléochori
Au sud de la mer Égée et sur l'archipel des Cyclades se trouve le système hydrothermal peu profond le plus étendu au monde - et un des plus étudiés à l'heure actuelle. Dans la baie de Paléochori, au sud-est de l'île de Milos, une activité hydrothermale intense s'étend depuis la plage jusqu'à plus de 200 mètres de profondeur, soit à environ 1,5 kilomètre à la nage.
Cette activité se manifeste entre autres par des émissions de fluides acides de haute température, de l'ordre de 100 °C. Ces fluides contiennent des gaz (dioxyde de carbone, méthane) et se mélangent avec l'eau de mer au cours de leur circulation en profondeur. Ce "voyage crustal" leur permet également de devenir salins, sulfurés, et de s'enrichir en arsenic et autres gaz dissous.
Les mesures de température au sein de ces structures éclairent notamment des mécanismes thermiques particuliers: par exemple, les structures polygonales blanches identifiées sur les images sous-marines présentent des températures plus élevées (supérieures à 50 °C) que les sédiments adjacents (de l'ordre de 24 °C) et sont souvent associées à des zones de "bioturbation", un remaniement des sédiments par des organismes vivants.