On le soupçonnait un peu: il paraissait logique de penser qu'un joueur acharné de Doom, Quake et autres Half Life verrait ses capacités d'observation améliorées. L'équipe de Daphne Bavelier, à l'université de Rochester, a confirmé cette intuition.
Pour établir ce fait, les chercheurs ont divisé leurs cobayes en deux groupes. Le premier devait jouer à Unreal Tournament, un shoot-them-up à la première personne, un classique des amateurs du genre, environ une heure par jour pendant un mois. L'autre groupe devait quant à lui se contenter de Tetris: un jeu visuellement beaucoup plus simple, bien que demandant autant d'efforts qu'Unreal dans d'autres domaines, comme la coordination.
Des intérêts thérapeutiques pour les jeux d'action ? Ici Unreal Tournament 2007
Parallèlement, tous les sujets étaient régulièrement soumis au même test: il s'agissait de reconnaître sur un écran la présence d'un “T” tourné dans n'importe quel sens, au beau milieu d'une série de symboles placés alentour et susceptibles d'embrouiller la perception.
Au bout d'un mois, les joueurs de Tetris n'avaient guère progressé dans leur capacité à repérer le “T”. En revanche, les adeptes d'Unreal Tournament ont vu leur score augmenter de 20%.
L'une des principales difficultés de l'expérience a été de trouver des sujets “innocents” qui n'avaient jamais ou très peu joué à de tels jeux avant le commencement de l'expérience. “Ca a été assez dur, commente l'un des chercheurs, Shawn Green. Pratiquement tout le monde sur le campusjoue au jeux video”.
L'équipe de Daphne Bavelier envisage maintenant de poursuivre ses recherches avec un environnement de réalité virtuelle à 360 degrés. Selon eux, certaines affections oculaires comme l'amblyopie, pourraient être corrigées par l'usage de logiciels spécifiques empruntant leurs fonctionnalités aux jeux d'action.