Une nouvelle espèce de lézard fouisseur vient d'être découverte à Madagascar par une équipe internationale réunissant des chercheurs français - dont des chercheurs du Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive (CNRS / Universités de Montpellier / SupAgro / IRD / CIRAD / EPHE) - , malgaches, américains et allemands. Baptisée
Sirenoscincus mobydick en référence au fameux cachalot albinos du roman de Herman Melville, cette
espèce présente une
combinaison de caractéristiques anatomiques unique au sein des
vertébrés terrestres que sont les amphibiens, les reptiles, les mammifères et les oiseaux. Ces travaux ont été publiés fin décembre 2012 dans la revue
Zoosystema.
Le "scinque sirène" Moby Dick, ou lézard Moby Dick vu en entier (A),
sa partie antérieure de profil (B) et ventrale (C).
Zoom sur ses membres antérieurs dépourvus de doigts et ressemblant à des nageoires (D).
© Falk S. Eckhardt
A l'origine de la diversité des formes de vie, l'évolution est une modification des caractères génétiques et morphologiques des espèces au cours des générations. C'est ainsi qu'une espèce va s'adapter à l'
environnement dans lequel elle vit afin d'augmenter au
fur et à mesure ses chances de survie dans cet environnement.
Le lézard "Moby Dick" découvert dans les forêts sèches du nord-ouest de
Madagascar a subi une évolution diamétralement opposée à celle des autres espèces de Lézard sans pattes. En effet, outre sa
peau dépigmentée et le fait que ses yeux, devenus inutiles sous
terre, aient quasiment disparus, cette nouvelle espèce de lézard fouisseur, vivant dans le
sable, a perdu ses pattes postérieures et gardé des membres antérieurs. Aussi, ce lézard présente un plan d'
organisation morphologique qui rappelle celui des cétacés.
Or la très grande majorité des lézards sans pattes (ainsi que les serpents) a évolué à partir d'ancêtre quadrupèdes en perdant leurs membres antérieurs en premier, bien avant de perdre leurs membres postérieurs. En cela, le lézard "Moby Dick" fait figure d'exception à la règle. Sa morphologie originale pose la question de savoir quel peut avoir été l'avantage, du point de
vue adaptatif, de perdre ses pattes antérieures avant les postérieures, quelles ont été contraintes au cours de son évolution pour qu'il subisse une évolution opposée à celle généralement observée dans d'autre groupes. En bref, de nouvelles études sur ce lézard et ses espèces cousines permettront d'en savoir un peu plus sur certains mystères de l'évolution.