L'erreur humaine serait la cause d'une proportion importante des accidents impliquant des drones. Ces appareils sont utilisés lors d'opérations militaires ou, comme ici, pour la surveillance des frontières par des employés de la U.S. Customs and Border Protection. Photo: Gerald Nino, U.S. Dept. of Homeland Security
Une étude suggère qu'on peut détecter et prévenir la surcharge attentionnelle chez les pilotes d'avion et les opérateurs d'appareils télécommandés
Il y aurait moyen de détecter des signes avant-coureurs de la surcharge attentionnelle chez les pilotes d'avion, les contrôleurs aériens et le personnel militaire chargé de guider des appareils télécommandés. Pour y arriver, il suffirait de faire appel à un instrument qui mesure indirectement l'activité cérébrale de certaines parties du cerveau, rapportent, dans un récent numéro de la revue Behavioural Brain Research, Jean-François Gagnon et Sébastien Tremblay, de l'École de psychologie, et leurs collègues Gautier Durantin et Frédérick Dehais, de l'Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace à Toulouse.
Les chercheurs ont soumis 12 sujets à des simulations sur ordinateur qui reproduisent les situations auxquelles est confronté le personnel chargé de piloter des appareils téléguidés utilisés pour surveiller les frontières ou pour mener certaines opérations militaires. Les participants devaient suivre un avion cible parmi cinq avions en mouvement selon des consignes qui apparaissaient à l'écran d'ordinateur. Les chercheurs faisaient varier la charge de travail mental exigé des sujets en complexifiant les consignes, en ajoutant des tâches secondaires et en simulant des vents latéraux ou des délais dans le temps de réponse de l'appareil.
Pour mesurer la charge attentionnelle, les chercheurs ont eu recours à un appareil d'imagerie spectroscopique proche infrarouge. "Nous installons sur le front des sujets une sorte de bandeau relié à un appareil qui mesure la concentration d'oxygène dans 16 zones du cerveau, explique le professeur Tremblay. Cela nous donne un indice de l'activité cérébrale qui se déroule dans chacune de ces zones."
Les résultats des tests révèlent que la concentration d'oxygène dans certaines zones du cortex préfrontal augmente avec la complexité des tâches. Toutefois, elle chute soudainement dans le plus complexe des scénarios. "Lorsque la tâche dépasse les capacités des sujets, un désengagement attentionnel, qui n'est probablement pas volontaire, survient, observe Sébastien Tremblay. C'est ce que nous devons anticiper pour prévenir les erreurs humaines."
Les chercheurs espèrent développer un système intelligent qui assisterait, en temps réel, les pilotes et les contrôleurs aériens. Lorsque ce système détecterait l'imminence d'une surcharge attentionnelle, il enclencherait une procédure pour confier une partie des tâches à un système automatisé et il simplifierait les afficheurs sur le tableau de bord, question d'alléger temporairement la tâche de l'humain. "Nous n'en sommes pas encore là, prévient le professeur Tremblay. Par contre, il est envisageable de penser que cette technologie pourrait exister dans un horizon de dix ans."