Le sémaglutide, principe actif de l'Ozempic et du Wegovy, pourrait bien permettre de revoir la prise en charge des troubles liés à l'alcool et au tabac. Une étude récente révèle que cette molécule, déjà utilisée contre le diabète et l'
obésité, réduit significativement les envies de boire et de fumer.
Ces résultats, publiés dans
JAMA Psychiatry, ouvrent de nouvelles perspectives pour les millions de personnes souffrant de dépendances. Alors que les traitements actuels restent peu répandus, le sémaglutide pourrait offrir une alternative efficace et largement accessible.
Un essai clinique prometteur
L'étude, menée par des chercheurs de l'Université de Californie du Sud, a impliqué 48 adultes présentant des troubles liés à la consommation d'alcool. Les participants ont reçu pendant neuf semaines des injections hebdomadaires de sémaglutide ou d'un placebo.
Les résultats montrent une réduction marquée de la consommation d'alcool chez les personnes traitées avec le sémaglutide. En moyenne, elles ont diminué leur consommation de près de 30 %, contre seulement 2 % dans le groupe placebo.
De plus, près de 40 % des participants sous sémaglutide ont rapporté aucun jour de forte consommation d'alcool au cours du dernier mois de traitement, contre 20 % dans le groupe placebo. Ces effets semblent supérieurs à ceux des traitements actuellement disponibles.
Des effets étendus à la nicotine
L'étude a également révélé des effets positifs sur la consommation de tabac. Les participants fumeurs sous sémaglutide ont réduit leur nombre de cigarettes quotidiennes de manière plus significative que ceux sous placebo. Cette réduction était particulièrement notable chez les fumeurs réguliers, avec une diminution moyenne de 30 % du nombre de cigarettes consommées par jour. Ces résultats suggèrent que le sémaglutide pourrait agir sur les mécanismes de récompense liés à la dépendance, qu'elle soit alcoolique ou nicotinique.
Les chercheurs ont observé que les effets du sémaglutide sur la nicotine semblent suivre une dynamique similaire à celle observée pour l'alcool. En influençant les circuits cérébraux associés au plaisir et à la récompense, le médicament pourrait atténuer l'envie de fumer. Cette hypothèse est renforcée par des études précliniques sur des modèles animaux, où le sémaglutide a montré une capacité à réduire les comportements de
recherche de substances addictives.
Cette découverte ouvre la voie à de nouvelles recherches sur l'utilisation du sémaglutide dans la lutte contre les addictions. Si ces résultats sont confirmés par des essais cliniques plus larges, le médicament pourrait devenir une option thérapeutique majeure pour les personnes dépendantes à la nicotine. En combinant ses effets sur l'alcool et le tabac, le sémaglutide représenterait une avancée significative dans la prise en charge des addictions, un domaine où les traitements actuels restent souvent insuffisants ou peu utilisés.
Pour aller plus loin: Qu'est-ce que le sémaglutide ?
Le sémaglutide est un agoniste du récepteur GLP-1, une hormone impliquée dans la régulation de la glycémie et de l'
appétit. Initialement développé pour traiter le
diabète de type 2 (via le médicament appelé "Ozempic"), il est également approuvé pour la gestion du poids sous le nom de "Wegovy".
Ses effets sur la réduction des envies de nourriture ont été largement documentés. Cependant, son impact sur d'autres dépendances, comme l'alcool et le tabac, est une découverte récente.
Quels sont les enjeux des troubles liés à l'alcool ?
L'alcool est responsable de près de 178 000 décès par an aux États-Unis et de 41 000 en France. Les troubles liés à sa consommation sont souvent sous-diagnostiqués et peu traités, malgré leur impact sur la santé publique.
Les traitements actuels, comme la naltrexone ou l'acamprosate, sont peu utilisés en raison de leurs effets secondaires ou de leur efficacité limitée. Le sémaglutide pourrait combler ce vide thérapeutique, offrant une option plus accessible et mieux tolérée.