Une épidémie mystérieuse et mortelle ravage la population des oursins noirs, transformant ces animaux autrefois florissants en squelettes. Il y a à peine deux mois, ces oursins (
Diadema setosum) jouaient un rôle essentiel dans le maintien de la
santé des coraux en se nourrissant d'algues en excès. Mais aujourd'hui, il ne reste que des squelettes après qu'une
maladie inconnue a consumé leur chair.
Poissons picorant un oursin mort dans le golfe d'Aqaba.
Crédit d'image: Université de Tel Aviv
Omri Bronstein, maître de conférences en zoologie à l'Université de Tel Aviv, décrit cette mort comme rapide et violente. En seulement deux jours, un oursin en bonne santé devient un
squelette avec une importante perte de tissus. La majorité de ces oursins sont dévorés alors qu'ils sont encore en train de mourir, ce qui pourrait accélérer la
contagion.
Cette épidémie d'oursins a d'abord été remarquée en Méditerranée au début de l'année. Elle semble s'être propagée vers le sud par le canal de Suez jusqu'à la mer Rouge. Les scientifiques pensent que la cause de cette mortalité
massive pourrait être un parasite cilié
pathogène, un
micro-organisme unicellulaire, déjà responsable de l'élimination de toute la population d'oursins de la Caraïbe en 1983. Cette perte a entrainé une prolifération incontrôlée d'algues qui a étouffé environ 90% des coraux de la région.
Omri Bronstein précise que les oursins sont les "jardiniers" des récifs, car ils se nourrissent des algues et empêchent ces dernières de prendre le dessus et d'étouffer les coraux qui rivalisent pour la lumière du soleil. Malheureusement, ces oursins disparaissent rapidement du Golfe d'Eilat (Aqaba) et d'autres parties de la mer Rouge.
Cette menace pour les coraux de la région est préoccupante à la fois localement et mondialement. Le golfe d'Aqaba, célèbre pour ses nombreux spots de plongée, est une destination touristique populaire. De plus, ses coraux, résistants aux fluctuations de température dues au changement climatique, sont uniques au monde.
Omri Bronstein insiste sur le fait que des mesures urgentes sont nécessaires pour préserver les populations d'oursins non infectées afin de pouvoir les réintroduire dans les océans une fois l'épidémie terminée. L'enjeu est de taille, car cette situation est sans précédent dans toute l'histoire documentée du golfe d'Eilat (Aqaba).