Nouvelle piste pour un vaccin anti-nicotine

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Voici une nouvelle piste qui pourrait intéresser nombre de fumeurs dépendants, qui se sont déjà tournés sans succès vers les patchs, gommes ou autres inhalateurs pour tenter d'arrêter de fumer. Une équipe de chercheurs américains du Weill Cornell Medical College (New York) vient de tester une nouvelle méthode ouvrant les portes à une possible vaccination contre la nicotine. L'étude a été publiée dans la revue américaine Science Translational Medicine.

L'idée n'est pas nouvelle mais à ce jour, toutes les tentatives de développement d'un vaccin anti-tabac ont échoué. Cette nouvelle étude présente toutefois une approche innovante, consistant à utiliser la thérapie génique. Essayons d'y voir plus clair sur son fonctionnement.

Comment la nicotine agit sur nous et pourquoi nous rend-elle dépendants ?


La première étape, incontournable pour fumer: l'inhalation. Dès cette étape, la nicotine passe dans les poumons et n'a besoin que de quelques secondes pour arriver dans le sang et circuler ainsi jusqu'au cerveau. Arrivée au cerveau, cette drogue vient agir directement sur les récepteurs de la récompense. Ces récepteurs, lorsqu'ils sont stimulés, libèrent de la dopamine, la molécule du plaisir. C'est pourquoi elle a le pouvoir de déclencher des sensations de plaisir et incite le fumeur à allumer une nouvelle cigarette.

Le problème, c'est qu'une seule cigarette a le pouvoir de stimuler un très grand nombre de ces récepteurs en quelques secondes. A titre d'exemple, une cigarette dénicotinisée (qui ne contient "que" 0,05 mg de nicotine) suffit à mobiliser pas moins de 30% de ces récepteurs nicotiniques. Voici pourquoi les fumeurs deviennent rapidement dépendants !

En quoi ce vaccin serait-il différent ?


Normalement, un vaccin consiste à injecter un antigène (une souche inactive, ou une partie de l'agent pathogène) pour stimuler les défenses naturelles de l'organisme (le système immunitaire). La réaction immunitaire qui en découle consiste à générer la création d'anticorps et de "mettre en mémoire" l'antigène présenté afin que les défenses naturelles s'activent plus rapidement en cas d'une réelle contamination. On peut comparer un vaccin à un entraînement, en quelque sorte.

Toutefois, cette méthode de vaccination ne fonctionne pas avec la nicotine. Celle-ci est si petite que le système immunitaire a du mal à la voir, et peut donc difficilement réagir en produisant des anticorps. C'est pourquoi les chercheurs ont ici opté pour une approche différente.

Il s'agit d'une thérapie génique, consistant à prendre la séquence génétique d'un anticorps, et de l'introduire dans un virus inoffensif (appelé le "vecteur de thérapie génique"). Il suffit ensuite d'injecter ce vecteur dans l'organisme pour qu'il se fixe dans le foie. En détectant ce virus, le foie va durablement produire des anticorps, qui vont circuler dans le sang, se lier à la nicotine et l'empêcher d'atteindre les récepteurs du cerveau.

Sommes-nous sûrs de son efficacité ?


Pour le moment, les premiers tests ont été réalisés sur des souris et ont été concluants: le vaccin a réduit les niveaux de nicotine allant jusqu'au cerveau de 85% après une seule injection, avec une efficacité durant 18 semaines. Des tests complémentaires sont toutefois encore à mener sur des rats puis sur des primates.

Il n'est pas encore possible de certifier que ce procédé serait efficace chez l'homme. En effet, ce vaccin est efficace de par ses propriétés "physiques", mais certains hommes souffrent d'une dépendance à la nicotine due à des raisons psychologiques, cas dans lesquels ce vaccin serait évidemment inutile.

Si ce vaccin s'avère fonctionner pour l'homme, il n'aurait pas pour objectif d'immuniser un malade pendant des décennies, mais plutôt de le protéger lorsqu'il essaie d'arrêter de fumer, particulièrement dans la phase critique où les rechutes sont nombreuses. Rappelons que 72 à 75% des hommes essayant d'arrêter de fumer rechutent dans l'année.

Auteur de l'article: Cédric DEPOND
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