Partager la vie d'un centenaire est bon pour... la longévité

Publié par Adrien le 03/10/2014 à 12:00
Source: Martin LaSalle - Université de Montréal
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Le nombre de centenaires est passé de 1597 en 2003 à 5368 en 2011 au Canada. (Photo: Thinkstock)
Les familles dont l'un des membres devient centenaire bénéficient d'un avantage collatéral sur le plan de la longévité: tant son conjoint que ses frères et soeurs vivent environ quatre ans de plus, en moyenne, que leurs contemporains nés la même année.

Plus spécifiquement, les frères et soeurs de centenaires, qui partagent la moitié de leur bagage génétique en plus de l'environnement familial, vivent de trois à quatre années de plus que leur cohorte de naissance.

Et cet avantage de survie profite aussi aux conjoints, révélant ainsi qu'une part importante de la longévité est attribuable au partage d'un même environnement à l'âge adulte.

C'est ce dont traitera Valérie Jarry, doctorante au Département de démographie de l'Université de Montréal, à un colloque sur les liens entre la santé et le social chez les aînés, présenté le 3 octobre à l'UdeM à l'occasion des 27e Entretiens Jacques-Cartier. Les professeurs Robert Bourbeau et Alain Gagnon, qui dirigent les travaux de Mme Jarry, prendront part à la présentation.

Un avantage de quatre ans, en moyenne

Par l'entremise de l'état civil du Québec et des recensements canadiens de 1901 et 1911, Mme Jarry et ses directeurs de thèse ont analysé l'espérance de vie de 806 centenaires nés au Québec entre 1890 et 1900 (dont 90 % sont des femmes), ainsi que celle de leurs 2954 frères et soeurs et de 390 personnes qui furent leurs conjoints. Cet échantillon a été comparé avec un groupe témoin de 3784 personnes nées à la même époque.

La doctorante a observé que, après avoir franchi l'âge de 40 ans, les frères de ces centenaires ont vécu jusqu'à l'âge de 75,4 ans, comparativement à 71,8 ans chez les hommes nés la même année. Les soeurs des centenaires ont vécu 79,3 ans, contre 75,4 ans chez les autres femmes de leur cohorte. Ainsi, les membres de la fratrie d'un centenaire vivaient, en moyenne, près de quatre ans de plus que la population en général.

Cet écart de longévité est le même chez les hommes s'étant mariés avec une femme qui allait devenir centenaire, ceux-ci ayant vécu 75,7 ans en moyenne. Chez les conjointes, qui vivaient en moyenne 77,9 ans, cette différence est de 2,5 ans (cette donnée devant être interprétée avec précaution en raison du nombre restreint d'hommes centenaires que comporte l'étude).

Les données soulignent aussi que les soeurs d'une personne centenaire ont 2,5 fois plus de chances de vivre jusqu'à 100 ans. Les frères d'un centenaire, eux, sont deux fois plus susceptibles de fêter leur 90e anniversaire.

Pas que la génétique

L'avantage de survie des conjoints de centenaires, noté par Valérie Jarry et les professeurs Bourbeau et Gagnon, indique que, si la longévité recèle une composante très forte liée à la famille, elle n'est pas uniquement attribuable à la génétique.

"L'environnement dans lequel vivent les proches des centenaires - fratrie ou conjoints - semble avoir une influence marquée, mentionne-t-elle. Mais on constate aussi que le facteur génétique joue un rôle plus grand passé l'âge de 75 ans."

Ainsi, si les conjoints vont au-delà de l'espérance de vie de leur cohorte, les frères et soeurs vivent encore plus longtemps qu'eux une fois passé le cap de 75 ans. "Il est possible que cet avantage découle en partie de la génétique, mais aussi des rapports sociaux, puisque frères et soeurs ont tendance à se rapprocher avec l'âge", ajoute Alain Gagnon, qui est également directeur du Département de démographie de l'UdeM.

Selon lui, il faut retenir qu'il semble important, pour les personnes âgées, de demeurer le plus longtemps possible dans leur milieu de vie entourées des leurs, du point de vue de la santé publique.

Valérie Jarry y voit une piste additionnelle de recherche. "Puisque la fratrie a connu les mêmes conditions de vie en bas âge que le centenaire, il sera intéressant de chercher à savoir comment on peut améliorer la longévité des enfants qui ont de moins bonnes conditions de vie", avance-t-elle.
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