Les plaquettes mises en échec

Publié par Isabelle,
Source: Jean Hamann - Université LavalAutres langues:
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Les plaquettes, qu'on voit ici entourant des globules rouges, synthétisent plus de 1000 protéines qui interviennent dans des mécanismes indispensables au bon fonctionnement et à la guérison du corps.
Photo: Copyright Dennis Kunkel Microscopy
Des chercheurs démontrent qu'une technique utilisée pour détruire les pathogènes dans des échantillons de sang a des répercussions néfastes sur les plaquettes.

Une technique employée pour empêcher la multiplication des microorganismes dans les produits sanguins destinés aux transfusions aurait des effets négatifs importants sur les plaquettes sanguines. En effet, cette technique interférerait avec le fonctionnement normal des plaquettes, ce qui expliquerait pourquoi des problèmes pulmonaires et des saignements surviennent chez certains patients qui reçoivent des plaquettes ainsi traitées.

C'est ce qu'a démontré Patrick Provost, professeur à la Faculté de médecine et membre du Centre de recherche du CHUQ, lors d'un symposium international sur les produits sanguins qui avait lieu la semaine dernière à Mainz en Allemagne.

La technique en question vise à réduire la transmission de bactéries, virus, champignons ou parasites entre donneurs et receveurs de sang. Elle repose sur l'ajout de molécules qui se fixent aux acides nucléiques des microorganismes et qui les brisent à la suite d'une exposition aux rayons ultraviolets. "Ce traitement du sang a été autorisé dans certains pays européens et les pharmaceutiques tentent maintenant d'obtenir des autorisations partout dans le monde, notamment au Canada et aux États-Unis", souligne Patrick Provost. En Europe, le chiffre d'affaires généré par cette technique devrait dépasser 500 millions d'euros l'an prochain.

Activités perturbées


Même si les plaquettes sont dépourvues de noyau et d'ADN, elles renferment jusqu'à 32 % du génome humain sous forme d'ARN messagers. Cela leur permet de synthétiser plus de 1000 protéines qui interviennent dans des mécanismes indispensables au bon fonctionnement et à la guérison du corps. La traduction des ARN messagers en protéines est modulée par les microARN, de petites molécules qui se fixent aux ARN messagers qui leur sont complémentaires.

En 2009, Patrick Provost et son équipe ont démontré que les plaquettes sanguines humaines renferment en abondance plusieurs types de microARN. Les travaux que le professeur et son collègue allemand Walter Hitzler ont présentés au symposium de Mainz montrent que l'activité de ces microARN est perturbée dans les échantillons de sang soumis à la procédure de réduction des microorganismes pathogènes.

À la lumière de ces résultats, Patrick Provost croit que les pharmaceutiques devraient mieux documenter les effets délétères de leurs produits afin d'en améliorer l'innocuité plutôt que de tenter d'en justifier l'application. "Nous constatons que les considérations d'affaires semblent l'emporter sur celles qui touchent la santé des patients", déplore-t-il.

Considérant les risques associés aux approches qui misent sur l'inactivation des acides nucléiques, le chercheur estime qu'il vaudrait mieux concentrer les efforts d'assainissement des produits sanguins vers la détection des microorganismes infectieux et vers le développement de stratégies qui les ciblent de façon précise.
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