Personne n'a encore pu expliquer pourquoi, mais plusieurs études ont suggéré une baisse du taux de naissances de garçons dans les 3 à 5 mois suivant un événement sociologiquement anxiogène. Il semble qu'il faudra ajouter la pandémie à la liste.
Des études passées l'ont suggéré, entre autres à New York
après les attentats du 11 septembre 2001, en
Grande-Bretagne après la mort de la princesse Diana et en Norvège
après la tuerie de 2011. C'est ce qui a amené la psychologue Margaret Ryan, du
Collège Trinity à Dublin, à se pencher sur la
pandémie. Dans une
étude pré-publiée -donc qui n'a pas été révisée par les pairs- elle et ses collègues de trois
pays écrivent qu'en mars 2020, en
Angleterre et au pays de Galles, on observe une "baisse significative du ratio" de garçons à la naissance, de 1054 pour 1000 filles (ce qui était la
moyenne entre 2012 et 2020) à 1040 pour 1000. C'était le plus faible ratio pour un
mois de juin de cette période.
En décembre 2020, neuf mois après le moment où la COVID-19 était officiellement devenue pandémie, le ratio était revenu à la normale -quoique décembre 2020 a aussi connu le plus petit nombre de naissances de n'importe quel mois de la période 2012-2020.
Il faut noter que, si on ignore la raison de cette baisse, on ignore aussi pourquoi le
ratio de garçons est
traditionnellement un peu plus élevé. Au fil des années, les biologistes
ont souvent évoqué le fait que les garçons sont plus nombreux à mourir jeunes, de sorte que ce "
surplus" compenserait. Mais
s'il existe un mécanisme biologique, il n'a pas été identifié. Pas plus que ne l'est l'hypothétique mécanisme qui expliquerait qu'un
stress se traduise
par moins de garçons.
Une des pistes, autant pour le "surplus" que pour le "déficit" en période anxiogène, est un mécanisme inconscient qui, chez la femme, pousserait à une fausse couche lorsqu'un futur bébé aurait moins de chances de survivre dans son futur
environnement. Comme les garçons sont souvent
plus frêles que les filles à la naissance, ce mécanisme les désavantagerait donc. Mais l'idée demeure purement spéculative, faute de preuves menant vers ce mécanisme -et ce n'est pas faute
de l'avoir cherché.