Quand les femelles imitent les mâles

Publié par Adrien,
Source: Jean Hamann - Université LavalAutres langues:
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Certaines femelles adoptent les mêmes patrons de couleur et les mêmes comportements agressifs que ces deux mâles.
Chez une espèce de poisson africain, certaines femelles imitent les mâles dominants lorsque ceux-ci sont absents.

Quand les mâles dominants n'y sont pas... des femelles prennent leur place. C'est ce que démontrent des biologistes qui ont étudié en laboratoire ce qui survient dans une population de cichlidés africains lorsqu'on retire tous les mâles pour laisser le champ libre aux femelles.

Astatotilapia burtoni, une espèce cousine du tilapia, est considérée comme un modèle pour l'étude des facteurs responsables de l'agressivité en raison des caractéristiques des mâles dominants. Leur coloration change selon leur niveau d'agressivité - leur gris naturel vire au bleu ou au jaune lorsqu'ils défendent un territoire -, leur taux d'hormones androgènes est plus élevé que chez les subordonnés et ils sont plus actifs sur le plan de la reproduction. De leur côté, les mâles subordonnés ressemblent aux femelles, n'ont pas de territoire et ne se reproduisent pas. La présence des mâles dominants les inhibe au point où leurs gonades s'atrophient.

En conditions normales, les femelles se comportent comme les mâles subordonnés. Mais que se passe-t-il lorsque tous les mâles sont retirés du bassin expérimental? Certaines femelles adoptent des comportements typiques des mâles dominants, incluant la défense agressive d'un territoire et les changements de coloration, rapportent la professeure Nadia Aubin-Horth, du Département de biologie de l'Université Laval, et ses collègues américains Renn, Fraser, Trainor et Hofmann, dans un récent numéro de Hormones and Behavior.

Chez ces femelles, le taux d'androgènes est plus élevé que celui des subordonnées de leur groupe et plus élevé que celui des femelles des populations mixtes. Toutefois, contrairement à ce qui est observé chez les mâles, la dominance ne serait pas liée à leur maturité sexuelle ou à leur développement physique.

"Ces résultats nous ont étonnés, reconnaît la professeure Aubin-Horth. Normalement, les femelles n'affichent pas de comportement territorial. Nous ne savons pas si ce genre de comportement se produit en nature, mais la plasticité génétique qui le permettrait est présente."

Selon la chercheuse, la capacité de devenir territoriales ferait de ces femelles de meilleures mères puisqu'elles protégeraient mieux leur progéniture. Rappelons que, chez cette espèce, la femelle met ses petits à l'abri des prédateurs en les hébergeant temporairement dans sa gueule.
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