Selon un article paru dans Science, les perspectives de survie des récifs coralliens sont faibles, notamment si le changement climatique induit par l'Homme continue de les dégrader. Ove Hoegh-Guldberg de l'Université du Queensland à St. Lucia en Australie et une équipe internationale de scientifiques donnent trois scénarios pour décrire le sort des fragiles coraux constructeurs de récifs.
Ces derniers sont désormais exposés à de nouvelles conditions provoquées par l'élévation du taux atmosphérique de gaz carbonique et à la conséquente acidification des océans qui ralentit la calcification des coraux. L'augmentation de la menace sur les coraux pèse aussi sur la biodiversité marine et les moyens de subsistance humaine qui lui sont associés.
Une partie de la Grande Barrière de Corail
Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé les fourchettes de chiffres les plus basses fournies par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui suggèrent que les teneurs en dioxyde de carbone pourraient dépasser 500 parties par million (ppm) et que la température globale pourrait augmenter de 2°C d'ici à la fin du siècle.
Dans le scénario A, si les teneurs en gaz carbonique se stabilisent à 380 ppm et la température ne s'élève que de 1°C, les récifs coralliens pourraient continuer à se développer sur le mode actuel et fixer le carbonate dans la plupart des endroits.
Dans le scénario B, les teneurs en gaz carbonique arrivent à 450-500 ppm et les températures augmentent de 2°C, ce qui cause un changement majeur dans la biodiversité. Les coraux les plus tolérants à la chaleur et à croissance rapide prennent le dessus et la complexité des habitats décline avec la disparition de poissons et d'invertébrés typiques des récifs coralliens.
Dans le pire des scénarios où la teneur en gaz carbonique atmosphérique dépasse les 500 ppm et la température s'accroît de plus de 3°C, les chercheurs prédisent un effondrement des récifs, où ne subsisteront que certains coraux calcaires, et la disparition de la moitié de la faune environ. Dans cet environnement, les microalgues pourraient prédominer et les efflorescences de phytoplancton augmenteraient avec l'érosion de la qualité de l'eau.
La vitesse d'apparition de ces situations dépendra du taux d'émission du gaz carbonique, expliquent les chercheurs. Le défi posé à l'existence future des coraux peut aussi susciter des inquiétudes pour les domaines du tourisme, de la pêche et de la protection des côtes. Pour garder l'attention fixée sur le maintien de coraux en bonne santé, 2008 a été désignée Année internationale des récifs coralliens.