Les astronomes discutent âprement à propos de la définition correcte d'une "planète", certains proposant même que le mot soit complètement abandonné en faveur de termes plus particuliers basés sur la localisation des objets. On s'attend à ce que deux propositions en concurrence soient formulées par un groupe de travail en cette fin de semaine, mais les astronomes préviennent que la discussion pourrait traîner indéfiniment.
Sedna (vue d'artiste)
L'Union Astronomique Internationale (IAU), qui a la responsabilité de régler de tels problèmes, avait rassemblé un groupe de travail spécial pour proposer une nouvelle définition il y a environ 18 mois, lorsqu'un nouveau grand corps appelé Sedna avait été découvert dans le Système Solaire externe.
"L'espoir était alors que nous parviendrions à un certain accord avant qu'une autre découverte spectaculaire ne se produise", remarque le président du groupe de travail, Iwan Williams de l'Université de Londres. "Mais c'est alors que 2003 UB313 est apparu". (voir notre news). Ce grand corps a été découvert en juillet 2005 dans l'anneau de corps rocheux au delà de Neptune appelé la ceinture de Kuiper. Il a été surnommé la "dixième planète" par ses découvreurs parce qu'il est plus grand que Pluton, relançant le débat sur ce qui definit précisement une planète.
On tourne en rond !
Mais les 19 membres du groupe de travail n'ont pas pu arriver à un consensus. La discussion "est juste devenue un cercle vicieux", indique Alan Stern, un membre du groupe, astronome à l'Institut de Recherche à Boulder, dans le Colorado.
Une des deux propositions à soumettre cette semaine est simplement basée sur la taille de l'objet, une définition qui a les faveurs de Stern. Cela augmenterait le nombre de planètes dans le Système Solaire, et Pluton ne serait donc qu'un de ces objets connus de la ceinture de Kuiper, tous de taille à peu près identique et pouvant être qualifié de planète. Mais une partie de l'équipe remarque que choisir un critère de taille pour la définition est arbitraire. "Il n'y a aucune signification scientifique à prétendre qu'il y a neuf planètes", indique Brian Marsden, de Cambridge au Massachusetts.
La deuxième proposition diminuerait le nombre de planètes dans le système solaire en rétrogradant Pluton. La définition associée indique qu'une planète est le corps dominant dans son voisinage immédiat, un titre qui serait basé sur sa taille relative à ses voisins et à la dynamique de son orbite. Les objets de la ceinture d'astéroïdes au delà de Mars, par exemple, ne seraient pas des planètes parce bon nombre d'entre eux se trouvent dans la même région. Pluton ne compterait pas plus puisqu'il croise l'orbite de son voisin Neptune beaucoup plus massif.
L'échappatoire
Mais une troisième proposition a été suggérée qui conserve le terme de "planète", une option que Williams appelle une échappatoire. La méthode serait d'employer des adjectifs qualificatifs pour définir des sous-classes de planètes basées sur des caractéristiques comme l'emplacement, la composition ou la culture. Dans ce schéma, la Terre pourrait être "une planète terrestre" et Pluton "une planète historique".
Marsden est en faveur de cette idée, expliquant "qu'elle permettrait d'instruire un public qui pense que Pluton est une corps plus ou moins spécial". Mais Stern y est farouchement opposé: "Notre charte doit définir une planète, pas des sous-groupes", dit-il. "Soit nous faisons notre travail, soit nous passons à coté".
"Si le groupe de travail ratifie finalement un rapport stipulant qu'il n'existe rien qui soit une planète, l'IAU sera la risée du monde entier" ajoute-t-il. "Chacun se demandera comment des savants aux crânes bombés sont incapables de dire si un objet est une planète alors que le commun des mortels est susceptible de le faire".
Le groupe de travail pourrait se prononcer sur les propositions d'ici deux semaines. Mais Williams indique: "nous pourrions tout aussi bien juste décider de tout recommencer à zéro plutôt que de poursuivre sur les deux propositions".