Et si nos souvenirs ne reposaient pas uniquement sur les neurones ? Une récente étude explore l'hypothèse surprenante que les astrocytes - des cellules cérébrales en forme d'étoile - joueraient un rôle bien plus important qu'on ne le pensait dans la mémoire.
Pour comprendre cette découverte, rappelons quelques bases. Notre cerveau contient environ 86 milliards de neurones, ces cellules qui communiquent entre elles via des signaux électriques. Leurs points de connexion s'appellent les synapses. Jusqu'ici, les scientifiques pensaient que la mémoire se formait essentiellement grâce à ces échanges entre neurones. Mais les astrocytes, longtemps considérés comme de simples "cellules de soutien", pourraient en réalité participer activement à ce processus.
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Une nouvelle piste pour comprendre la mémoire
Les astrocytes représentent près de la moitié des cellules du cerveau. Leur rôle connu incluait surtout le nettoyage des déchets et l'apport de nutriments aux neurones. Mais des observations récentes montrent qu'ils communiquent aussi, non pas par impulsions électriques comme les neurones, mais via des vagues de calcium qui se propagent dans leurs multiples prolongements.
Ces signaux calciques semblent synchronisés avec l'activité des neurones voisins. Plus étonnant encore: quand on perturbe les connexions entre astrocytes et neurones dans l'hippocampe (une zone clé pour la mémoire), les souvenirs semblent affectés. C'est en tout cas ce que révèlent de premières expériences menées sur des rongeurs. Cela suggère que ces cellules ne seraient pas de simples spectatrices, mais de véritables partenaires des neurones.
Les chercheurs ont créé un modèle mathématique intégrant cette hypothèse. Leur simulation montre qu'en tenant compte des astrocytes, la capacité de stockage du cerveau pourrait être bien plus grande que supposée jusqu'à maintenant. Une piste prometteuse, mais qui demande encore à être confirmée par des expériences concrètes.
Ce que cela pourrait changer
Si cette théorie se vérifie, elle bouleverserait notre compréhension du cerveau. D'abord, cela signifierait que la mémoire ne repose pas uniquement sur les connexions entre neurones, mais aussi sur un dialogue avec les astrocytes. Ces cellules agiraient comme des "modulateurs", ajustant finement l'activité des synapses.
En médecine, cela ouvrirait de nouvelles pistes pour comprendre et traiter les troubles de la mémoire. En intelligence artificielle, cela pourrait inspirer des systèmes plus performants, s'inspirant de cette collaboration entre différents types de cellules.
Pour l'instant, tout cela n'est encore qu'à l'état d'hypothèse. D'autres recherches sont nécessaires pour vérifier si le cerveau fonctionne réellement ainsi. Une chose est sûre: ces humbles cellules en forme d'étoile n'ont pas fini de nous étonner.