Rétro 19-20ème siècle: Naturalistes et précurseurs

Publié par Isabelle,
Source: Yvon Larose - Université LavalAutres langues:
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L'abbé Léon Provancher a notamment écrit La petite faune entomologique du Canada. Il a également fondé, en 1868, Le naturaliste canadien, la première revue francophone consacrée aux sciences naturelles au Québec.
Photo: Archives du Séminaire de Chicoutimi
Au Québec, entre 1850 et 1920, des dizaines d'autodidactes et de professionnels des sciences ont fait avancer les connaissances scientifiques en botanique, en entomologie et en géologie.

Ils s'appelaient Louis-Ovide Brunet, John William Dawson et Léon Provancher. Tous trois figurent parmi les naturalistes québécois les plus connus et les plus actifs durant la seconde moitié du 19e siècle. Le premier, un botaniste, a constitué un herbier de 10 000 spécimens. Le deuxième, un géologue, publia pas moins de 350 textes scientifiques, dont 200 sur les plantes et graines fossiles. Et le troisième, un entomologiste, a constitué trois grandes collections d'insectes dont la dernière, comprenant 3 290 espèces, a été remise à l'Université Laval en 2010.

"On trouve, durant cette période, les prémisses du développement d'un milieu scientifique, celui des sciences naturelles au Québec, explique Mélanie Desmeules. Ce milieu n'a vraiment pris son envol qu'en 1920 avec la fondation de la Faculté des sciences de l'Université de Montréal, avec son représentant le plus en vue: le frère Marie-Victorin."

Mélanie Desmeules vient de consacrer une thèse de doctorat en histoire sur la période allant de 1850 à 1920, une époque charnière qui n'avait pas encore été documentée sous l'angle des sciences naturelles. Sa recherche lui a permis de trouver quelque 150 naturalistes. "Parmi eux, indique-t-elle, j'en ai sélectionné 70 à partir de plusieurs critères, tels que la publication d'au moins deux textes scientifiques, la constitution d'au moins une collection de référence et l'appartenance à au moins une société savante." Ces derniers étaient des autodidactes et des professionnels des sciences issus principalement du milieu de l'enseignement et du milieu ecclésiastique (près de 40 %), des professions libérales (20 %) et des milieux scientifiques (17 %).

Des pratiques identiques


Les naturalistes québécois de cette époque appliquaient les mêmes règles précises que les scientifiques d'autres pays dans leurs activités de récolte, de conservation et d'identification des spécimens, qu'il s'agisse d'une plante, d'un insecte ou d'une roche. Le spécimen devait être parfaitement conservé et accompagné de notes de terrain pertinentes. Les collections se constituaient selon un ordre taxinomique précis. "Nos naturalistes suivaient les mêmes pratiques qu'en Europe ou aux États-Unis, sans quoi ils n'auraient pas pu publier de textes scientifiques ni n'auraient pu être reconnus par leurs pairs à l'étranger", souligne Mélanie Desmeules. Pour identifier un spécimen, on recourait à la documentation spécialisée la plus récente. "Lorsque ce n'était pas possible, ou que l'on doutait d'un spécimen, les naturalistes québécois écrivaient à un spécialiste ou lui envoyaient le spécimen par la poste. Léon Provancher a grandement eu recours à la correspondance pour ses recherches en entomologie."

Un certain nombre des naturalistes du passé se sont joints à des réseaux scientifiques provinciaux, nationaux ou internationaux. Ces réseaux permettaient à leurs résultats de recherche, une fois validés, d'avoir un certain écho dans le milieu scientifique. Ils favorisaient également l'adhésion à des sociétés savantes. John William Dawson était notamment membre de la Société géologique de Londres. "Il reste que la plupart des liens avec l'étranger étaient de courte durée et de peu d'effet", soutient Mélanie Desmeules.

À cette époque, on connaissait peu les espèces vivantes et les formations géologiques du territoire québécois. Il fallait aussi faire progresser les connaissances pouvant servir à l'agriculture ou bien à l'industrie dans un contexte de développement économique axé sur les ressources naturelles. Par exemple, en identifiant les espèces susceptibles d'être utiles ou nuisibles.
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