Le "sexome", notre microbiome intime, équivalent de l'ADN dans les enquêtes criminelles 🕵️

Publié par Cédric,
Auteur de l'article: Cédric DEPOND
Source: iScience
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Les traces laissées par les relations sexuelles ne se limitent pas à l'ADN. Une étude révèle que chaque individu possède un microbiome génital unique, appelé "sexome", qui pourrait servir de preuve dans les enquêtes criminelles.

Dans les affaires d'agressions sexuelles, l'analyse de l'ADN spermatique est souvent utilisée. Cependant, cette méthode présente des limites, notamment lorsque le préservatif est utilisé ou en l'absence d'éjaculation. Une équipe de chercheurs australiens propose une alternative: l'étude du microbiome génital, ou "sexome". Publiée dans iScience, leur recherche montre que les bactéries génitales sont transférées entre partenaires lors d'un rapport sexuel, même avec un préservatif.

Le sexome, une signature microbienne unique

Chaque individu possède un microbiome génital distinct, une communauté de bactéries spécifiques qui colonise les parties intimes. Cette composition, appelée "sexome", varie d'une personne à l'autre, offrant une signature microbienne aussi unique qu'une empreinte digitale. Pour étudier ce phénomène, les chercheurs ont analysé les échantillons de 12 couples hétérosexuels avant et après un rapport sexuel.

Les résultats ont montré que les signatures microbiennes des partenaires étaient détectables l'une chez l'autre après un contact intime. Même après plusieurs jours, les traces de ces échanges bactériens restaient identifiables grâce à des techniques de séquençage génétique avancées. Cette découverte confirme que le sexome peut servir de marqueur biologique pour prouver un contact sexuel.

L'utilisation d'un préservatif réduit certes le transfert de bactéries, mais ne l'élimine pas complètement. Dans ces cas, la majorité des échanges se font de la femme vers l'homme, probablement en raison de la proximité des zones de contact et de la composition bactérienne spécifique du microbiome vaginal. Cette observation suggère que même avec un préservatif, des traces microbiennes pourraient être utilisées pour identifier un agresseur, offrant une alternative précieuse lorsque l'ADN spermatique fait défaut.

Des applications prometteuses en médecine légale

Le sexome pourrait devenir un outil précieux pour compléter les techniques actuelles d'analyse ADN, notamment dans les cas où les preuves traditionnelles, comme la présence de sperme, sont insuffisantes. Cette méthode repose sur l'analyse du microbiome génital, une empreinte microbienne unique à chaque individu. Les chercheurs soulignent que cette approche ne nécessite pas de prélèvements supplémentaires, ce qui minimise le traumatisme pour les victimes d'agressions sexuelles.

Cependant, plusieurs facteurs peuvent influencer la composition du microbiome génital, ce qui complique son utilisation en médecine légale. Par exemple, le cycle menstruel modifie la diversité et l'abondance des bactéries vaginales, ce qui peut affecter les résultats des analyses. D'autres éléments, comme l'hygiène personnelle ou l'utilisation de produits intimes, pourraient également altérer les traces microbiennes. Ces variables nécessitent des recherches approfondies pour affiner la technique et garantir sa fiabilité.

Les scientifiques envisagent d'étudier la persistance des traces microbiennes après un rapport sexuel, une donnée essentielle pour son application en contexte judiciaire. Ils cherchent également à déterminer combien de temps ces traces restent détectables et comment elles évoluent avec le temps. En parallèle, des études sur des échantillons plus larges et diversifiés, incluant des couples non hétérosexuels, sont prévues pour valider la robustesse de cette méthode.

Pour aller plus loin: Qu'est-ce que le microbiome génital ?

Le microbiome génital désigne l'ensemble des micro-organismes, principalement des bactéries, qui colonisent les parties intimes. Chez la femme, il est dominé par des bactéries du genre Lactobacillus, connues pour leur rôle protecteur. Ces bactéries maintiennent un environnement acide, ce qui aide à prévenir les infections. Chez l'homme, le microbiome génital est moins abondant mais plus diversifié, avec une variété de souches bactériennes spécifiques.

La composition du microbiome génital est influencée par de nombreux facteurs, tels que l'âge, l'hygiène personnelle, les pratiques sexuelles et même l'alimentation. Par exemple, une alimentation riche en probiotiques peut favoriser la présence de bactéries bénéfiques. En revanche, l'utilisation excessive de produits d'hygiène intime peut perturber cet équilibre, rendant l'individu plus vulnérable aux infections.

Le microbiome génital joue un rôle clé dans la santé reproductive et sexuelle. Chez la femme, il contribue à prévenir les infections urinaires et les maladies sexuellement transmissibles. Chez l'homme, il pourrait influencer la fertilité et la qualité du sperme. Des recherches récentes suggèrent également un lien entre un microbiome génital sain et une meilleure réponse immunitaire locale.

Enfin, le microbiome génital est unique à chaque individu, ce qui en fait une empreinte microbienne potentiellement utilisable en médecine légale. Cette singularité ouvre la voie à des applications innovantes, comme l'identification des agresseurs dans les cas d'agressions sexuelles, même en l'absence de preuves ADN traditionnelles.
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