Une équipe pluridisciplinaire a montré, dans une nouvelle étude, que les basaltes peuvent contenir beaucoup plus de CO
2 à haute pression que prévu par les modèles habituels. Les magmas basaltiques ne sont, à priori, pas présents à de très grandes profondeurs dans la
Terre actuelle. Cependant, ces résultats peuvent avoir des implications importantes pour l'
histoire de la Terre.
En effet, il se pourrait donc que la jeune Terre, lorsqu'elle était au stade océan de magma, ait contenu beaucoup plus de CO
2 qu'on ne le pensait. Cela signifierait que l'
atmosphère ancienne, qui s'est formée par dégazage de l'océan de magma, aurait été beaucoup plus riche en CO
2 que supposé jusqu'alors.
De plus, certains chercheurs pensent qu'il pourrait exister, à la limite du noyau, c'est-à-dire vers 2800-2900 km de profondeur, des poches de magma résiduelles de l'océan de magma primitif. Si c'est le cas, ce magma pourrait / aurait pu donc être très riche en CO
2 qui se serait ensuite dissout dans le noyau sous forme de
carbone. Cette hypothèse serait en accord avec la
densité du noyau. En effet, on sait que le noyau externe est composé à 80-85 % de
fer et à 5 % de
nickel. Toutefois, on ne connait pas la composition des 10-15 % restants. La seule certitude, étant
donnée la densité du noyau, est qu'il s'agit d'éléments légers comme le
soufre, l'
oxygène, le
silicium et le carbone.
Enfin, à plus faible profondeur, dans le manteau supérieur, la forte solubilité du CO
2 dans les magmas basaltiques pourrait modifier la vision de la genèse des carbonatites (calcaire fondu) ou des kimberlites (qui fournissent les diamants). Les mécanismes de dégazage au niveau des dorsales, où le
gaz majeur est le CO
2, pourraient aussi être revus. En conclusion, les
flux de CO
2 sortant de la Terre pourraient ainsi être supérieurs aux valeurs actuellement admises.
En savoir plus:
Raman spectroscopy to determine CO
2 solubility in mafic
silicate melts at high pressure: aplobasaltic, haploandesitic and approach of basaltic compositions - Chemical Geology.
Julien Amalberti, Philippe Sarda, Charles Le Losq, Nicolas Sator, Tahar Hammouda, Eva Chamorro-Pérez, Bertrand Guillot, Sylvie Le Floch, Daniel R. Neuville.
https://doi.org/10.1016/j.chemgeo.2021.120413