Mercredi 27 Février dernier s'est tenu au Sénat une audition de l'Administrateur de la NASA, le Dr. Michael Griffin, afin d'examiner les principales directions stratégiques de l'Agence illustrées par la requête budgétaire pour l'année 2009 et les difficultés auxquelles la NASA devra faire face dans les années à venir.
Les questions ont tout de suite porté sur la dépendance des Russes pour les vols habités post-2010, c'est-à-dire une fois que les navettes spatiales seront clouées au sol. M. Griffin a tout d'abord rappelé que le contrat passé avec les Russes prévoyant l'utilisation de Soyuz se terminait fin 2011. Etant donné qu'une loi datant de 2000 interdit l'achat de tout savoir-faire spatial russe tant que ceux-ci continuent à fournir des technologies nucléaires à l'Iran, la NASA aura besoin de l'accord du Congrès pour obtenir une exemption lui permettant de négocier un nouveau contrat avec Moscou. Le chairman Nelson a insisté sur l'urgence d'un dialogue entre Griffin et l'Administration – le Département d'Etat notamment – qui devra déboucher sur une requête officielle adressée au Congrès pour le 14 mars au plus tard.
L'Administrateur a dit tout faire pour accélérer ce processus. Sans cette exemption, aucun américain ne pourra rejoindre l'ISS après 2011 jusqu'à ce que les prochains systèmes Ares et Orion soient opérationnels à savoir au printemps 2015 d'après l'agenda prévu. Le sénateur de Louisiane David Vitter a quant à lui dénoncé une politique d'inaction – en évoquant le "gap" de 5 ans sans vols habités américains – qui pourrait être néfaste à la préservation des compétences de la force de travail de la NASA.
Devant la préoccupation des 2 sénateurs de Floride et de Louisiane sur ce point, M. Griffin a reconnu que la fin des opérations des navettes impliquerait la perte de plusieurs milliers d'emplois au Kennedy Space Center et au Michoud Assembly Facility (New Orleans). Le sénateur Vitter a ensuite insisté sur l'impact d'actions prises pour limiter le "gap" - comme l'accélération du développement de Constellation ou des COTS grâce à des budgets supplémentaires - actions qui pourraient permettre non seulement de réduire la longueur de la dépendance mais aussi de faciliter les négociations et de réaliser éventuellement des économies substantielles en limitant le prix du contrat passé avec les Russes.
Une autre question de Nelson a mis en relief l'absence de marges financières dédiées à d'éventuels évènements imprévus pour les opérations de navette et le développement de Constellation. M. Griffin a d'ailleurs reconnu cette absence de réserves budgétaires et a précisé qu'un évènement tel qu'un ouragan en Floride ou un autre Katrina entrainerait des nécessités de fonds supplémentaires demandés au Congrès ou des retards dans les programmes. Nelson a ensuite abordé la question du vol de la charge utilescientifiqueAlpha Magnetic Spectrometer (AMS) en essayant de voir comment intégrer cette charge utile dans les derniers vols de navettes planifiés. Griffin a promis qu'il étudierait de nouveau les différentes options bien que la situation lui semblait compliquée.