Des chercheurs de l'ULB et de l'UCL montrent par imagerie par résonance magnétique fonctionnelle les régions cérébrales actives pour reconnaître des visages et des voix, séparément et conjointement.
Les visages et les voix humaines sont deux attributs majeurs nous permettant d'identifier les personnes que nous connaissons. Si les mécanismes neuronaux permettant d'identifier ces visages et ces voix sont de mieux en mieux connus, en revanche, la manière dont le cerveau opère pour créer des représentations unifiées à partir de représentations visuelles et auditives distinctes reste à découvrir.
Cette capacité est fondamentale dans notre existence quotidienne, non seulement parce que nous l'utilisons quotidiennement dans toutes nos interactions sociales, mais aussi parce qu'un déficit de l'un ou l'autre aspect de ces processus d'identification entraîne des pathologies lourdes, comme la prosopagnosie (c'est-à-dire un déficit de reconnaissance des visages) ou la phonagnosie (l'incapacité à reconnaître les voix). On peut dès lors s'étonner de la relative méconnaissance de ces mécanismes associatifs, tant du point de vue fondamental au vu de leur importance écologique, que du point de vue pathologique puisqu'on ne peut espérer d'action thérapeutique efficace sans compréhension des processus à l'oeuvre à l'état normal.
Des chercheurs de l'UCL – Centre de Neuroscience Cognition et Système, Frédéric Joassin, Mauro Pesenti, Pierre Maurage, Emilie Verreckt et Raymond Bruyer – et de l'ULB – Laboratoire de psychologie médicale, alcoologie et toxicomanie, Salvatore Campanella - ont étudié cette question.
Un des postulats de base de leur recherche publiée en mars dans la revue Cortex est que la création de représentations multimodales des personnes est plus que la simple somme des activités cérébrales liées au traitement de chaque information. Pour mener leur recherche, ils se sont appuyés sur l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).
Dans cette étude d'IRMf, les chercheurs montrent que l'identification d'associations visages-voix entraine non seulement l'activation de régions uni-modales visuelles et auditives, liées au traitement des visages et des voix seuls, mais aussi de
régions hétéro-modales intégratrices, telles que le gyrus angulaire gauche et l'hippocampe.
Il semble donc que l'intégration cross-modale de visages et de voix en vue d'identifier les personnes familières requiert l'activation de régions cérébrales particulières. Une meilleure connaissance de ces phénomènes permet aux chercheurs d'avoir une meilleure représentation des processus cérébraux utilisés pour lier les informations visuelles et auditives au travers desquelles nous reconnaissons les personnes qui nous sont familières.