Lors de la conférence internationale "Extra-solar Super-Earths" qui a lieu à Nantes, du 16 au 18 Juin, une équipe d'astronomes européens a annoncé une avancée remarquable dans le domaine des planètes extrasolaires.
En utilisant l'instrument HARPS de l'Observatoire de l'ESO à La Silla, ils ont trouvé un système triple de super-Terres autour de l'étoile HD 40307. De plus, en regardant l'ensemble de leur échantillon étudié avec HARPS, les astronomes comptent un total de 45 planètes candidates d'une masse au-dessous de 30 masses terrestres et une période orbitale inférieure à 50 jours. Cela implique qu'une étoile similaire à notre Soleil sur trois pourrait abriter de telles planètes.
Vue d'artiste des trois exoplanètes autour de leur étoile
"Est-ce que chaque étoile abrite des planètes et, si oui, combien?" se demande le chasseur de planètes Michel Mayor de l'Observatoire de Genève. "Nous ne connaissons pas encore la réponse, mais nous faisons d'énormes progrès à son égard."
Depuis la découverte en 1995 d'une planète autour de l'étoile 51 Pegasi par Mayor et Didier Queloz, plus de 270 exoplanètes ont été trouvées, principalement autour d'étoiles similaires au Soleil. La plupart de ces planètes sont géantes, comme Jupiter ou Saturne, et les statistiques actuelles montrent que près de 1 étoile sur 14 abrite ce type de planètes.
"Avec l'avènement d'instruments beaucoup plus précis tels que le spectrographe HARPS sur le télescope de 3,6 mètres de l'ESO à La Silla, nous pouvons maintenant découvrir des planètes plus petites, avec des masses entre 2 et 10 fois la masse de la Terre", explique Stéphane Udry, un des collègues de Mayor. Ces planètes sont appelées super-Terres, car elles sont plus massives que la Terre, mais moins massives qu'Uranus et Neptune (environ 15 masses terrestres).
Le groupe d'astronomes a découvert un système de trois super-Terres autour d'une étoile plutôt ordinaire, qui est légèrement moins massive que notre Soleil, et est située à 42 années-lumière en direction des constellations australes de la Dorade et du Chevalet du Peintre.
Les planètes, de 4,2, 6,7 et 9,4 fois la masse de la Terre, orbitent autour de l'étoile avec des périodes de 4,3, 9,6 et 20,4 jours, respectivement.
"Les perturbations induites par les planètes sont vraiment minuscules - la masse de la plus petite des planètes est cent mille fois plus petite que celle de l'étoile - et seule la grande sensibilité de HARPS a permis de les détecter", explique le co-auteur François Bouchy , de l'Institut d'Astrophysique de Paris. En effet, chaque planète induit un mouvement de l'étoile de seulement quelques mètres par seconde.
Et d'autres encore...
A la même conférence, l'équipe d'astronomes a annoncé la découverte, grâce au spectrographe HARPS, de deux autres systèmes planétaires. Dans le premier, une super-Terre (7,5 masses terrestres) gravite atour de l'étoile HD 181433 en 9,5 jours. Cette étoile accueille également une planète comme Jupiter avec une période de près de 3 ans. Le second système contient une planète de 22 masses terrestres ayant une période de 4 jours et une planète comme Saturne avec aussi une période de 3 ans.
"Il est évident que ces planètes ne représentent que le sommet de l'iceberg", déclare Mayor. "L'analyse de toutes les étoiles étudiées avec HARPS montre qu'environ un tiers de toutes les étoiles similaires au Soleil ont des super-Terres ou des planètes comme Neptune en orbite avec des périodes plus courtes que 50 jours."
Une planète dans une orbite serrée à courte période est en effet plus facile à trouver que dans une large orbite à longue période.
"Il est fort probable qu'il existe de nombreuses autres planètes présentes: non seulement des super-Terres et des planètes comme Neptune avec des périodes plus longues, mais aussi des planètes comme la Terre que nous ne pouvons pas détecter pour le moment. Ajouter à cela les planètes comme Jupiter déjà connues, et vous pouvez arriver à la conclusion que les planètes sont omniprésentes," conclut Udry.
Deux documents de travail sur ces découvertes ont été soumis au journal Astronomy and Astrophysics.
L'équipe est composée de Michel Mayor, Stéphane Udry, Didier Queloz, Christophe Lovis, et Francesco Pepe (Geneva Observatory, Geneva University, Switzerland), François Bouchy (Institut d'Astrophysique de Paris, France), Willy Benz et Christophe Mordasini (Physikalisches Institut, Bern University, Switzerland), et Jean-Loup Bertaux (Service d'aéronomie du CNRS, Université de Versailles Saint-Quentin, France).