Après des années de recherche, un professeur de la faculté des Beaux-Arts de l'Université de Grenade est parvenu à attribuer a Raphaël Sanzio une peinture dénommée "Petite Madone de Foligno", arrivée à Cordoue dans les dernières décennies du XIXº siècle en provenance de France.
Le tableau reproduit une scène identique à "La Madone de Foligno", œuvre originale de Raphaël qui se trouve à la Pinacothèque Vaticane, pour laquelle elle aurait servi de prototype.
Un chercheur de l'Université de Grenade est parvenu à attribuer au grand Raphaël Sanzio, le célèbre peintre de la Renaissance, un tableau appartenant à un collectionneur privé de Cordoue. L'œuvre, dénommée "Petite Madone de Foligno", reproduit une scène identique à "La Madone de Foligno", œuvre originale de Raphaël qui se trouve à la Pinacothèque Vaticane, pour laquelle elle aurait servi de prototype.
Luis Rodrigo Rodríguez Simón, professeur à la faculté des Beaux-Arts de l'Université de Grenade, a identifié et attribué avec certitude l'oeuvre, dont l'auteur était inconnu jusqu'à cette date, après une étude minutieuse qui a duré des années.
Le chercheur de l'Université de Grenade, Luis Rodrigo Rodríguez Simón, face à des documents infrarouges de la "Petite Madone de Foligno".
Pour ce faire, il a réalisé sur la peinture une étude technico-scientifique basée sur l'application d'une série de techniques instrumentales avancées et de méthodes scientifiques d'analyse: rayons X, photographie infrarouge, fluorescence d'illumination ultraviolette, analyse stratigraphique, microscopie électronique de balayage couplée à un système de microanalyse par énergie dispersive de rayons X, chromatographie de gaz-spectrométrie de masses et spectroscopie micro Raman.
De même que l'originale de la Pinacothèque Vaticane (dont les dimensions sont 320 x 194 centimètres), cette "Petite Madone de Foligno" (93,5 x 66,5 cm.) présente une composition située dans un paysage, avec un plan supérieur céleste où apparaît la Vierge avec l'Enfant, et un autre terrestre où se trouvent Saint Jean-Baptiste, Saint François d'Assise, Saint Gérôme, Sigismond Conti, camerlingue du pape Jules II et commanditaire de l'œuvre, ainsi qu'un chérubin au centre de la composition
Changement de support
Le tableau est arrivé à Cordoue à la fin du XIXº siècle en provenance de France. D'après ce qu'à révélé l'étude stratigraphique, son support fut changé du bois originaire à la toile actuelle dans la seconde moitié du XIXº siècle, vu que l'on a détecté une préparation constituée de plusieurs couches de blanc de plomb disposées sur un ensemble de trois toiles qui correspondent aux systèmes de transposition de support effectués au XIXº siècle en France. Ce même changement s'est produit sur d'autres oeuvres de Raphaël, comme "L'extase de Sainte Cécile" (Pinacothèque Communale de Bologne) et "La Madone de Foligno" (Pinacothèque Vaticane).
Le chercheur de l'Université de Grenade a découvert deux fragments de papier cachés et adhérés au châssis qui confirment que le changement de support fut réalisé en France. Le premier est écrit en français à l'encre gallique et porte la date du 16 avril 1888. Sur l'autre apparaît un fragment de texte en lettre d'imprimerie qui correspond à une feuille du catalogue d'œuvres d'art publié pour leur vente par la maison d'enchères "Hôtel Drouot" de Paris, imprimé en 1872.
La signature de Raphaël
M. Rodríguez Simón a identifié par photographie infrarouge et réflectographie infrarouge le dessin subjacent exécuté par Raphael comme phase préalable à la réalisation de la peinture, outre une combinaison de techniques graphiques différentes dans le dessin intérieur. "Cette façon de travailler avec des instruments de dessin différents, de la craie au pinceau, se retrouve dans beaucoup d'œuvres de Raphaël Sanzio", signale le chercheur.
De plus, l'étude a révélé une correspondance directe entre le dessin subjacent de la tête de la Vierge qui apparaît sur cette peinture et un dessin sur papier du British Museum de Londres connu comme "Étude pour la tête de la Vierge", ce qui met en évidence que les deux furent réalisés par la même main de Raphaël.
Sur la "Petite Madone de Foligno" sont peintes deux lettres qui décorent le poignet de la tunique de la Vierge et reproduisent les lettres majuscules R et U, initiales du nom de Raffaello de Urbino. "Raphaël a peint une rubrique similaire dans la décoration qui fait partie du brocart qui orne le poignet de la tunique de la Vierge dans sa composition originaire de la Pinacothèque Vaticane", explique le professeur de l'Université de Grenade.
On a également découvert les premières lettres du nom de Raffaello ainsi que l'année 1507, incisées lorsque la peinture était fraîche sur la couleur chair de la main droite de la Vierge.
Les infrarouges ont également permis une autre découverte d'une énorme importance: l'existence de deux numérotations situées sur les côtés supérieur et droit et, de plus, de petites raies distribuées sur tout le périmètre de l'œuvre, équidistantes de 2,9 centimètres. "Ces graphismes justifient la réalisation d'un système de quadrillage utilisé pour la reproduction de cette composition à une échelle majeure, tel que le démontre le grand nombre de quadrillages et leur petit format", signale le chercheur de l'Université de Grenade.