Notre foie contrôle en partie notre horloge biologique centrale selon des scientifiques du CNRS et d'Université Paris Cité. Leur étude, à paraître le 17 mai 2023 dans la revue
Science Advances, a en effet montré qu'il était possible de décaler l'horloge biologique de
souris (Le terme souris est un nom vernaculaire ambigu qui peut désigner, pour les francophones, avant...) en introduisant dans leur foie des cellules hépatiques humaines.
Image Pixabay
L'horloge biologique, ou circadienne, permet aux organismes de régler leur activité en fonction du cycle journalier. Elle repose sur l'action d'une horloge centrale, représentée par un groupe de cellules cérébrales, le noyau suprachiasmatique, qui synchronise les horloges circadiennes de tous les organes, appelées horloges périphériques. Jusqu'à présent, la synchronisation du cycle circadien chez les mammifères était vue comme un mécanisme à sens unique, sous le
contrôle (Le mot contrôle peut avoir plusieurs sens. Il peut être employé comme synonyme d'examen, de...) exclusif des noyaux suprachiasmatiques vers les horloges périphériques.
Cependant, des scientifiques du CNRS, d'Université
Paris (Paris est une ville française, capitale de la France et le chef-lieu de la région...) Cité (La cité (latin civitas) est un mot désignant, dans l’Antiquité avant la...) et de l'Université de Queensland, dans le cadre d'un
projet (Un projet est un engagement irréversible de résultat incertain, non reproductible a...) collaboratif Européen, viennent de montrer que le foie exerce aussi une influence sur les horloges périphériques. En étudiant une lignée de souris chimériques dont le foie est composé d'hépatocytes humains, ils ont en effet observé que ces animaux habituellement nocturnes présentaient un décalage de deux
heures (L'heure est une unité de mesure :) dans leur cycle journalier.
Les souris s'activaient et commençaient à se nourrir deux heures avant la tombée de la nuit: elles étaient devenues en partie diurnes. Pour les chercheurs et chercheuses, ce décalage serait le résultat d'une prise de contrôle de l'horloge centrale de la souris par les cellules de foie humain présentes chez ce modèle animal chimérique. Elles seraient ainsi capables d'affecter les horloges périphériques des différents organes.
Le modèle de souris "humanisée" reçoit des cellules de foie provenant de souris normales (animaux contrôles) ou bien des cellules de foie humaines (souris humanisées). La présence de cellules de foie humaines conduit à une modification de l'horloge circadienne du foie, du muscle (Les muscles sont une forme contractile des tissus des animaux. Ils forment l'un des quatre types...) et affecte l'horloge centrale (le noyau suprachiasmatique, SCN) ce qui se traduit par une avance de phase (Le mot phase peut avoir plusieurs significations, il employé dans plusieurs domaines et...) "décalage des rythmes circadiens" chez l'animal humanisé qui voit son métabolisme (Le métabolisme est l'ensemble des transformations moléculaires et énergétiques...) et ses comportements avancés de quelques heures.
© Luquet et al./ Science Advances
Ces résultats suggèrent qu'une modification des rythmes du foie, par exemple lors de pathologies hépatiques telles que la cirrhose, pourrait affecter l'action de synchronisation de l'horloge centrale. Cela pourrait affecter à son tour l'
ensemble (En théorie des ensembles, un ensemble désigne intuitivement une collection...) de la
physiologie (La physiologie (du grec φύσις, phusis, la nature, et...) circadienne, y compris le cycle veille/sommeil, et contribuer notamment à l'apparition de pathologies métaboliques.
Cette découverte sous-tend également qu'une restauration des cycles perturbés du foie pourraient avoir des bénéfices sur tout l'organisme. Les mécanismes hormonaux ou nerveux de ce dialogue entre
cerveau (Le cerveau est le principal organe du système nerveux central des animaux. Le cerveau traite...), foie et horloge circadienne restent néanmoins à identifier.
Référence: Science Advances, 17 mai 2023.