Les commotions cérébrales frappent plus durement les femmes

Publié par Isabelle,
Source: Mathieu-Robert Sauvé - Université de MontréalAutres langues:
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Émilie Chamard connaît bien le monde du sport, étant elle-même une joueuse de soccer. Photo: James Hajjar.
Alors qu'une des étoiles mondiales du tennis professionnel, la Montréalaise Eugénie Bouchard, voit sa saison compromise par les effets d'une commotion cérébrale, des chercheurs de l'Université de Montréal publient dans le Journal of Neurotrauma les résultats d'une étude sur les effets des chocs à la tête chez les athlètes féminines. "Notre étude démontre que les athlètes féminines présentent un plus grand nombre de symptômes après une commotion cérébrale et nécessitent généralement une plus longue récupération que les athlètes masculins", résume Émilie Chamard, première signataire de l'article rédigé avec ses collègues du Centre de recherche en neuropsychologie et cognition (CERNEC), Geneviève Lefebvre, Maryse Lassonde et Hugo Theoret.

Dans cette recherche, huit athlètes asymptomatiques ont été comparées à 10 victimes de commotions cérébrales pratiquant le soccer, le hockey et le waterpolo six mois après leur commotion cérébrale. Les observations par imagerie à résonance magnétique ont démontré clairement des atteintes dans le corps calleux du cortex préfrontal chez les blessées. "On est encore loin de comprendre tous les détails du phénomène en cause mais on estime que les effets d'une commotion cérébrale pourraient nécessiter une plus grande période d'inactivité avant la reprise des activités physiques intenses chez les femmes que chez les hommes. De plus, la gravité des séquelles augmente s'il y en a eu à répétition", explique la neuropsychologue qui consacre son doctorat à cette question.

De multiples facteurs, notamment les muscles du cou, en général moins puissants que chez les hommes, expliqueraient que les femmes subiraient plus durement les effets des chocs à la tête.

Mal sportif du siècle


Dans l'article paru il y a quelques jours à peine, les auteurs notent que les commotions cérébrales touchent annuellement des millions d'athlètes à travers le monde. On reconnait aux plus graves d'entre elles des effets immédiats mais on tient en général pour acquis que les altérations des fonctions cérébrales sont temporaires. Des recherches récentes tendent à démontrer leurs effets à long terme, sinon permanents. Ceci suggère "que les effets des commotions pourraient être plus graves qu'on le pensait".

Pour apporter leur contribution à la science, les chercheurs ont recouru à des techniques d'imagerie médicale de pointe qui leur a permis d'observer des changements sensibles dans la structure cérébrale, particulièrement dans le corps calleux et le tract corticospinal, "deux zones particulièrement vulnérables aux altérations à long terme", comme ils l'écrivent dans l'article.

"Notre but était d'étudier les anomalies à long terme provoquées par les commotions cérébrales chez les athlètes féminines. Comparativement à leurs homologues masculins celles-ci semblent être plus à risque de subir une commotion cérébrale ; elles présentent un plus grand nombre de symptômes dans la phase aiguë et elles nécessitent généralement un temps de récupération plus long", peut-on lire.

Eugénie pourrait revenir


Mme Chamard ne veut pas se prononcer sur le cas précis d'Eugénie Bouchard, qu'elle n'a pas examiné, mais si la cause de ses étourdissements récents est un traumatisme crânien (elle a chuté dans le vestiaire des Internationaux de tennis des États-Unis, à Flushing Meadows, le 4 septembre dernier), cela pourrait signifier qu'elle a repris les activités un peu trop rapidement. Rappelons que la 25e raquette au monde a abandonné son match de premier tour au tournoi de Pékin en raison d'étourdissements. Elle a, depuis, annoncé son retrait du tournoi de Hong Kong. Selon le Réseau des sports, sa saison serait terminée.

Mme Chamard estime que la tenniswoman pourrait revenir au jeu et retrouver son aplomb, à condition de se donner un temps de récupération suffisant. "Elle est favorisée du fait qu'elle ne pratique pas un sport de contact. Ce type d'accident risque moins de se reproduire que si elle jouait au soccer, par exemple."
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