Dimanche dernier à 01h28 heure de Paris, la division Starsem d'Arianespace a lancé Galaxy-14, un satellite de télécommunications américain de 2 tonnes. Le décollage n'a pas eu lieu sur le site habituel de Kourou en Guyane, et n'a pas été effectué à l'aide d'un lanceur Ariane de l'ESA. Le satellite US a été propulsé par une fusée Soyouz (version Soyouz-Fregat) depuis le Centre spatial de Baïkonour au Kazakhstan, juste trois jours après qu'Arianespace eut placé sur orbite le satellite Thaicom-4 à l'aide d'une fusée Ariane-5 depuis Kourou (voir notre news).
Avec ses 6,2 tonnes, Thaicom-4 était le satellite commercial le plus lourd jamais construit. "Notre politique est d'offrir un vaste choix des possibilités de lancement ", a indiqué Jean-Yves Le Gall, directeur d'Arianespace et qui a supervisé les deux lancements.
Dans son combat pour rester au sommet du marché mondial des lancements de satellites, le groupe européen Arianespace s'est allié avec ses rivaux russes, dont les fusées et les sites de lancement sont complémentaires avec les siens. Arianespace a amplifié ses propres capacités de lancement en 1996 en créant Starsem, une compagnie euro-russe qui détient des droits exclusifs sur les opérations internationales des fusées Soyouz. Arianespace possède 15% de la société, le groupe EADS 35%, l'Agence spatiale fédérale russe Roscosmos 25% et le Centre spatial russe de Samara les 25% restants.
Infatigables lanceurs, les différents modèles de Soyouz ont déjà été mis à feu 1.669 fois, avec un taux de succès de 98% depuis le premier vol historique avec le satellite soviétique Spoutnik en 1957. "Soyouz est de plus en plus intégré dans la chaîne des lanceurs d'Arianespace", a précisé Le Gall. La série Ariane utilisée à Kourou comporte actuellement Ariane-5, utilisée pour des lancements de plus de trois tonnes, et Ariane-5 ECA, qui peut porter une charge utile de 10 tonnes, l'équivalent de deux grands satellites.
En 2008, Arianespace doit commencer à lancer des fusées Soyouz depuis sa base d'origine, qui est beaucoup plus près de l'équateur que Baïkonour et donc mieux située pour positionner des satellites en orbite géostationnaire. Cette disposition permettra à Arianespace d'offrir à ses clients une plus grande disponibilité que son concurrent principal, le Service des lancements internationaux des Etats-Unis, qui utilise la fusée Proton, un autre lanceur russe.
Le satellite Galaxy-14, lancé pour le compte de l'opérateur américain PanAmsat, "aurait du être lancé par une Ariane-5 mais pour des raisons de disponibilité, nous avons décidé d'utiliser un lanceur Soyouz", a expliqué Le Gall. Galaxy-15 est programmé pour un lancement en septembre à bord d'une fusée Ariane. À cette occasion il partagera le compartiment de charge utile avec Syracuse 3A, un satellite militaire français de télécommunication de 3,8 tonnes.
En tout, cinq lancements d'Ariane-5 sont programmés pour cette année depuis Kourou, dont deux ont déjà eu lieu, et trois lancements de Soyouz depuis Baïkonour. Le cinquième des lancements d'Ariane pourrait néanmoins être retardé jusqu'à début 2006. Vers la fin de l'année, Soyouz doit lancer la sonde Venus Expess de l'ESA ainsi qu'un modèle de démonstration du futur satellite de navigation européen Galileo.